La commission d'expulsion qui devait statuer mardi 7 février 2012 sur le sort de Mohammed Hammami, Imam tunisien visé par une demande d'expulsion du ministre de l'intérieur, Claude Guéant, se réunira finalement le 15 mai. Un délai dû à la demande déposée par l'Imam afin d'obtenir une aide juridictionnelle pour se présenter devant la commission. L'éventuel renvoi en Tunisie de cet Imam accusé par les pouvoirs publics d'avoir appelé à “fouetter à mort” les femmes adultères et d'avoir tenu des “propos violemment antisémites et discriminatoires” ne pourra donc pas intervenir durant la campagne présidentielle, ainsi que l'avait espéré le ministre de l'Intérieur, soucieux d'apparaître inflexible face au radicalisme musulman. Il pourrait en revanche obtenir la dissolution d'un groupuscule radical musulman, Forsane Alizza. M.Hammami, âgé de 76 ans est l'un des principaux responsables de l'association Foi et pratique, membre du mouvement ultra-orthodoxe du Tabligh. Il a participé, à ce titre à la création du Conseil français du culte musulman (CFCM), en 2003 et à de nombreuses rencontres officielles avec les pouvoirs publics, dont le président de la République. L'un de ses fils occupe encore des responsabilités au sein du CFCM. Le CFCM a pris acte de la demande d'expulsion, soulignant que les propos qui sont prêtés à cet Imam “sont en totale contradiction avec les engagements de la fédération Foi et pratique”, signataire des “principes et fondements juridiques régissant les rapports entre les pouvoirs publics et le culte musulman en France”, qui confirment l'attachement aux principes fondamentaux de la République. Le ministère de l'Intérieur observe des prises de paroles plus radicales de la part de certains imams, “depuis la victoire des islamistes lors des élections en Tunisie”. Les spécialistes de l'islam notent généralement une certaine prudence dans l'expression publique des religieux les plus radicaux. En dix ans, 34 Imams ont été expulsés de France. Guéant avait aussi annoncé fin janvier la dissolution du groupe radical musulman Forsane Alizza (cavaliers de la fierté). Le décret de dissolution pourrait être présenté au conseil des ministres de la semaine prochaine. Il s'agirait d'une première à l'encontre d'un mouvement islamique. L'association visée, “une centaine de personnes”, selon le ministère de l'intérieur, est notamment accusée de “former à la lutte armée”. Elle s'est illustrée par des manifestations contre la loi interdisant le port du voile intégral ou, plus récemment, en soutien aux intégristes catholiques protestant contre des pièces de théâtre jugées blasphématoires. Elle avait aussi tenté de perturber l'inauguration d'un nouveau lieu de culte prêté par la préfecture dans le 18ème arrondissement de Paris. Son principal responsable a été condamné pour avoir brûlé un code pénal.