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Chronique d'un baiser interdit, volé et réprimé !
Publié dans Tunisie Numérique le 16 - 01 - 2013

Un jeune couple tunisien a écopé de deux mois de prison pour un bécot partagé. A première vue, l'affaire, vite expédiée, semble bien banale. Epinglé en affaire de mœurs, objet d'une action de justice, ce baiser dont personne ne semble connaitre la nature, furtive ou langoureuse, ni l'endroit, coin caché ou un lieu public, ni le contexte, en flagrant délit ou suite à une dénonciation, n'a pas été pourtant condamné outre mesure par l'opinion publique tunisienne, après tout sensible aux romans à l'eau de rose et aux effusions ardentes. Les deux tourtereaux ont payé cher, dans un instant aussi bien de passion que d'égarement, le prix de la tendresse, comme aimait dire Voltaire “Un baiser est toujours le prix de la tendresse“.
Certes l'ordre moral ambiant et la justice condamnent l'outrage à la pudeur, mais quand même le châtiment est trop sévère, voire disproportionné, et certainement contreproductif. Ecrouer, pendant deux mois, deux adolescents, coupables d'un petit flirt, frôle le scandale. Il n'est pas question là d'inciter à la débauche ou de justifier un délit ou, encore moins, de dénigre la justice, mais essentiellement d'apporter un bémol. En effet, le juge aurait pu faire preuve d'un peu de recul, de psychologie et de pédagogie pour sévir autrement. L'affaire n'a pas soulevé pour autant un débat de société pour rendre un jugement aussi cinglant, mu uniquement par le souci d'une parfaite exemplarité.
Un verdict d'un mois (même moins) assorti de sursis, par exemple, aurait été plus adapté et plus significatif. Il s'agit avant tout de donner une leçon, de rétablir l'échelle de certaines valeurs morales et non de faire acte de vengeance sociale ou d'acharnement judiciaire. Au-delà de la gravité de leur infraction, en décidant de jeter en prison deux adolescents, s'est-on posé la question sur leur état d'esprit et sur les séquelles d'une telle peine carcérale après qu'ils en ressortent ? Après tout, il n'y a pas eu crime ou une grande charge pénale pour prononcer une condamnation aussi lourde et pour protéger la société (l'objectif ultime de tout verdict d'incarcération) de cette façon démesurée, plus destructrice que rééducative. La punition, surtout corporelle, n'est pas la méthode appropriée pour corriger (la prison est également perçue comme une forme de rééducation), une sanction moins privative et plus éducative et préventive donne certainement de meilleurs résultats.
L'application stricte de la loi est certes légale mais est-elle juste pour autant dans le cas de figure ? Entre la lettre et l'esprit de la loi, le juge a une grande marge de lecture et de manœuvre. On demande à un juge d'être juste et humain. Personne ne lui reprocherait sa manière d'interprété la loi pour peu que la justice recouvre son premier sens, à savoir l'impartialité et l'indépendance, deux principes fondamentaux de tout système judiciaire, garantie à la fois pour le justiciable et pour la société, en dehors de toute pression ou de tout préjugé. Toutefois, dans la présente affaire, le juge a-t-il été indépendant et impartial ? N'a-t-il pas été imprégné par les pesanteurs politiques et les effluves de cette islamisation rampante, l'acculant à voir ladite affaire derrière ce prisme et rendre un avis aux relents idéologiques, auquel cas le juge n'aurait guère été indépendant et impartial et la sanction aurait été entachée, voire viciée, donc injuste !
Celui qui, dans son adolescence, n'a pas goûté, en cachette, aux baisers avec sa voisine de palier ou sa copine de classe ou sa petite cousine, qu'il lève la main. D'autant plus qu'en psychanalyse, le baiser est décliné comme un héritage, une réminiscence liée à la petite enfance où la succion des seins maternels nourriciers est non seulement un plaisir partagé mais notamment source de vie. A un moment donné de l'âge, l'homme retrouve, dans le baiser, sur la bouche de sa partenaire, les mamelles de sa mère dont il a été sevré.
