L'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences (ALECSO) a annoncé, depuis Beyrouth, le lancement officiel de son Registre du patrimoine architectural et urbain dans les pays arabes, une initiative majeure visant à préserver et valoriser l'héritage architectural de la région, tout en renforçant la mémoire collective commune et en protégeant les composantes identitaires de la culture arabe. Dans ce cadre, le ministère tunisien des Affaires culturelles a annoncé le 2 août dernier l'inscription officielle de la Grande Mosquée Zitouna dans ce registre, à l'issue des travaux de la 10e réunion de l'Observatoire du patrimoine urbain relevant de l'ALECSO, qui s'est tenue à Beyrouth du 28 au 30 juillet 2025. Cette inscription est perçue comme une reconnaissance régionale de la valeur historique et architecturale de ce monument emblématique, et constitue un ajout symbolique au patrimoine culturel tunisien, témoignant de la richesse civilisationnelle que la Tunisie partage avec le monde arabe et islamique. Le dossier de candidature de la mosquée a été préparé par l'Institut national du patrimoine (INP), dans le cadre de ses efforts continus de préservation et de promotion du patrimoine tunisien à l'échelle arabe et internationale. Un registre à dimension créative, différent de l'UNESCO Dans un communiqué publié ce mardi, l'ALECSO précise que son registre se distingue des autres référentiels internationaux (comme ceux de l'UNESCO ou de l'ISESCO) par son focus sur la dimension créative de l'architecture arabe, mettant en lumière l'apport de l'architecte arabe – individuel ou collectif – dans la conception d'ouvrages emblématiques exprimant l'identité des villes. Une attention particulière est également portée aux médinas anciennes conservant leur caractère historique, ainsi qu'au patrimoine architectural contemporain reflétant l'évolution esthétique et cognitive du monde arabe. L'ALECSO souligne que la sélection des sites a été confiée à un comité scientifique composé d'experts arabes, selon des critères stricts et une méthodologie claire, incluant l'appartenance à la liste indicative nationale, la conformité aux exigences techniques, ainsi qu'un processus rigoureux d'évaluation à travers un formulaire normalisé. Un projet stratégique post-conflit Le registre s'inscrit dans le cadre du projet de l'Observatoire du patrimoine architectural et urbain dans les pays arabes, lancé le 4 octobre 2016 par l'ALECSO, en application des recommandations de la Conférence des ministres arabes de la culture (Manama, 2012). Il s'agit là de l'un des projets culturels les plus ambitieux de l'organisation, axé sur le soutien technique aux Etats arabes dans les domaines de la documentation, de la surveillance, de l'évaluation et de la reconstruction urbaine, notamment en période post-conflit. L'initiative vise à diagnostiquer l'état du patrimoine architectural dans le monde arabe, à le faire connaître, à prévenir sa disparition, à l'intégrer dans la dynamique économique et sociale, tout en renforçant les capacités locales, les lois et la planification participative. Une première sélection prestigieuse La première vague de sites inscrits dans le registre comprend les monuments et sites culturels suivants : * Mosquée Zitouna (Tunisie) * Vieille ville de Miliana (Algérie) * Médina de Fès (Maroc) * Village de Tounen à Ghadamès (Libye) * Site archéologique d'Azougui (Mauritanie) * Vieille ville de Jérusalem, vieille ville d'Hébron, Grande Mosquée Omari à Gaza (Palestine) * Ville d'Al-Khabra et Forteresse de Qishla (Arabie saoudite) * Tours du Koweït (Koweït) * Mosquée Al-Hamouda (Oman) * Tour Barzan et site archéologique de Murwab (Qatar) * Mosquée des Omeyyades de Damas (Syrie) * Maison de l'Union (Emirats arabes unis) * Centre Al-Jazira pour les arts et la céramique islamique (Egypte) * Sites historiques sur le Tigre (Irak) * Citernes historiques d'Aden (Yémen) Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!