Olfa Riahi était, ce soir du mercredi 2 janvier, l'invitée du plateau du prime-time sur la chaine Hannibal TV. Cette sortie a été précédée par une vaste campagne annonciatrice de scoops et autres déclarations fracassantes. L'animateur de l'émission a cru bon de gérer son plateau à la façon d'une partie de tennis avec des échanges entre la bloggeuse en tant que partie plaignante et l'avocat Fathi Laâyouni en tant que partie défendant les intérêts du ministre des affaires étrangères. Le spectateur a eu droit à un match stérile, avec un avocat qui voulait absolument diriger l'affaire vers un complot qui vise la personne du ministre, et qui répondait à côté des questions qui lui étaient adressées, et de l'autre côté, il y avait la jeune bloggeuse qui donnait l'impression de s'être prise les doigts dans un engrenage et de trouver le moyen de s'y plaire, et qui se cantonnait dans un discours uniforme en répétant sans se lasser qu'elle réclamait l'ouverture d'une enquête judiciaire. Ce débat n'a rien donné de nouveau, si ce n'est que la bloggeuse a affirmé avoir bénéficié du soutien de pas mal de personnes et de formations politiques. Elle a même cité en premier lieu le CpR dont elle se dit très, mais très proche. Elle a déclaré que le secrétaire général du CpR l'a contactée pour l'assurer du soutien et de la solidarité de son parti. Il lui aurait même proposé d'adopter sa cause au sein du parti et de profiter de ses dossiers pour « faire le ménage » en quelque sorte dans le gouvernement avant le remaniement ! De son côté, Olfa Riahi parlait dans un langage purement juridique, elle trouvait, parfois, de la peine à déchiffrer ce qu'elle aurait, elle-même, rédigé. Elle disposait d'informations et de documents qui sont d'habitude inaccessibles au commun des mortels, fût-il un brillant journaliste d'investigation. Elle parlait de dossiers de malversation qui touchent beaucoup de départements. Elle s'étonnait que le gouvernement et l'ANC rechignaient à enquêter sur ces « découvertes ». A l'entendre disserter, on se rappelle automatiquement de ce type de discours que tenait Mohamed Abbou du temps où il était ministre en charge des dossiers de malversations. On se rappelle aussi du fait que Mohamed Abbou déplorait que les décideurs ne voulaient pas ouvrir les dossiers qu'il avait mis à leur disposition. On se rappelle aussi que le même Mohamed Abbou a, en désespoir de cause, choisi de démissionner de son poste. Aurait-il trouvé dans les dossiers que dévoilait cette jeune bloggeuse une aubaine pour remonter sur son cheval de bataille, celui de grand justicier frustré, et de déclencher son Karcher ?