Ode pour le baiser
Fruit à la fois comestible et défendu, selon les coutumes et les points de chute, le baiser a été, de tout temps, honoré par toute la littérature mondiale quel qu'en soit le creuset culturel et élevé au rang de signe distinctif de l'humanité, même si ce geste labial et buccal est observé chez certaines bestioles. Marque d'affection, de respect ou de loyauté par excellence, le baiser est avant tout une expression humaine et un comportement social auquel écrivains et poètes de tous bords et de toutes confessions ont donné ses lettres de noblesse et ses premières significations. Sur la main, l'épaule, la joue, le front, le nez, ou la bouche, voire même le pied, le baiser est un faisceau de rituels dont chacun restitue les particularités propres à un peuple, à une culture et une manière de vivre.
Aucune religion n'a proscrit, dans l'absolu, le baiser, encore moins l'Islam. L'interdit est beaucoup plus question d'état civil que de droit individuel. Le baiser légal est exclusivement matrimonial, même si Guy de Maupassant développe un autre avis, entièrement différent, “Un baiser légal ne vaut jamais un baiser volé“. Le baiser est donc déclaré péché, en dehors de ce cadre conjugal. Le prophète lui-même, selon Anes Ibnou Malek (hadith authentifié), recommandait à ses compagnons de ne pas prendre leurs femmes comme des bêtes mais de dépêcher d'abord des messages, à savoir les baisers (أحدكم على امرأته كما تقع البهيمة، وليكن بينهما رسول، قيل: ما الرسول يا رسول الله؟ قال “القبلة و الكلام” “لا يقعن .
Dans la culture arabo-musulmane, le baiser a été un grand thème lyrique, de la période préislamique jusqu'à nos jours, les poètes et érudits ont rivalisé de rimes, de tableaux, de représentations et de déclinaisons autour du baiser, notamment amoureux. Que d'odes passionnées, de rimes enflammées et de vers frissonnants, haut en couleurs, en fragrances, en symboles et en images. Ci-après un succinct et non moins significatif florilège sur le baiser dans la littérature arabe :
في الشعر الجاهلي
امرؤ القيس
تعلّق قلبي طفلة عربية تنعّم بالديباج و الحلي و الحلل
و قد كان لعبي كل دست بقبلة أقبّل ثغرا كالهلال إذا أفل
فقبلها تسعا و تسعين قبلة وواحدة أيضا و كنت على عجل
عنترة بن شدّاد
اذ تستبيك بذي غروب واضح عذب مقبله لذيذ المطعم
و لقد ذكرتك و الرماح نواهل منّي و بيض الهند تقطر من دمي
فوددت تقبيل السيوف لأّنّها لمعت كبارق ثغرك المتبسّم
المنخّل اليشكري
و لقد دخلت على فتاة الخذر في اليوم المطير
