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Le nouveau Régent de Carthage ou la diplomatie de sous-traitance
Publié dans Tunisie Numérique le 07 - 10 - 2013

D'abord, une citation pleine d'a propos et de lucidité de Charles Maurice de Talleyrand : « Il y a une chose plus terrible que la calomnie, c'est la vérité ».
Les sorties de routes diplomatiques de Moncef Marzouki ne se comptent plus, même en utilisant les doigts et les orteils. Il en fait la funeste collection. Un catalogue de bourdes indigne de la Tunisie, de son histoire, de son peuple, de son héritage et de sa révolution. Ses prises de position, qu'il s'empresse de rendre publiques, généralement sans prendre la peine de consulter le Ministère des affaires Etrangères, ternissent davantage l'image de la Tunisie et gaspillent son capital diplomatique que des générations entières de diplomates ont longuement œuvré pour nourrir et faire fructifier, malgré le manque de moyens et le couperet des contraintes nationales.
Encore une fois, le divin chauve remet sur la table sa proposition d'accorder l'asile politique au président syrien Bachar al-Assad. La première fois, la Russie lui a remonté les bretelles. Il s'était tiré une balle dans le pied. Tout le monde en a fait des gorges chaudes. Il n'en a cure, il dégaine de nouveau et recrache la même rafale. Au moins, il a la suite dans les idées...noires ! Ne s'est-il pas fendu d'un communiqué, en Février 2013, condamnant fermement le dernier essai nucléaire de la Corée du Nord, considéré comme une menace contre la paix et la sécurité dans la région, poussant la hargne jusqu'à traiter de voyou le régime en place à Pyongyang, pays qui n'a jamais menacé la Tunisie, bien au contraire. Pourrait-on passer sous silence ses critiques incendiaires, à peine voilée, contre la monarchie marocaine, en juillet 2012, ou l'échec cinglant et non moins humiliant concernant la tenue, à Tunis, du Sommet Maghrébin, dont le président de la république a fait le clou de son mandat, pour avoir osé un passage en force, sans aucune coordination régionale préalable sur la date et l'ordre du jour. Les Chefs d'Etat maghrébins n'ont pas trop goûté un tel fait accompli. Les chancelleries maghrébines rigolent encore de l'idée saugrenue portant sur l'ouverture unilatérale des frontières tunisiennes au mouvement des personnes et des capitaux maghrébins, mesure annoncée sans étude ni réflexion interne et, encore moins, sans concertations préalables avec ses partenaires maghrébins. Qui peut oublier les menaces et les envolées acerbes de Moncef Marzouki contre l'opposition tunisienne ou contre quiconque proférant une critique contre Qatar.
Non satisfait de sa ténébreuse prestation, il remet une nouvelle couche et fait maintenant le lit d'une crise diplomatique avec l'Egypte et les Emirats Arabes Unis, en appelant à la libération du président destitué Mohamed Morsi et ce qu'il considère comme prisonniers politiques, ce qui est en soi une forme d'ingérence. D'ailleurs, le bruit court que l'Arabie Saoudite, le Koweït et le Bahreïn, grincent des dents et comptent en faire de même. Au lieu d'œuvrer à désamorcer les mines anti-personnelles et les bombes à retardement (violence galopante, appels au meurtre, assassinats politiques, crise économique, chaos social, blocage politique, guerre contre les libertés, faillite sécuritaire, chaos,....) qui infestent la Tunisie, le président de la république, complètement déconnecté de la réalité tunisienne, toujours coincé dans sa bulle, multiplie les farces et amuse la galerie.
La diplomatie est avant tout un exercice de proximité dont la dimension régionale est le premier vecteur. Comble du paradoxe, ce sont bizarrement les pays arabes, toujours à la tête du client et selon une attitude de laquais, qui ont le plus souffert des sorties de route du président Marzouki. Il est tout aussi contreproductif qu'irrecevable, d'un point de vue stratégique et politique, d'agir et de prendre position sans tenir en ligne de compte cet important élément régional. Aucun recul et aucune vision, rien qu'une posture de grand écart et de navigation à vue. A ce titre, et à certains égards, président Marzouki, bouché à l'émeri, ne veut entendre que sa propre voix, ne consulte personne, honnit toute idée de coordination. Il est le seul maitre à bord et entend le rester. Un vrai phénomène cathodique. Comme disait, encore une fois, Talleyrand : « Il croit qu'il devient sourd parce qu'il n'entend plus parler de lui ». Dans son esprit et dans sa gestion de la diplomatie tunisienne, le Ministère des Affaires Etrangères n'est pas un partenaire mais juste un faire-valoir, un pompier de service parant au plus pressé, en soubrette chargée de nettoyer les retombées fumeuses de la casse et de sauver un tant soi peu les apparences.
