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Tunisie : Hamadi Jebali serait-il de la trempe d'Erdogan ?
Publié dans Tunisie Numérique le 12 - 02 - 2013

La guerre des ailes au sein d'Ennahdha bat son plein, met en otage le processus de transition et bouche les perspectives. Le noyau dur, conduit par Rached Ghannouchi, a longtemps pris les dessus et, par ricochet, imposé au parti et au gouvernement une ligne de gouvernance aussi insondable que désarticulée. L'annonce de Hamadi Jebali de constituer un gouvernement de technocrates, dégagé de toute obédience partisane et de toute partition politique, constitue en soi une ligne de rupture, une volonté d'affranchissement et une reprise en main. Il s'agit d'un message fort. Enfin, Hamadi Jebali s'est fait violence, a pris son courage à deux mains et a décidé de faire cavalier seul, échappant à l'instrumentalisation de son mentor et aux pesanteurs de son parti. Saisissant au vol les remous de l'assassinat de Chokri Belaid, il semble qu'il a choisi, à juste titre, son camp, opérant la première brèche dans le carcan nahdhaoui et élevant la voix de son aile modérée qu'il représente. Un moment d'histoire et un coup d'Etat, Hamadi Jebali a substitué son habit d'homme d'Etat à son accoutrement d'homme du sérail partisan. Et c'est à son honneur !
Ce pas, pour peu qu'il soit réfléchi et sincère, et en dépit de son critique impact et son caractère péremptoire, en appelle d'autres, dans la mesure où l'avenir de l'islamisme politique en Tunisie, même si les pontes d'Ennahdha s'en défendent, est étroitement lié à la vision stratégique de son aile modérée et notamment à sa capacité de s'affranchir définitivement des faucons. La décision prise par le Bureau Exécutif d'Ennahdha de s'opposer à la proposition de Hamadi Jebali montre, si besoin est, que l'aile dure constitue non seulement la masse critique et l'épine dorsale du parti mais également fait preuve d'intransigeance à toute idée de lâcher le pouvoir. Il s'agit, pour l'essentiel, d'une guerre de sièges et de portefeuilles, loin de tout attachement à l'intérêt public, et non d'une divergence de vue sur les priorités nationales et les alternatives de sortie de crise.
Hamadi Jebali en serait-il le chef de file ? Aurait-il vraiment la volonté de sortir, avec ses disciples, de l'ornière extrémiste et d'ouvrir la voie à un nouveau courant islamiste, compatible avec la démocratie, fondé sur la justice et le droit, la nature civile de l'Etat et l'alternance au pouvoir. Une scission plus en phase avec la personnalité et la culture de la Tunisie, pays modéré, ouvert, moderniste et séculier. Dans quelle mesure Hamadi Jebali serait-il disposé à adopter ce scénario quels qu'en soient les effets adverses et les coûts politiques ?
En un seul mot : Hamadi Jebali pourrait-il devenir l'Erdogan tunisien ?
L'islamisme politique, tel que conçu et mené par Rached Ghannouchi et sa clique de faucons, n'a plus aucun avenir en Tunisie tant il a brillé par son souffle extrémiste, son double langage, son discours idéologique déphasé, son modèle de gouvernance défaillant et son wahhabisme rampant. Une posture idéologique et politique qui ne sera jamais soluble dans le terroir tunisien et le creuset de son histoire et de son modèle de société. Outre les différentes et non moins dissonantes prises de bec entre les faucons et les colombes, le parti Ennahdha évolue sur une autre ligne de distorsion, nettement idéologique cette fois-ci : En effet, Le parti ne semble pas capable de faire sa propre transition interne, de procéder à la synthèse de son héritage, de construire sa propre identité dans la mesure où il est encore partagé entre deux dimensions, à savoir le politique et la prédication. A un certain moment, les leaders sont tenus de trancher dans le vif et de définir une fois pour toute la nature de leur courant, un parti politique ou un groupement de prédication. Ce flou entretenu jusqu'ici altère le discours, l'image et la perception de ce parti et handicape sa marche à terme.