و لثمتها فتنفّست كتنفّس الضبي البهير
و أحبّها و تحبّني و يحبّ ناقتها بعيري
في الشعر الأموي
(قيس بن الملوّح (مجنون ليلى
فان كان فيكم بعل ليلى فإنّني و ذي العرش قد قبّلت فاها ثمانيا
و أشهد عند الله أنّي رأيتها و عشرون منها إصبعا من ورائيا
(جميل بن عبدالله (جميل بثينة
تجود علينا بالحديث و تارة تجود علينا بالرضاب من الثغر
مفلّجة الأنياب لو أن ريقها يداوي به الموتى لقاموا من القبر
عمر بن أبي ربيعة
حوراء آنسة مقبلها عذب كأنّ مذاقه خمر
و العبر المسحوق خالطه و قرنفل يأتي به النّشر
لو سقي الأموات ريقتها بعد كأس الموت لانتشروا
في الشعر العباسي
بشّار بن برد
وهبت على المسواك ريقا فطاب له بطيب ثنيّتيك
أقبّله على الذكرى كأنّي أقبّل فيه فاك و مقلتيك
(الحسن بن الهاني (أبو نواس
فإن بخلت عين بتقبيل اختها فما بخلت كفّ بحلّ إزار
فكدنا و لمّا غير شفاهنا تعاطت كخليطي سكر و عقار
سألتها قبلة ففزت بها بعد امتناع و شدّة التعب
فقلت بالله يا معذّبتي جودي بأخرى أقضي بها أربي
(علي بن العباس بن جريج (ابن الرومي
و منعّم كالماء يشفي ذا الصدى كشفائه و يشفّ مثل شفيفه
ممّن له حسن الرحيق و طيبه و مراح شاربه و مشي تريفه
متّعت منه مسامعي و مراشفي بنثير لؤلؤه و ماء رصيفه
عبد الله بن المعتزّ
و مصطبح بتقبيل الحبيب خلا من كلّ واش و رقيب
فأكرع فاه في برد و خمر فقل ما شئت في شرب و طيب
(أحمد بن الحسين بن الحسن (أبو الطيب المتنبّي
أريقك أم ماء الغمامة أم خمر بفيّ برود و هو في كبدي جمر
أذا الغصن أم ذا الدّعص؟ أم أنت فتنة و ذيّا الذي قبّلته البرق أم الثغر
قبّلتها و دموعي مزج أدمعها و قبّلتني على خوف فما لفم
فذقت ماء الحياة من مقبّلها لو صاب تربا لأحيا سالف الرمم
في الشعر الأندلسي
(أحمد بن عبد الله المخزومي (ابن زيدون
أهدي إلي بقيّة المسواك لا تظهري بخلا بعود أراك
فلعّل نفسي أن ينفّس ساعة عنها بتقبيل المقبل فاك
هلاّ مزجت لعاشقيك سلافها ببرود ظلمك أو بعذب لماك
يدنو بوصلك حين شطّ مزاره وهم أكاد به أقبّل فاك
ولاّدة بنت المستكفي
أنا و الله أصلح للمعالي و أمشي مشيتي و أتيه تيها
أمكّن عاشقي من صحن خدّي و أغطي قبلتي من يشتهيها
ابن الزقاق البلنسيّ
سقتني بيمناها و فيها فلم أزل يجاذبني من ذاك أو هذه سكر
ترشّفت فاها اذ ترشّفت كأسها فلا و الهوى لم أدر ايّهما الخمر
الحسن بن رشيق القيرواني
خلونا بها ننفي القذى عن عيوننا بلؤلؤة مملوءة ذهبا سكبا
و ملنا لتقبيل الثّغور و لثمها كمثل جنوح الطير تلتقط الحبّا
في الشعر الحديث
أحمد شوقي
ا جارة الواد طربت و عادني ما يشبه الأحلام من ذكراك
و دخلت في ليلين: فرعك و الدجى و لثمت كالصّبح المنوّر فاك
و تعطلت لغة الكلام و خاطبت عينيّ في لغة الهوى عيناك
وديع عقل
و بالرّغم منّي ترضّب ثغري و طوّق نحري و لاك المحيّا
قد امتص شهدي و زعفر وردي و عاثت يداه برمانتيّا
أنا بامتصاص المراشف أدرى و ما اعتاد فوه سوى شفتيّا
فوزي معلوف
