Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, a annoncé vendredi soir sa démission du gouvernement de gestion des affaires courantes. En cause : la refus persistant de l'exécutif de La Haye d'imposer de nouvelles mesures contre Israël, malgré la guerre sanglante dans la bande de Gaza et l'accélération de la colonisation en Cisjordanie occupée. Dans une déclaration ferme, Veldkamp a affirmé : « J'ai ressenti une résistance au sein du Conseil des ministres. Je n'ai plus confiance dans ma capacité à travailler comme ministre des Affaires étrangères dans les semaines et mois à venir. » Une rupture morale et politique Le ministre avait exprimé dès jeudi son souhait de prendre des mesures supplémentaires contre Israël, quelques semaines après qu'Amsterdam eut déclaré les ministres israéliens d'extrême droite Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich « persona non grata » sur le territoire néerlandais. Les Pays-Bas figuraient également parmi les 21 pays signataires d'une déclaration internationale dénonçant la validation par Israël d'un grand projet de colonisation en Cisjordanie, jugé « inacceptable et contraire au droit international ». Malgré ces positions symboliques, Veldkamp estimait que son gouvernement refusait d'aller plus loin en adoptant des sanctions « réellement significatives ». Ses propositions ont été « discutées sérieusement », mais rejetées à plusieurs reprises au sein du cabinet. Ce blocage a conduit à une crise de conscience et à sa décision de quitter ses fonctions. Un gouvernement en décalage La démission du chef de la diplomatie illustre un paradoxe : alors que le pays se dit attaché aux principes du droit international et affiche publiquement son opposition à l'expansion coloniale israélienne, il refuse d'adopter des mesures concrètes pour y faire face. Ce décalage entre discours et action nourrit un sentiment d'hypocrisie politique, pointé par plusieurs observateurs, et met en lumière les contradictions d'un exécutif déjà fragilisé. Rappelons que le gouvernement néerlandais est en affaires courantes depuis le 3 juin dernier, et qu'il restera en place jusqu'à la formation d'une coalition issue des élections prévues en octobre – un processus qui pourrait durer plusieurs mois. Contexte international : Gaza au bord du gouffre Cette démission intervient alors que l'ONU a officiellement déclaré vendredi la famine à Gaza, la première dans l'histoire du Moyen-Orient. Plus de 500.000 personnes y vivent déjà dans des conditions de « faim catastrophique », selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC). L'organisation a directement mis en cause Israël, accusé d'entraver l'accès de l'aide humanitaire au territoire assiégé depuis 2023. Un geste politique rare Dans un paysage européen souvent marqué par la prudence diplomatique et le calcul politique, la décision de Caspar Veldkamp apparaît comme un geste de moralité et de cohérence. En choisissant de quitter ses fonctions plutôt que de cautionner l'inaction, il envoie un message fort : la défense des droits humains et du droit international ne peut se limiter à des déclarations de principe. À l'inverse, la position de son gouvernement met en lumière les ambiguïtés occidentales face à Israël : dénoncer la colonisation et la famine à Gaza tout en évitant d'adopter les sanctions susceptibles d'avoir un réel impact. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!