La dernière rencontre, à Paris, entre les deux dinosaures, BCE et RG, si elle a apporté de l'eau aux moulins d'Ennahdha, n'en a pas moins constitué un coup dans l'édifice, l'audience et le discours du Front du Salut National. En effet, ce dernier a conditionné tout dialogue avec Ennahdha à la dissolution préalable du gouvernement. De ce point de vue, BCE a fait une entorse à cette condition et fragilisé son propre camp. De quel droit s'est-il permis de tordre le coup à cette position de principe à laquelle tous ses partenaires se sont pourtant conformés? Il y a d'autres manières, certainement moins suspicieuses et insidieuses, pour se montrer homme de consensus. Les péchés mignons de BCE sont parfois de véritables bombes à retardement. Depuis quelques temps, il en use à profusion. Il raffole de l'idée de faire la pluie et le beau temps. Il faut dire que BCE est passé maitre dans l'art de surprendre partisans et adversaires, de tenter les feintes et les contre-pieds. Il aime toujours faire cavalier seul, souvent au grand dam de ses partenaires, ses partisans et ses sympathisants. Il n'est pas à sa première sortie de route. Bien au contraire. On dirait qu'il adore emprunter les trottoirs glissants de la politique. Il semble que BCE a perdu en quelque sorte la main, ne maitrise plus les virages, toujours emporté par son désir de mener la course et la dance. Tour à tour, El Massar, El Jomhouri et le front populaire ont essuyé ses piques et encaissé ses frasques. En réparation, il a la dextérité de trouver le mot juste pour gommer ses errements. Comme un vieux chat, il sait retomber sur les pates. Bajbouj ne passe pas inaperçu. Sinon il en choperait une grosse migraine. On l'aime ou on ne l'aime pas, mais partisans et adversaires en parlent à tort ou à raison, mais quand même on en parle à longueur de journée. BCE en tire un solide motif de satisfaction. Si la couverture médiatique accuse une dépression, il est capable de ressortir un autre tour de son sac pour soit amuser la galerie ou souffler sur le feu de la controverse. Imperturbable dans sa quête de squatter le haut de l'affiche et de vampiriser la lumière. BCE ne respire que sous le feu des projecteurs. Comme on n'apprend pas les grimaces à un vieux singe, on n'apprend pas à BCE comment rester au firmament de l'actualité. Il adore ameuter la foule et secouer le cocotier à sa façon. Rompu à l'art de la pirouette, maniant bien le sens de la formule, il n'éprouve aucune gène à se contredire ou à se mêler les pinceaux, le tout sur un fond d'humour et de sagesse affectée. Tantôt autoritaire, tantôt tribun, tantôt taquin, il a une pêche d'enfer et une faconde bien trempée. Malgré tous ses égarements et ses mots parfois acides, personne ne peut lui enlever la volonté de réunir, de nourri un discours de mobilisation et chercher les compromis les plus inaccessibles. Il n'aime pas trop les sentiers battus même s'il raffole des lieux communs. En revanche, il a une sainte horreur de ne pas défrayer la chronique, quitte à se tirer une balle dans le pied comme le pied de ses partenaires. Il n'en hésite pas à mélanger le bon grain avec l'ivraie, les serviettes avec les torchons pour peu qu'il puisse gravir le toit de la Tunisie et se reluquer le portrait dans tous les JT. BCE ne mourra pas quand il décédera, il passera l'arme à gauche quand on n'en parlera plus!! Incorrigible et non moins increvable Bajbouj!!