Il s'est vraiment mis dans de beaux draps, Abdellatif Abid, le ministre de l'éducation. Il a réagi en temps réel, un dimanche soir, qui plus est, pour donner une interview attablé à une table de café, pour annoncer que ce qui s'était passé la veille dans un lycée du côté d'El Menzah était inadmissible et choquant, et qu'il avait ordonné une enquête approfondie sur « l'incident » et qu'il allait sévir. Tout çà, parce que un groupe de lycéens, a organisé, en dehors des heures de cours, et à l'intérieur de l'enceinte du lycée, une petite séance de danse sur les airs du désormais célèbre, Harlem Shake. Venant d'un ministre, très vraisemblablement, sur le départ, et dont le parcours à la tête du département a été, le moins qu'on puisse dire, semé de divers scandales, à commencer par la fuite des sujets du baccalauréat, ce genre de comportement est à tout le moins incompréhensible. Se rendre la risée de tout le monde à l'intérieur du pays comme à l'étranger, se faire passer pour un dictateur qui refuse aux élèves leur droit à l'expression et à la décompression, s'attirer les foudres des élèves, des parents et des enseignants en même temps, il fallait le faire. On dirait un acte « gratuit » de kamikaze. Intervenant sur le plateau de la chaine Attounissiya, ce lundi soir, il s'est acharné à démontrer que ce qu'avaient fait les élèves était inadmissible et que çà portait atteinte à l'image de l'institution d'éducation. Il est même allé jusqu'à dire qu'il avait réagi à la demande « expresse » de nombreux parents et même élèves choqués qu'ils étaient parle sacrilège de cette danse. Il a précisé, que ces gens l'ont contacté de toute urgence, le dimanche en milieu de l'après midi, sur son téléphone portable, dont le numéro serait à la portée de tout le monde ! Ne dirait-on pas un kamikaze qui s'harnache de kilos d'explosifs pour se faire sauter en l'air ? Ou peut être que Si Abdellatif pensait qu'en s'y prenant de la sorte, il pourrait éventuellement gagner, in extrémis, les faveurs des décideurs en vue de lui réserver un poste dans le prochain gouvernement ? Il a, en cours d'intervention, tenu à préciser qu'il n'avait pas réagi avec une telle virulence lors des autres incidents perpétrés dans les écoles et lycées, commis par des salafistes et des bandes étrangères aux institutions, parce que dans ces cas là, la responsabilité ne lui incombait pas à lui ni à son département. Il n'allait, tout de même, pas faire le travail des autres à leur la place ! Et il a accusé les services de sécurité, qui avaient témoigné de trop de laxisme envers les groupes salafistes et ont failli à leur mission de protection des institutions scolaires. Et Vlan ! Pour un coup de Kamikaze, c'est un sacré coup de Kamikaze, et notre suicidaire aurait choisi de se faire sauter en emportant avec lui d'autres personnes, en l'occurrence, le ministre de l'intérieur, entre temps, promus chef du gouvernement !