Moncef Marzouki, installé sur le fauteuil de la présidence provisoire de la république par Ennahdha, aura tout fait pour satisfaire ses bienfaiteurs et s'assurer de siéger un maximum sur ce trône dont il n'a cessé de rêver depuis sa tendre enfance, avait-il avoué. Mais quand on est maladroit, on l'est irrémédiablement. Et quand on ne maîtrise pas ses émotions, et on se permet d'insulter ses concitoyens sur les plateaux de TV, avec une préférence aux chaines étrangères, il devient difficile d'assumer son rôle à la tête de l'Etat, tout provisoire et tout démuni de prérogatives qu'on est. Les bourdes que ne cesse de sortir Moncef Marzouki, auront fini par avoir raison de la patience et de la compréhension de ses « amis ». En voulant leur faire plaisir, Marzouki a bel et bien fini par causer tous les désagréments possibles aussi bien au vrai décideur de la scène politique qu'est le chef d'Ennahdha, qu'a ses bienfaiteurs de l'Emirat du Qatar. D'ailleurs, la réaction du désormais célèbre avocat qatari qui aurait accompli le miracle de ramener à la Tunisie le chèque récupéré sur les biens de Laila Ben Ali au Liban, était on ne peut plus éloquente. A peine Marzouki, s'était-il mis à vanter l'Emirat et ses régents, en menaçant ses propres concitoyens de représailles si jamais d'aventure il leur venait à l'idée de « déshonorer » l'Emir, que l'avocat devint blême, et a commencé à regarder de travers. On dirait qu'il cherchait un trou pour s'y faufiler et se cacher. C'est que fin connaisseur de la nature humaine, comme il est, l'avocat a tout de suite appréhendé la réaction du peuple tunisien à ces vociférations. La réaction ne s'est d'ailleurs pas faite attendre, et le Qatar comme son Emir ont été soumis à un feu nourri de la part des tunisiens, et même de citoyens d'autres pays arabes qui se sont sentis emportés par l'élan. Tout y passa, De la taille de l'Emirat, a celle de son Emir, en passant par celle de son appétit de pouvoir, qui l'a poussé à un certain moment, sous l'impulsion d'une nième épouse à renverser son propre père... Tout y passa. Même l'anecdote d'un certain chèque d'une valeur de 150 millions de Dollars qu'il aurait gracieusement offert à Ghannouchi. Finalement, en voulant bien faire, Marzouki a fini par mettre dans l'embarras ses amis, et est devenu pour eux, surtout pour Ennahdha, un fardeau de plus en plus lourd à gérer. D'un autre côté, il y a quelqu'un qui s'est fait oublier ces derniers jours, hormis une petite campagne publicitaire sur les réseaux sociaux attestant qu'il avait légué tous ses salaires aux victimes de la révolution. Il s'agit, en effet de Hamadi Jebali. Ghannouchi avait bien prédit un avenir politique radieux à Hamadi Jebali après sa démission de la tête du gouvernement. D'un autre côté, Jebali est bien côté aussi bien en Tunisie, par les citoyens et même par l'opposition, qu'à l'étranger, et notamment chez l'oncle Sam. L'oncle Sam qui, depuis le départ de Jebali semble devenir plus réticent en matière de support au processus en branle en Tunisie. Et puis, des caméras indiscrètes ont bien immortalisé la visite ces derniers jours au Qatar de Jebali, où il aurait été traité avec les égards dus à un chef d'Etat. Alors oui ! Pourquoi pas ? D'ailleurs, l'occasion se prête tellement bien au remplacement de Marzouki objet d'une motion de censure à l'ANC, par Jebali qui bénéficie d'un plus large consensus. Attendons donc de voir comment vont voter les élus d'Ennahdha sur cette motion de censure !