La décision prise par Moncef Marzouki, de limoger Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), sans aucune raison valable avancée constitue un nouvel épisode de la « guéguerre » entre Hamadi Jebali, le chef du gouvernement provisoire, et le président provisoire de la République. Le désaccord entre les deux leaders de l'Etat tunisien, semble prendre des proportions de plus en plus importantes. Les Tunisiens ont assisté à une succession de déclarations totalement opposées entre la présidence de la République et le gouvernement, au cours de l'affaire de l'extradition de Baghdadi Mahmoudi et maintenant à propos du limogeage de M K Nabli. Marzouki annonce le limogeage de M K Nabli en « parfait accord » avec le chef du Gouvernement Le 27 juin 2012, la présidence de la République a publié un communiqué officiel qui annonce la décision de limoger le gouverneur de la BCT par Moncef Marzouki en plein accord avec Hamadi Jebali. D'autre part, le jour même, Adnen Manser, le porte-parole officiel de la présidence de la République, a annoncé dans plusieurs médias que le limogeage du gouverneur de la BCT a été décidé, avec le chef du gouvernement, dans deux occasions successives. Jebali humilie Marzouki pour la deuxième fois en moins d'une semaine ! Le 2 juillet 2012, Ridha Saïdi, ministre délégué auprès du premier ministre chargé des dossiers économiques, a déclaré à l'agence “Associated Press”, que Hamadi Jebali n'a jamais donné son accord à Moncef Marzouki pour destituer Mustapha Kamel Nabli. Il affirme que des discussions ont seulement eu lieu à propos du rôle du gouverneur de la BCT. D'autre part, une rencontre a eu lieu ce matin 02 juillet 2012, entre Hamadi Jebali et Mustapha Kamel Nabli, au siège du gouvernement à la Kasbah. Un communiqué a été diffusé par la suite, affirmant que le chef du gouvernement, organise encore des discussions concernant l'affaire de M K Nabli, malgré la décision de son limogeage annoncée par le président provisoire de la République, et renforcée par son porte-parole. Marzouki veut-il effacer l'étiquette de «Tartour» collée par les médias internationaux ? La campagne médiatique déclenchée contre Marzouki en lui attribuant le qualificatif humiliant de « Tartour », l'a profondément vexé et a pu susciter en lui un désir de revanche, pour restaurer son autorité et sa dignité bafouées par son « partenaire » Hamadi Jebali. Dans le cadre de ce premier scénario, son acharnement à vouloir limoger M K Nabli devient facilement compréhensible. Un autre scénario possible est évoqué par certains observateurs: face aux problèmes nombreux et complexes qu'affronte la population tunisienne depuis la Révolution, sur les plans économiques, sociaux, politiques, et même culturels...le gouvernement provisoire actuel cherche à détourner l'attention des Tunisiens par des querelles politiciennes fabriquées de toutes pièces, pour gagner du temps jusqu'aux prochaines élections. Ce « conflit théâtral » a pour objet de masquer aux yeux des Tunisiens, l'incapacité du gouvernement à gérer convenablement le pays et mettre en œuvre des solutions concrètes et rapides pour satisfaire les attentes des citoyens tunisiens. Entre Marzouki et Jebali le jeu de « ping-pong » politique continue Pendant la semaine qui s'est écoulée, les Tunisiens ont assisté à un jeu de « ping-pong » constitué de déclarations et de démentis successifs à un rythme accéléré. Jusqu'à quand cela va t-il continuer ? Y a-t-il une “fracture politique” qui apparait au sein de la Troïka ? Nous constatons que les prérogatives et l'autorité de Moncef Marzouki semblent encore plus limitées que prévu et que Hamadi Jebali ne fait même plus semblant de prendre l'avis du président avant d'exécuter des décisions d'importance, nationales et internationales. Dans ces conditions, quel rôle doit jouer Moncef Marzouki , quelle doit être son utilité pour les Tunisiens, et dans ce cas, son salaire est-il toujours justifié ?