و قبّلتها و النفس منّي مشوقة و مازلت حتّى ذاب بالقبل النحر
و سكرنا و لم نشرب من الخمر جرعة و لكن أحاديث الغرام هي الخمر
رياض معلوف
أقبّلها و هل قبلي تعدّ فيرقص ثغرها بفمي و يشدو
عجيب كلما قبّلت فاها تنفّر جفنها و ازورّ نهد
(بشارة الخوري (الأخطل الصغير
يختلس القبلة من مبسمها هل تعرف العصفور كيف ينقر
و هو إذا امعن في ارتشافها علّمنا كيف يذوب السكر
رسالة من فمه لفمها كذا رسالات الهوى تختصر
خليل الحاوي
تفور في دمي
تحرق الندى على فمي
قبلة كالنّار
كثورة الإعصار
كانّ لها على شفاه ثار
صالح جودت
يا قبلة ترقص في خاطري قطفتها من فمك العاطر
ما عمرها؟ هل عمرها لحظة مرّت كمرّ الحلم العابر
أم خطرت شبه غيبوبة من اوّل اللّيل إلى الآخر
نزار قباني
عامان…. مرّ عليها يا مقبّلتي و عطرها لم يزل يجري على شفتي
كانّها الآن… لم تذهب حلاوتها و لا يزال شذاها ملء صومعتي
اذ كان شعرك في كفّي زوبعة و كان ثغرك أحطابي…و موقدتي
قوليأأفرغت في ثغري الجحيم و هل من الهوى أن تكوني أنت محرقتي
لمّا تصالب ثغرانا بدافئة لمحت في شفتيها طيف مقبرتي
يا طيب قبلتك الاولى يرّف بها شذا جبالي و غاباتي و أوديتي
و يا نبيذيّة الثغر الصبيّ اذا ذكرته غرقت بالماء حنجرتي
لا تقبلني بعنف
زهرة الرّمان ليست تتحمّل
لا تقبلني
فلو ذاب فمي
ماذا سأفعل؟
يريد و لا يريد…فيا لثغر على شطّيه يحتضر الوضوح
و يدعوني اليه..و ربّ وعد له نبض و أعصاب و روح
و كم شفة بها عطش الدوالي عليها الحرف مبتهل ذبيح
يا حبيبي على فمي احتراق الشوق
فرفقا بالأحمر المجموع
ضمّني، ضمّني و حطّم عظامي
و التهم مبسمي و كسّر ضلوعي
فؤاد الخشن
يا أخضر العينين با اسمري جنّ الهوى في ثغرك الأنور
فافتح شفاه البوح عن زهرة مسجونة في كمّها الأخضر
ظمآنة للنّور ملتاعة تهفو لثغر بالهوى مسعر
جورج شاكور
قلت اختصر الدنيا بكأس هوى فكان ثغرك كأسي و الهوى اختصرا
ذوّبت عمري على معسول سكرته بقبلة، هنئت تستوقف العمرا
ما ذقت أطيب، ما رفّت على شفتي من الجنان ورود عطرها انتشرا
خريستو نجم
حبّذا لو ترشفيني مرّة ليطيب الجرح أو تنقى دمايا
فعلى ثغرك تصفو مقلتي من غبار التيه في رصد البلايا
و عل شطّيه أحنو ظامئا أسأل الرّحمان هل يشفي صدايا
توفيق ابراهيم
قبّلتها و رشفت من فيها ما يسكر الدّنيا و يرويها
و غفوت نشوانا على حلم يزهو بألوان الرّؤى تيها
فقرأت في الرّؤيا على فمها أنشودة عمري قوافيها
جنّ الهوى فرشفت مبسمها و جنيت من فيها لآليها
الله، هلل ذابت على شفتي روحي؟ و هل فاضت أمانيها؟
ناصر بو حميد
قالت براعمها لمّا شكوت لها: طوباك ما شئت بي رشفا و ادمانا
حمراء من فرط ما تقسو بها قبلي زرقاء من فرط ما تشتدّ طغيانا
قالت و في شفتي بقايا من ثمالتها أما ترى سكرت بالحبّ نفسانا
فقلت و الشفة السمراء في شفتي يا هل ترى ثمّ ما ندعوه دنيانا
أعالم آخر نحيا ببهجته أم هل سوانا ترى في الأرض انسانا


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