Depuis 2017 le président Emmanuel Macron prend les mêmes ingrédients et recommence, inlassablement, une mécanique infernale et un réflexe pavlovien qui ne donnent rien. Si ça donnait des résultats la France n'aurait pas cramé 6 Premiers ministres en 8 ans. Donc clairement ça ne va pas. Ça ne va pas parce que le chef de l'Etat s'obstine à marcher sur les mêmes sentiers, à faire la même politique, à s'appuyer sur les mêmes personnalités... Macron reprend les ingrédients de l'échec et recommence Edouard Phillipe, Jean Castex, Elisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier... Que des Premiers ministres sans allant, placides, sans aspérités et sans prétentions pour ne pas faire de l'ombre à leur patron, Macron. L'égo ça joue aussi dans ces choix. Seul François Bayrou sort un peu de ce lot ; mais justement lui il est entré par effraction, personne ne l'a invité. Il se dit qu'il a menacé Macron de faire couler le camp présidentiel s'il n'est pas installé à Matignon. La Macronisme n'avait pas besoin de Bayrou pour cheminer vers sa belle mort, même si le chef de l'Etat a horreur d'entendre ça, demandez au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Finalement Bayrou n'a tenu que 9 mois et il est parti en emmenant le peu de crédibilité qui restait à Macron. 64% de Français qui plaident pour la démission du président de la République (les derniers sondages) ça fait beaucoup, beaucoup trop. Difficile de trouver le sommeil avec ça. Macron savait qu'en autorisant Bayrou à convoquer le Parlement pour le vote de confiance il le précipitait dans la fosse aux lions, qu'il n'y survivrait pas. Il n'est pas impossible que le président l'ait fait aussi pour se venger du chantage du maire de Pau. En espérant au passage que la disparition du Premier ministre le plus impopulaire de l'histoire de la 5e République conjurerait la détestation de Macron par les Français. Que Nenni. La rapidité avec laquelle le palais de l'Elysée a dégainé Sébastien Lecornu pour remplacer Bayrou (dès le soir de sa démission alors qu'on l'attendait vers la fin de semaine) montre que les plans étaient calés depuis belle lurette. Le plus fidèle parmi les fidèles, le ministre de la Défense est le seul qui a été de tous les gouvernements depuis 2017. D'ailleurs son nom était cité pour remplacer Attal après le naufrage de la dissolution et des législatives... Macron et Lecornu en ont même discuté dans l'avion qui les ramenait de l'Arabie saoudite, le ministre aurait déconseillé au président de le nommer à Matignon parce qu'il est trop proche de lui, il lui ressemble trop – c'est son clone il voulait dire -, alors que les Français veulent du neuf, une tête nouvelle, un vrai changement quoi. Ce sera finalement Bayrou, 74 ans.. Et maintenant Lecornu. Il a fait très sobre, avec une passation qui a duré à peine 6 minutes et 36 secondes. Ce qu'on retenu c'est le mot «rupture», dans «la forme» mais aussi dans «le fond». Tiens, une nouvelle façon de faire de la politique, d'agir avec les opposants et tout le toutim ? Un vieux disque rayé, Barnier et Bayrou ont dit peu ou prou la même chose. Avec Lecornu ça ne fonctionnera pas plus parce que quoi qu'il fasse, quelles que soient ses qualités, on verra toujours le loup derrière lui : Macron. Un terrain miné par l'Elysée, le RN et la gauche ne pardonneront jamais C'est le président de la République le problème, on peut dire ce qu'on veut sur la France insoumise mais elle a le mérité de la constance. Tout le monde pense la même chose mais ne le dit pas, même si toutes les mini crises que provoque la classe politique poussent un peu plus Macron vers la sortie. Idem pour la crispation sociale, comme la mobilisation populaire de ce 10 septembre. «Rupture» a clamé Lecornu, Chiche! lui rétorque le président du Rassemblement national (RN) et eurodéputé Jordan Bardella. L'extrême droite ne censurera pas « a priori« , elle consent à « écouter le discours de politique générale » du nouvel occupant de Matignon... «Nous sommes à disposition du Premier ministre pour lui faire connaître, encore une fois, nos lignes rouges dans le cadre du budget, à savoir la non-augmentation de la fiscalité sur la France du travail comme sur nos entreprises, des actes forts pour réduire la mauvaise dépense publique (…) et la remise en cause de la politique d'immigration de notre pays», a ajouté Bardella. La même tonalité, les mêmes garde-fous et les mêmes mises en garde qu'avec Barnier et Bayrou. Le patron du RN ne se fait « aucune illusion » et dit sans détour que le bail de Lecornu est « très précaire« . Le décor est planté. C'est Bardella, en sa qualité de chef du 1er parti au Parlement, qui avait décrété la «condamnation à mort» du gouvernement Barnier, bis repetita avec Bayrou. Donc attention. L'extrême droite ne censurera pas a priori parce qu'il veut donner l'image d'un parti de gouvernement, une formation responsable qui ne sème pas le chaos. Le RN attend toujours que le fruit soit mûr avant le coup de grâce. Lecornu est mal parti parce qu'un lourd contentieux politique mine le terrain. L'extrême droite ne pardonnera jamais à Macron d'avoir monté un Front républicain entre les deux tours des législatives anticipées, alors que le RN était sorti largement en tête. Cette victoire que le président lui aurait volée a laissé des traces. C'est encore pire pour la gauche... C'est le Nouveau Front populaire qui est arrivé 1er au dernier scrutin même s'il ne disposait pas d'une majorité absolue. Là aussi c'est une affaire de hold-up, puisque Macron a tout fait pour ne pas nommer un Premier ministre de gauche. Il aurait dû laisser Lucie Castets tenter sa chance pour dégonfler la colère à gauche. Il vient encore de rater le virage avec Olivier Faure, le leader du Parti socialiste (PS). Le chef de l'Etat a tourné autour du PS, lambiné pour finir par se rabattre sur le choix de la tranquillité, afin de s'éviter les tourments de la cohabitation pour ses dernières années à l'Elysée. Il a appelé Faure en pleine réunion du Conseil pour lui dire pourquoi il ne l'avait pas choisi, et pourquoi Lecornu est le bon. Macron continue de s'asseoir sur le résultat des élections, de se murer dans le déni. Il le payera cher, Lecornu le payera cher, la France le payera cher.
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