Le Festival international de Carthage a consacré, dans la soirée du dimanche 17 août 2025, un hommage à la mémoire du regretté artiste Fadhel Jaziri, grande figure de la scène culturelle et artistique, à travers la projection de son film emblématique « Thalathoun » (Trente) au Théâtre antique de Carthage, en signe de fidélité à l'un des piliers de la création théâtrale, cinématographique et musicale en Tunisie et dans le monde arabe. Un film qui retrace une époque charnière Le film « Trente », écrit et réalisé par Fadhel Jaziri en collaboration avec l'écrivaine Aroussia Nalouti, est considéré par les critiques comme une œuvre artistique complète. Il met en lumière les mutations de la société tunisienne dans les années 1924–1935, à travers l'histoire de trois figures marquantes qui ont façonné la conscience nationale et sociale : * Tahar Haddad, penseur et militant pour les droits des femmes ; * Mohamed Ali El-Hami, son cousin, fondateur du premier syndicat tunisien et fervent défenseur des droits des travailleurs ; * Abou El-Kacem Chebbi, poète révolté devenu un symbole de liberté et de créativité. Le film, présenté pour la première fois en 2008, a réuni une pléiade d'acteurs tunisiens de renom, parmi lesquels Ali Jaziri, Jawher El-Basti, Nidhal Guesmi, Obeid El-Jemaïi, Ghanem Zrelli et Anissa Daoud. Le parcours d'un créateur hors pair Cette projection intervient quelques jours seulement après le décès de Fadhel Jaziri, survenu à l'aube du lundi 11 août 2025, à l'âge de 77 ans, au terme d'une carrière artistique riche de plus de cinq décennies de création et d'innovation ininterrompues. Né en 1948 à Tunis, Fadhel Jaziri a révélé très tôt sa passion pour le théâtre, dès la fin des années 1960, alors qu'il était étudiant au Collège Sadiki, où il rejoignit le Club de la jeunesse scolaire dédié au « quatrième art ». Il poursuivit ses études à Londres et à Paris, avant de revenir en Tunisie pour fonder en 1971 le Festival de la Médina au sein de l'Association de sauvegarde de la Médina de Tunis. L'année suivante, il participa à la création de la Troupe du Théâtre du Sud à Gafsa, contribuant ainsi à poser les bases de la décentralisation culturelle. En 1976, il fut également l'un des fondateurs du Théâtre Nouveau, aux côtés de Fadhel Jaibi, Mohamed Driss et Habib M'sarqi. Il y participa à des pièces devenues des jalons du théâtre tunisien, telles que « Al-'Ars » (Les Noces), « Al-Wouratha » (Les Héritiers), « Al-Tahqiq » (L'Enquête) et « Ghassalat Al-Nawader ». Un pionnier des arts de la scène et de la musique En 1990, il quitta le Théâtre Nouveau pour fonder la société Tunis Production, produisant et mettant en scène des œuvres théâtrales, cinématographiques et musicales d'un grand retentissement. Parmi ses pièces marquantes figurent « Sahib al-Himar » (Le maître de l'âne), « Al-Jaziya al-Hilaliya » et « Al-Awada ». Sur le plan musical, il révolutionna la scène avec des spectacles mythiques tels que « El-Nouba » et « El-Hadhra », qui redonnèrent au patrimoine populaire et soufi sa place dans le paysage culturel contemporain. Un cinéaste de renom international Au cinéma, il se distingua par un style visuel et artistique singulier, récompensé par plusieurs prix et présenté dans de prestigieux festivals, dont le Festival de Cannes. Alliant profondeur de la pensée et esthétique de la mise en scène, ses œuvres ont été saluées aussi bien sur le plan national qu'international. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!