Le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, a expliqué, mardi 19 juin 2012, la mission de la BCT aux membres de l'Assemblée nationale constituante, ANC. Le premier responsable de la BCT a réaffirmé l'intérêt de préserver l'indépendance de l'institut d'émission : « L'indépendance de la BCT n'est pas liée à la personne de son gouverneur, mais plutôt, à l'indépendance de l'Institut d'émission dans la gestion de la politique monétaire du pays. Cette indépendance ne concerne pas une autorité « individuelle ». Elle consiste, plutôt, en la bonne gestion technique de la politique monétaire ». Il s'agit de la possibilité donnée au parlement de demander des comptes au gouverneur de la BCT, pratique exercée par la plupart des démocraties du monde. M. Nabli, auditionné mardi par la commission des Finances, de Planification et du Développement à l'ANC, a affirmé que l'élaboration de la politique monétaire en Tunisie est l'une des missions du Conseil d'administration de la BCT, qui regroupe des représentants du gouvernement et des universitaires spécialisés en la matière : « Le conseil d'administration de la BCT se réunit une fois par mois pour faire le suivi de la politique monétaire dans le pays et décider des réformes nécessaires en fonction de la conjoncture économique. Chaque mois, le conseil publie un communiqué sur la situation économique et financière du pays et décide de changer ou de maintenir inchangés les taux d'intérêt. La politique monétaire adoptée, actuellement, par la BCT est ouverte à tout changement en fonction des circonstances et de la conjoncture économique et financière dans le pays». Sur un autre plan, la préservation de la stabilité des prix représente un objectif principal pour la politique monétaire de la BCT, et ce, conformément à l'article 34 de son statut de l'année 1958, qui lui accorde la prérogative de contrôler les institutions de crédit. En réponse à la question d'un député, M. Nabli a démenti que la banque ait procédé, intentionnellement, à « perturber l'action du gouvernement ». Il a relevé que l'institution avait, au contraire, averti le gouvernement à plusieurs reprises et attiré son attention, depuis mars 2012, sur les éventuelles répercussions de la crise dans la Zone Euro sur l'économie tunisienne. Pour assurer une bonne gouvernance, la BCT ne doit pas intervenir, d'après lui, dans le recrutement des premiers responsables, que ce soit des banques publiques ou privées : « Ceci aura pour avantage de garantir un meilleur contrôle ». Par la même occasion, il a évoqué les créances classées, dont le montant a atteint, jusqu'à fin 2011, plus de 7 milliards de dinars, soit 13% de l'ensemble des crédits, indiquant que ces créances alourdissent les charges du secteur bancaire.