Cette affaire montée comme un grand coup de chasse et de communication semble battre de l'aile. On a bien voulu brailler à tue-tête sur les toits médiatiques, poussant l'effet d'annonce jusqu'à se fendre d'un communiqué sur le site officielle de la présidence de la République, que, suite à des consultations entre la Tunisie et le Qatar, Mohamed Sakhr El Materi a été renvoyé de Doha. Décision coïncidant avec la participation de Moncef Marzouki à la conférence sur le recouvrement des fonds arabes détournés. Deux questions s'imposent : 1- Le renvoi en question est-il définitif ou provisoire ? Les tontons flingueurs de Carthage serait-ils en train de nous vendre un pétard mouillé ? Il est quand même louche que les deux Hamed aient attendu la visite de notre président pour daigner consentir un tel geste, honneur qu'ils n'ont pas accordé aux dignitaires d'Ennahdha (Rached Ghannouchi, Hamadi Jebali et Rakif Abdessalem), leurs alliés objectifs !! 2- On a parlé de consultations et de négociations avec les qataris. Qu'est ce qu'on a négocié ? Juste un renvoi ! Quelle belle jambe ! S'est-on trompé à ce point de cible, d'adversaire et de combat ? Si négociation il y avait, elle aurait dû être focalisée sur l'extradition et non sur autre chose. Négocier et obtenir un renvoi ?!Auquel cas, Mohamed Sakhr El Materi sera toujours en fuite. Qu'il soit à Doha, à Pretoria ou à Santiago, qu'est ce que ça change ?! De qui se moque-t-on alors ?! On gravit les sommets du grotesque en saluant l'initiative qatarie comme une preuve de la disposition du Qatar à aider la Tunisie à recouvrer ses richesses usurpées. N'importe quoi, si Mohamed Sakhr El Materi quitte Doha, le Qatar n'aura aucun moyen de nous faire retourner ne serait ce un sou rouillé. Un beau coup d'épée dans l'eau ! On se répand sur les plateaux et les chaines radio pour donner à un non évènement une dimension historique et symbolique. En fait, on a négocié un lourd dossier aux yeux du commun des tunisiens pour aboutir à une décision dont l'inconsistance n'a d'égale que la disproportion. Un grand pas en arrière dans la mesure où avant on savait que Mohamed Sakhr El Materi campait à Doha, capitale d'un pays soi-disant frère et disposé parait-il à assister notre gouvernement. Désormais, on ne sait même pas où le bon vieux Sakhr a échoué. Il était localisé, maintenant il joue les courants d'air. Et pourtant les têtes pensantes de Carthage, négociateurs de moulins à vent, rivalisent d'éloges pour ce saut en arrière et se démènent pour nous convaincre de ce grotesque “coup de maître”. La situation devient de plus en plus pathétique : Dès que notre président de la République pointe son arme non seulement il rate immanquablement le coche mais notamment il se tire une balle dans le pied. Il n'est pas à sa première prouesse de piètre tireur d'élite. Il a toujours cartonné en dehors de la cible. A force de se plomber les jambes, il finira sur une chaise roulante. Il est donc dans l'ordre naturel des choses que nombreux lieutenants aient déserté la caserne de la République, en guise de baroud d'honneur. Pour ma part, je sors mon revolver dès qu'on me parle d'avoir négocié le renvoi de Mohamed Sakhr El Materi, ça m'en troue trop la cervelle.