À la veille d'un tournant diplomatique majeur, l'ambassadrice de France en Tunisie, Anne Guéguen, a défendu, dimanche 21 septembre 2025, sur les ondes de Mosaïque FM, la décision de son pays de reconnaître officiellement l'Etat de Palestine, qualifiant cet acte de « moral, humanitaire et politique ». « C'est un devoir moral et humanitaire, mais aussi une nécessité politique face à la politique du fait accompli sur le terrain », a insisté la diplomate, précisant que cette reconnaissance interviendrait dès le 22 septembre à New York, aux côtés d'autres pays européens et du G7. Selon elle, la démarche française s'inscrit dans le cadre d'une initiative lancée conjointement avec l'Arabie saoudite afin de rouvrir la voie à la solution à deux Etats. « Il s'agit d'ouvrir une nouvelle voie politique et diplomatique pour permettre aux Palestiniens de disposer enfin d'un Etat souverain et viable », a souligné Mme Guéguen, rappelant qu'une résolution récente de l'ONU, soutenue par 142 pays, appelait à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et au retrait israélien. Interrogée sur le rôle du Hamas, élu par une partie des Palestiniens, l'ambassadrice a évité toute polémique : « La position française repose sur le droit international. La solution à deux Etats n'est ni occidentale ni imposée, elle figure dans les résolutions des Nations unies depuis 1947 ». Elle a par ailleurs insisté sur la nécessité de réformes au sein de l'Autorité palestinienne et sur l'organisation d'élections libres pour « restaurer sa légitimité ». Sur les accusations de ventes d'armes à Israël, Anne Guéguen a clarifié : « La France n'exporte pas d'armes qui pourraient être utilisées contre les civils palestiniens ». Selon elle, la part des exportations françaises vers Israël reste « marginale », moins de 0,2 % du total, loin derrière les Etats-Unis ou d'autres pays européens.
Evoquant la montée des discours de haine visant les musulmans en France, la diplomate a assuré que « la haine et le racisme sont totalement rejetés par la République française et sanctionnés par la loi ». Elle est revenue sur le drame d'Abdelkader Dheibi, jeune Tunisien tué par balle à Marseille, en rappelant que deux enquêtes judiciaires étaient en cours : « La justice doit établir les responsabilités en toute transparence ». Sujet récurrent dans les relations bilatérales, la délivrance des visas Schengen a également été abordée. « L'an dernier, la France a accordé 105 000 visas aux Tunisiens, soit plus de 60 % du total délivré dans le pays », a précisé Mme Guéguen, tout en reconnaissant des difficultés d'accès aux rendez-vous. Elle a assuré que des efforts étaient en cours pour fluidifier le processus, notamment grâce à des procédures accélérées pour les étudiants, chercheurs et médecins.
Enfin, la diplomate a insisté sur l'importance de la coopération franco-tunisienne en Méditerranée, citant l'accord signé à Nice sur la biodiversité marine et les projets présentés lors du Forum de Bizerte. Elle a également annoncé la venue prochaine à Tunis de la nouvelle ambassadrice chargée de la politique méditerranéenne, à l'occasion d'une saison culturelle dédiée à ce partenariat.