Ces deux facteurs de discordance (la guerre des ailes et la double vocation) pourraient être un levier, entre autre, permettant à Hamadi Jebali , le cas échéant, de lancer la « révolution culturelle » d'Ennahdha et de s'inspirer de la démarche de Recep Tayyip Erdogan pour opérer la mutation de son parti , du moins de son aile modérée, et le repositionner sur l'échiquier politique tunisien comme un parti militant au sein du système et non contre le système, se prévalant d'un islamisme pragmatique, ouvert et conciliable avec la laïcité et la démocratie et non d'une doctrine d'islamisation de la société. L'APK a proposé un autre discours que celui longtemps ressassé par le parti Refah (ancêtre de l'APK avant la scission) et son chef historique, Necmettin Erbakan, dont le projet consistait à islamiser par la force la société turque et à en renverser le système laïc, écartant ainsi sa branche dure et son projet fondamentaliste. A l'instar de Necmettin Erbakan, le chef du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, cristallisant plutôt l'aile dure, constitue le premier facteur de blocage dès lors qu'il décide de tout et tire toutes les ficelles tout aussi bien du parti que du gouvernement.
Pour mener à bon port le processus de mutation et de scission, faut-il, au préalable, que Hamadi Jebali soit convaincu que seule une approche progressive, intégrée et dépouillée de toute idée fondamentaliste a une chance d'aboutir, ayant à l'esprit que, hormis le modèle turc, toute les expériences islamistes ont essuyé des cuisants échecs. Il ne peut franchir ce fatidique pas sans adapter son discours, son programme et sa vision aux impératifs de démocratie, d'ouverture et de sécularisation. D'autant plus que le modèle de société et les acquis de la modernité, chers à la société tunisienne, fruits de deux siècles de réformisme, restent des lignes rouges.
Le cas échéant, Hamadi Jebali est appelé à s'appuyer, entre autres, sur ces piliers pour concevoir et construire son projet. La question qui se pose avec insistance : Est-ce que Hamadi Jebali serait en mesure d'assimiler et de restituer, en tenant compte des caractéristiques et pesanteurs de la réalité tunisienne, le même mode opératoire et la même rupture idéologique d'Erdogan ? Il est bien établi que le projet des faucons d'Ennahdha est articulé autour d'un agenda beaucoup plus islamiste que démocratique. Celle-ci n'est considérée que comme un tremplin pour prendre le pouvoir et non comme un mode de gouvernance. Ils ne semblent pas disposés à jouer le jeu démocratique et à accepter le principe d'Etat civil, d'alternance au pouvoir, d'égalité ou de parité.
Il ne s'agit point, loin s'en faut, de reprendre, au pied de la lettre, le modèle turc, tant de points de différence, et non des moindres, au niveau du dispositif constitutionnel, de la culture politique, de l'architecture institutionnelle, de la densité laïque, de la fonction militaire, du socle républicain et de la taille géographique, démographique et diplomatique. Il n'est pas question non plus de reproduire, à l'identique, le parcours et le projet du Parti pour la Justice et le Développement ou AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi), les deux partis, malgré leur contiguïté idéologique et leur souci de moraliser la vie publique, n'ont pas le même patrimoine et le même vécu, la plate forme d'expérience démocratique, le « vécu » institutionnel et le capital de gestion publique faisant défaut au parti Ennahdha.
En conclusion
En tout état de cause, et pour peu qu'il nourrisse le projet et croie à sa nécessité historique, la situation semble mûre pour que Hamadi Jebali opère cette transformation et immunise l'aile modérée de son parti contre l'enlisement extrémiste ambiant, dans le cadre d'une nouvelle formation politique, basée sur de solides fondations civiles où le droit séculier est bien consacré, dotée d'une culture démocratique bien implantée et de sa propre plateforme idéologique. Un ordre politique et idéologique qui rompt complètement avec le socle d'Ennahdha, s'inscrit dans la droite lignée du mouvement démocratique et moderniste tunisien et intègre le cadre représentatif tunisien.
Hamadi Jebali serait-il en phase avec un tel projet ? Son annonce de constituer un gouvernement technique et apolitique est certes un pas franchi mais ce dernier serait-il mu par les impératifs de mutation et de scission ci-dessus mentionnés ou tout simplement le fruit de manœuvres politiques que le contexte actuel tunisien de crise suppose ?!


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