Retranché et silencieux depuis un moment, Hamadi Jebali serait-il l'outsider d'Ennahdha? Associant la démission du gouvernement Lâaryedh à un sacrifice inestimable, il semblerait que le mouvement islamiste songe à obtenir une sorte de réparation à ce préjudice car il est un revers pour un mouvement pensant se maintenir au pouvoir de céder ses rênes après un bal de tergiversations. Selon le journal « Achourrouk », Ennahdha lorgnerait sur le palais de Carthage après avoir légué la Kasbah. Plusieurs cadres du mouvement islamiste pensent, en effet, qu'en récupérant le palais de Carthage, ils continuerait de peser de tout leur poids et d'influer durablement la politique du pays. Etant sous l'emprise de l'ANC, le palais de Carthage apparait comme la compensation parfaite pour le mouvement de Rached Ghannouchi. Dans ce cas de figure, le président provisoire, Moncef Marzouki, fait office du bouc émissaire idéal. Embourbé dans la polémique du livre noir et boudé par l'ensemble de la classe politique, Marzouki est une épine dans le pied d'Ennahdha dont elle fera bien de s'en affranchir. Une fois l'hypothèse soulevée, il faut réfléchir à un successeur mais pour Ennahdha, c'est tout réfléchi. Toujours selon « Achourrouk », Ennahdha tient déjà son atout, son secrétaire général, Hamadi Jebali, Depuis son retrait de la scène politique et sa démission en pleine tourmente politique, Hamadi Jebali apporte du crédit à une opinion défiante et est l'une des personnalités les plus populaires. Applicable d'un point de vue juridique, la destitution de Marzouki est une des dispositions prévues par l'organisation provisoire des pouvoirs publics. Dans son article 10, l'OPP stipule que » L'Assemblée nationale constituante choisit le Président de la République, par vote secret, à la majorité absolue de ses membres, parmi des candidats parrainés par au moins 15 membres de l'Assemblée nationale constituante. Quant à l'article 13 il stipule que « L'Assemblée nationale constituante peut révoquer le Président de la République de ses fonctions par une décision approuvée, au moins, par la majorité absolue des membres de l'assemblée, et ce suite à une demande motivée, soumise au président de l'assemblée par un tiers des membres, au moins ». Ceci étant dit, une question nous taraude l'esprit, s'agit -il encore d'une simple velléité exprimée par des cadres farouches voyant d'un mauvais la démission de Lâaryedh ou est ce la contrepartie exigée par Ennahdha?