L'avocat de Nizar Trabelsi a salué samedi la décision “motivée et courageuse” de la chambre du conseil de Hasselt qui a approuvé la veille la libération conditionnelle du détenu tunisien. “Bien motivée en ce sens que juridiquement, la présidente a analysé soigneusement le bien-fondé de notre argumentaire en le faisant sien et en y ajoutant un certain nombre de commentaires pertinents”, commente Me Marc Nève. “Courageuse en ce sens que oui, au-delà d'une certaine diabolisation de M. Trabelsi, présenté comme l'islamiste dangereux dont la Belgique veut se débarrasser, la présidente le libère moyennant des conditions strictes. Elle rappelle ainsi qu'en cas de détention provisoire avant jugement, la liberté est la règle et la détention l'exception”, explique le juriste. Nizar Trabelsi reste cependant derrière les barreaux, le parquet ayant interjeté appel de l'ordonnance de libération. “Il faudra débattre le moment venu devant la chambre des mises en accusation d'Anvers”, relève Me Nève. L'ancien footballeur professionnel avait été arrêté en Belgique deux jours après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Il avait été condamné en 2004 à dix ans de prison pour avoir planifié un attentat contre la base militaire de Kleine Brogel (Limbourg), où seraient entreposées des armes nucléaires américaines. Trabelsi aurait dû être libéré en mars dernier, mais il a été maintenu en détention en raison d'une demande d'extradition des Etats-Unis. Ceux-ci l'accusent d'activités terroristes visant des intérêts américains. Nizar Trabesli a entrepris plusieurs démarches juridiques pour contester cette demande d'extradition. Ses avocats ont saisi la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), en avançant qu'il pourrait subir des traitements inhumains aux Etats-Unis. La Cour de Strasbourg a suspendu la demande d'extradition en attendant de se prononcer sur le fond, une procédure qui pourrait durer plusieurs années. Dans l'attente de cette décision, l'homme essaie d'obtenir sa remise en liberté. La chambre du conseil de Nivelles s'y est opposée en juin, mais celle de Hasselt, également saisie, a décidé vendredi d'approuver la demande. Le juge a estimé que Nizar Trabelsi devait être libéré, sous certaines conditions, jusqu'à ce que la clarté soit faite sur la demande d'extradition. Il a assorti sa décision de plusieurs conditions, comme celle de résider chez une connaissance en Région bruxelloise, de ne pas sortir entre 21h et 7h, de ne pas apparaître dans les lieux publics ni dans les médias et de se signaler à la police locale chargée de vérifier les conditions de sa libération.