Il est clair que Moncef Marzouki pratique la diplomatique non en homme d'Etat mais en militant politique. Il n'a jamais fait la part des choses ou agi en président de la république. Certains diraient qu'il s'agit là d'un homme de principe, défendant ses convictions là où il se trouve et d'une nouvelle approche diplomatique, coupant avec les anciens réflexes. Cela ne tient pas debout, la fonction de chef d'Etat a ses règles, ses pesanteurs et son propre champ de mouvement. D'ailleurs, peut parler d'un nouveau style de gouvernance quand l'action est incompatible avec l'intérêt supérieur du pays ? Dans sa conception de la diplomatie, Moncef Marzouki cherche avant tout à passer pour un bon élève de la communauté international, de l'occident en particulier et des hideuses monarchies du Golfe à un degré moindre. Otage d'un agenda incompatible avec les intérêts et les fondements de la diplomatie tunisienne et d'une méthode de gouvernance egocentrique, pompeuse et défaillante, le président Marzouki n'a cessé de faire virer, dériver et évoluer à contre nature et à contre sens la politique extérieure.
Sous sa conduite, l'effet d'annonce et l'offensive de charme ont pris le pas sur la riche tradition diplomatique tunisienne, ses constantes, son capital et son héritage, discréditant le pays et la présidence. La gouvernance diplomatique, telle que mise en œuvre par le président Marzouki, a essuyé de vexants revers, accomplissant l'insigne performance de rendre copie blanche dans tous les domaines de son exercice diplomatique. Les piliers de neutralité, d'ouverture et de modération, ancrés au cœur même de la diplomatie tunisienne ne sont plus qu'une feuille de vigne et l'arbre qui cache une forêt d'inepties et de maladresses. Ces constantes ayant longtemps structuré la diplomatie tunisienne ont été reléguées au profit d'une nouvelle approche qui se veut agissante mais qui n'est en fait qu'un levier de sous-traitance. Dans ce cadre, quel est vraiment l'intérêt de la Tunisie de mettre les doigts dans les engrenages de la guerre d'alliances et d'axes et de la course meurtrière au leadership mondial qui sévissent actuellement à travers le monde? Pourquoi piétiner l'image de neutralité, d'équilibre et de pondération que la Tunisie a fermement et fièrement construite, à travers les générations et les époques, pour choisir un camp, désigner un ennemi, afficher un parti pris, sans aucune contrepartie, dans des dossiers où les enjeux géopolitiques et économiques dépassent de loin notre pays? N'est pas stratège qui veut !
Berceau de ce qu'on appelle « le printemps arabe », la Tunisie de la Troïka est passée complètement à côté d'un gisement de bénéfices. En effet, la révolution tunisienne a offert au pays de vastes horizons de rentabilité d'ordre aussi bien politique qu'économique et de réelles opportunités de gain et de rayonnement. Fruits de la révolution qu'il aurait suffi de tendre la main pour les cueillir, ce ne fut pas malheureusement le cas. Le statut de pionnier, le capital sympathie, le croissant réseau d'amis, la disposition des partenaires, bilatéraux ou multilatéraux, à soutenir la transition démocratique ont constitué tout autant d'atouts qu'il a fallu utiliser en temps utile et à bon escient. A contre pied de tout bon sens et de toute logique d'investissement, aucune stratégie nationale n'a été mise sur pied pour pouvoir, à terme, écrémer les dividendes, pourtant à portée de la main, et valoriser le vif et non moins large engouement mondial en faveur de la Tunisie. Un fiasco assourdissant sur toute la ligne. A ce sujet, la responsabilité première des trois présidences, notamment Carthage, de par sa compétence en la matière, est lourdement engagée.
Maintes raisons expliquent ce terrible naufrage: Des considérations personnelles intrinsèques, des manquements professionnels, des courses au leadership, des frictions d'egos, des conflits d'attributions, des défaillances institutionnelles et des dérives politiques et partisanes ont précipité l'insuccès que, par contre, rien ne justifie ou ne suppose. Aujourd'hui, le gouvernement fait les portes des institutions financières internationales et des pays frères et amis pour quémander une aide en vue de boucler le budget. D'aucuns classent cet affligent ratage au rang de crime contre le pays, contre son peuple, contre sa révolution et contre son avenir.
En conclusion, en matière diplomatique, le président Moncef Mazouki s'efforce de faire bonne figure à l'échelle internationale alors que, sur le plan interne, le visage politique et institutionnel qu'il arbore ne brille guère que par ses rides, ses rictus et ses contusions. Il est parfois utile de se répéter. Le président Marzouki a façonné la diplomatie tunisienne à sa taille et à son image : lunatique, imprévisible, Introvertie, sans éclat ni profondeur ni épaisseur. On ne le dira jamais assez.


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