The liveblog has ended. No liveblog updates yet. La Commission tunisienne des analyses financières (CTAF) a publié son rapport d'activité 2024, dressant un état des lieux préoccupant de la criminalité financière en Tunisie. Selon le document, le nombre de déclarations de soupçons (DS) reçues par la commission a atteint 1 236 cas en 2024, dont 452 dossiers traités, soit une hausse de 45 % par rapport à l'année précédente. Cette progression témoigne, selon la CTAF, d'une intensification notable des activités illicites, dans un contexte marqué par des flux migratoires accrus, la montée des cryptoactifs et la vulnérabilité croissante des circuits financiers. Trafic de migrants et paris sportifs en tête des infractions Les statistiques de la commission révèlent que le trafic de migrants représente plus de 61 % des cas traités, loin devant les paris sportifs illégaux (15 %) et les détournements de fonds (6 %). Le président de la CTAF, Fethi Zouhair Nouri, a précisé que les mandats internationaux sont devenus un outil privilégié de transfert d'argent dans de nombreux dossiers liés à la traite des personnes et au blanchiment d'argent, aux côtés des virements électroniques et des transactions en espèces. « Ces tendances confirment l'évolution des modes opératoires des réseaux criminels, de plus en plus structurés et connectés à l'échelle transnationale », a-t-il souligné. Une coopération nationale et internationale renforcée En matière de coopération nationale, la Ctaf a traité 867 demandes en 2024, contre 571 en 2023, enregistrant une hausse de 53 %. Ces demandes émanent principalement des autorités judiciaires et sécuritaires dans le cadre d'enquêtes de blanchiment d'argent ou de financement du terrorisme. Sur le plan international, la Tunisie a émis 91 requêtes et reçu 36 demandes dans le cadre des échanges de renseignements financiers avec d'autres cellules d'intelligence (CRF). Cette dynamique s'explique, selon Nouri, par un environnement géopolitique instable et par la croissance des risques financiers liés aux technologies numériques. Le président de la Ctaf a insisté sur la nécessité d'une coopération transfrontalière accrue et d'une adaptation constante des dispositifs nationaux pour faire face à l'évolution rapide des formes de criminalité. Nouvelles études et évaluation des risques Le rapport met également en avant deux études inédites menées en 2024, portant sur la traite des personnes et l'usage des cryptoactifs. Ces travaux visent à mieux comprendre les nouvelles menaces financières et à fournir une base solide pour la conception de politiques publiques plus ciblées. Par ailleurs, la Ctaf a lancé en 2024 une mise à jour de l'Evaluation nationale des risques (ENR), intégrant de nouveaux secteurs à risque comme les établissements de paiement et les revenus issus du trafic de drogue. Cette démarche complète l'analyse déjà amorcée sur les personnes morales, les flux d'espèces et les mouvements transfrontaliers illicites. Vers un renforcement du dispositif tunisien Face à l'ampleur des défis, la Ctaf appelle à une modernisation continue des mécanismes de contrôle, à la formation accrue des acteurs bancaires et judiciaires, et à un usage stratégique des données financières pour mieux détecter les activités suspectes. Le rapport 2024 confirme ainsi que la Tunisie demeure exposée à des risques accrus de criminalité financière, mais aussi qu'elle dispose d'un cadre institutionnel de plus en plus réactif. Une vigilance renforcée qui s'impose, alors que les réseaux criminels exploitent les failles technologiques et les fragilités économiques pour faire circuler des flux d'argent de plus en plus difficiles à tracer. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!