Politicien un jour, politicien toujours, surtout quand on s'appelle Nicolas Sarkozy, l'homme qui a complètement débridé et décomplexé ses collègues et balisé la voie de la droite dure. L'animal politique qu'est l'ancien chef d'Etat on l'a vu dès la sortie du tribunal après sa condamnation à 5 ans de prison ferme pour association de malfaiteurs dans le dossier libyen. A peine quelques minutes après ce verdict inédit dans les annales de la 5e République, Sarkozy, dans une mise en scène qu'il avait sans doute préparée, a harangué les médias pour s'en prendre à la « République des juges », à ses ennemis, au système, etc. Une prise de parole qui a divisé, clivé, comme d'ailleurs tout ce que fait et dit l'ancien président, raison pour laquelle il n'a pas eu droit à un second mandat. Mauvaise nouvelle pour ses détracteurs : Sarkozy n'a pas l'intention de se calmer. Il est convoqué le 13 octobre prochain par le Parquet national financier pour lui communiquer la date et les conditions de sa détention. Mais d'ici là l'ancien président a la ferme intention de vivre sans retenue les semaines qui lui restent. Les journalistes du JDD l'ont pisté après la sortie du tribunal. Tout le monde s'attendait à ce que Sarkozy rentre immédiatement chez lui pour se refaire une santé après le coup de massue de la sentence, c'est mal connaître l'homme. Il a filé vers le restaurant pour déjeuner, comme si de rien n'était. Il a l'estomac bien accroché ! Sarkozy a confié aux journalistes qu'il a même été applaudi par les clients de l'établissement, qui estiment que le verdict est « injuste« . L'ancien président, qui dit « ne rien vouloir changer » à ses habitudes, a confié ceci aux journalistes : « Tôt ce matin, je suis parti faire mon jogging quotidien. J'ai été interpellé une soixantaine de fois. Des voitures s'arrêtaient, des gens me lançaient : « C'est insensé! » ; « On a honte de ce qui se passe !« … « Avant de vous rejoindre, je déjeunais au restaurant avec mon épouse et ma fille – ma fille n'est pas allée à l'école aujourd'hui, pour les raisons que vous pouvez imaginer. Lorsque je suis sorti du restaurant, la salle s'est levée et m'a applaudi. Donc je vois bien que la sidération étreint tout un chacun, bien au-delà des clivages politiques. Beaucoup de gens ont peur de ces excès, de l'injustice, de cette ambiance de règlements de comptes. Saint-Just, le bien mal nommé, est de retour. Il disait : 'Prouvez votre vertu, ou entrez dans les prisons' », a-t-il clamé. L'ancien ministre de l'Intérieur (à deux reprises) continue de soutenir mordicus que le document mis en ligne par Mediapart et qui a déclenché les poursuites judiciaires est un « faux« . « La procédure judiciaire a débuté sur la foi de ce document. Or que conclut le tribunal correctionnel de Paris? Que 'le plus probable est que ce document Mediapart soit un faux'. Or s'il y a un faux, c'est qu'il y a eu des faussaires, des manipulateurs, et donc un complot. Dans un monde normal, c'est l'ensemble de l'accusation qui aurait dû s'écrouler. Or le tribunal a fait exactement le contraire. Je rappelle que j'ai perdu la présidentielle de 2012 de très peu. Le faux de Mediapart y a joué un grand rôle. Qui réparera cette injustice ?« , glisse-t-il. Pourtant il assure qu'il ne désire pas porter plainte contre le journal d'investigation cofondé par Edwy Plenel, le cauchemar de la classe politique, gauche et droite confondues. « Pour moi, l'objectif n'est pas Mediapart. Le militantisme de ce média est bien connu et il n'y a pas besoin de moi pour le démontrer. Il voulait mettre un terme à ma carrière politique. De ce point de vue, ils ont réussi« , a déclaré Sarkozy... Son indignation et sa colère sont légitimes, après tout on est en démocratie, mais il omet juste de dire que le financement libyen n'est pas la seule casserole judiciaire qu'il trimballe. Il omet de mentionner qu'il a été condamné et a fait de la prison dans une autre affaire, et qu'une autre peine pourrait frapper prochainement (le dossier de l'attribution du Mondial 2022 au Qatar). Tout ça Sarkozy l'a mis sous le tapis, ce n'est pas bon pour sa communication. Il a fait des choses qu'aucun président n'avait faites avant lui, il est donc normal qu'il écope de condamnations qu'aucun de ses prédécesseurs n'a connu.
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