Invitée de l'émission Mosaïque Monde, l'ambassadrice de France en Tunisie, Anne Gueguen, a livré une interview riche, traversant les grands dossiers diplomatiques et bilatéraux qui marquent l'actualité. Palestine, sécurité des Tunisiens en France, visas, coopération méditerranéenne ou encore intelligence artificielle : autant de sujets sensibles abordés avec clarté et fermeté. La Palestine au cœur du discours diplomatique Dès le début de l'entretien, l'ambassadrice est revenue sur l'annonce faite par le président français Emmanuel Macron concernant la reconnaissance de l'Etat palestinien. « La reconnaissance de la Palestine est un devoir moral et humanitaire, mais aussi une nécessité politique face à la politique du fait accompli », a-t-elle déclaré, rappelant que cette reconnaissance s'inscrivait dans une dynamique internationale en partenariat avec l'Arabie saoudite et soutenue par 148 Etats à l'ONU. Elle a insisté : « Il est urgent d'ouvrir une voie diplomatique et politique nouvelle pour instaurer la paix sur la base de la solution à deux Etats ». L'ambassadrice a aussi souligné que cela fait neuf mois que la diplomatie française œuvre sans relâche pour rallier de nombreux pays autrefois alignés sur Washington, afin de les convaincre de reconnaître l'Etat palestinien. Ce patient travail diplomatique s'accompagne d'efforts pour encourager des sanctions croissantes contre Israël et pour préserver la perspective d'une solution à deux Etats. L'objectif affiché est de tracer une feuille de route étroite vers une paix durable au Proche-Orient, dans la lignée de la Déclaration de New York adoptée récemment par l'Assemblée générale des Nations unies. Interpellée sur les rapports mentionnant des exportations d'armes de la France vers Israël, l'ambassadrice a tenu à lever toute ambiguïté : « La France ne vend pas d'armes susceptibles d'être utilisées contre les civils palestiniens », a-t-elle affirmé. Elle a précisé que les montants évoqués représentent moins de 0,2 % des exportations françaises, rappelant que la majorité des armes livrées à Israël proviennent des Etats-Unis ou d'autres pays européens. Tunisiens en France : sécurité et enquêtes L'ambassadrice n'a pas éludé les inquiétudes liées à la montée de l'islamophobie en France ni les réactions suscitées en Tunisie après la mort de Abdelkader Dhibi, citoyen tunisien tué à Marseille par la police. « La France est un pays sûr pour les Tunisiens. Toute forme de racisme ou de haine est interdite et condamnée par la loi républicaine », a-t-elle insisté. Concernant le drame de Marseille, elle a précisé que deux enquêtes judiciaires indépendantes sont en cours, menées par la police judiciaire et l'inspection nationale de la police. Le casse-tête des visas : un sujet toujours sensible Le dossier des visas, régulièrement au centre des critiques, a aussi été évoqué. L'ambassadrice a reconnu les difficultés liées aux rendez-vous pour les demandes, qualifiées par de nombreux Tunisiens de « quête du Graal ». Elle a toutefois rappelé que la France a délivré en 2024 environ 105 000 visas Schengen aux citoyens tunisiens, dont 60 % via l'ambassade à Tunis. L'ambassadrice a annoncé de nouvelles facilités pour les étudiants et des procédures adaptées pour les mineurs. « Nous savons que le système reste perfectible, mais des efforts sont faits pour l'améliorer », a-t-elle assuré. Coopération méditerranéenne et environnement Sur le plan régional, Anne Gueguen a mis en avant la signature récente à Nice d'un accord international pour la protection de la biodiversité en Méditerranée, soulignant l'importance de préserver cet espace commun. Elle a également évoqué le Forum de Bizerte consacré aux initiatives environnementales et confirmé l'organisation en 2026 d'une saison culturelle méditerranéenne en France. L'intelligence artificielle, un horizon partagé Signe des temps, l'ambassadrice a annoncé l'organisation à Tunis, les 20 et 21 novembre 2025, d'un Forum méditerranéen sur l'intelligence artificielle. L'événement réunira chercheurs, entrepreneurs et étudiants autour de ce secteur stratégique. « Je suis convaincue que l'avenir de nos économies passera par une coopération étroite dans le domaine de l'intelligence artificielle », a-t-elle souligné. En conclusion, Anne Gueguen a insisté sur la force du partenariat entre les deux pays : « La relation entre la Tunisie et la France est solide, positive et fondée sur une coopération utile aux deux peuples, dans l'économie, l'éducation, la recherche et la culture ». Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!