Les Etats-Unis s'enfoncent dans la crise budgétaire. Alors que le "shutdown" entre dans sa deuxième semaine ce lundi, le président Donald Trump a annoncé avoir commencé à licencier des fonctionnaires fédéraux, une mesure inédite depuis plusieurs décennies. Le blocage, provoqué par l'absence d'accord entre républicains et démocrates sur le budget, paralyse une partie de l'administration américaine et met à l'épreuve la solidité politique du pays. Un blocage sans issue en vue Depuis le déclenchement du "shutdown" mercredi dernier, les discussions entre la Maison-Blanche et le Congrès sont dans l'impasse. Chacun des deux camps se rejette la responsabilité de cette paralysie : les républicains défendent une extension du budget actuel jusqu'à fin novembre, tandis que les démocrates réclament la prolongation de programmes d'assurance santé pour les plus démunis. Donald Trump, lui, accuse ouvertement l'opposition : « C'est la faute des démocrates. Ils sont responsables de la perte de nombreux emplois », a-t-il déclaré dimanche depuis la Maison-Blanche. Le président républicain affirme que son administration a commencé à licencier définitivement des fonctionnaires, rompant avec la pratique habituelle du chômage technique temporaire appliquée lors des blocages budgétaires précédents. Aucun chiffre officiel n'a toutefois été communiqué. Deux millions de fonctionnaires concernés Plus de deux millions d'agents fédéraux sont directement touchés. Même ceux qui conservent leur poste voient leur salaire suspendu jusqu'à la fin du blocage budgétaire. Pour beaucoup de familles, cette situation représente un manque à gagner considérable, d'autant que le président Trump laisse entendre que le "shutdown" pourrait durer des semaines, voire des mois. Selon Andrew Koneschusky, ancien conseiller du démocrate Chuck Schumer, « les deux bords campent sur leurs positions et il est très peu question de compromis ». Cette impasse politique menace de se transformer en crise économique : Scott Bessent, secrétaire au Trésor, a prévenu jeudi d'un "coup au PIB et à la croissance" si le blocage perdure. Une stratégie de "souffrance maximale" Ce "shutdown" rappelle celui de 2018-2019, déjà sous Donald Trump, qui avait duré 35 jours, un record historique. Mais cette fois, le président semble vouloir pousser l'épreuve plus loin. Selon plusieurs observateurs, il applique une stratégie de "souffrance maximale", visant à faire plier les démocrates en accentuant la pression sur les institutions, les marchés et l'opinion publique. Les conséquences s'étendent déjà au-delà de la fonction publique : les voyageurs aériens pourraient faire face à des retards et annulations en raison du manque d'agents de sécurité et de contrôleurs aériens. Les agences fédérales, les parcs nationaux, les musées et de nombreux services publics fonctionnent au ralenti ou sont à l'arrêt. Vers un bras de fer politique prolongé Pour James Druckman, professeur de sciences politiques à l'Université de Rochester, ce bras de fer pourrait durer : « L'administration Trump considère qu'elle agit sous mandat sans contrôle et n'est pas encline au compromis. » Les démocrates, de leur côté, ne veulent plus répéter l'erreur de mars dernier, lorsque dix sénateurs avaient voté à contrecœur un texte républicain pour éviter la paralysie fédérale, provoquant la colère de leurs électeurs. Cette fois, « ils sont déterminés à tenir bon », explique le politologue. De leur côté, les républicains espèrent rallier suffisamment de voix au Sénat pour mettre fin au blocage. Mais vendredi dernier, leur proposition n'a obtenu que 54 voix sur les 60 nécessaires, dont trois démocrates seulement. L'analyste financier Michael Ashley Schulman estime que la situation pourrait se débloquer si la pression économique s'accentue : « Si Wall Street commence à avoir la trouille, même les idéologues les plus fervents se découvriront soudainement une passion pour le compromis. » Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!