Les observateurs des développements de la scène politique tunisienne ont, tous, été pris à contre pied, par les déclarations des représentants de Nidaa tounes et du Parti Républicain, par rapport à l'initiative de Hamadi Jebali. Ainsi, alors que le jeu des coalitions semblait se stabiliser, ne voilà-t-il pas que des représentants de ces deux grandes formations politiques, en l'occurrence, Ahmed Nejib Echebbi pour le Parti Républicain et Mohsen Marzouk pour Nidaa Tounes, sortent sur les médias pour créer la surprise, en annonçant la prise de distance de leurs partis de l'initiative du chef du gouvernement. Ahmed Nejib Echebbi a déclaré au micro de Mosaïque FM, qu'il n'était plus d'accord pour la constitution de ce gouvernement de technocrates, alors qu'il a été parmi les premiers à le revendiquer. Comme quoi, ce gouvernement doit obligatoirement bénéficier de la bénédiction de l'ANC et d'Ennahdha, ce qui reviendrait à dire que cette initiative ne sera jamais acceptée. De son côté, Mohsen Marzouk est allé plus loin, puisqu'il a déclaré sur les ondes de Shems FM, que cette initiative et la soi-disant querelle intestine qui secoue Ennahdha, n'est qu'une comédie qui insulte l'intelligence du tunisien, et qui se résume à une mise en scène pour blanchir Ennahdha de ses échecs et la replacer sur l'échiquier du pouvoir, sans en assumer la responsabilité en cas de naufrage. Si on ajoute à ces déclarations, celle du ministre de l'agriculture, Mohamed Ben Salem, hier sur un plateau TV, quand il répliquait à un autre invité qui attaquait la Troïka, en lui disant : « Il n'y a pas une seule troïka », avant de se ressaisir et d'ajouter, que la troïka a évolué en un groupe de cinq formations. Si cette dernière réplique laisse entendre qu'il y aurait une nouvelle Troïka en gestation, ne pourrait-il pas s'agir d'une coalition entre Ghannouchi et son ennemi juré, Béji Caïed Essebsi ajoutés à Ahmed Nejib Echebbi ? Ce scénario ne serait pas impossible, quand on sait qu'Ennahdha, a deux postes à proposer à ceux qui seraient d'accord pour l'aider à traverser cette mauvaise passe, à savoir la présidence de l'ANC, et la présidence de la république. Car Ennahdha en veut à mort à ses deux alliés d'un moment, qui ont osé la défier pendant les dernières semaines, en ce qui concerne Attakattol, et pour les prises de position rocambolesques pour Moncef Marzouki. C'est aussi, un scénario qui pourrait expliquer l'assurance dont fait montre Le Cheikh Rached Ghannouchi en répétant sur tous les médias, que cette crise allait bientôt se dénouer en aboutissant à la formation d'un gouvernement d'union nationale ou de consensus.