C'est grave ce qui se passe en Tunisie. Grave qu'on nous tue nos enfants sous les yeux. Grave qu'on nous gâche nos Ramadans par ces tueries qui se suivent et qui se ressemblent. Grave que le tunisien arrive à accepter cet état de faits avec, presque, de la nonchalance. En effet, quelques uns de nos meilleurs bonhommes viennent de tomber au combat. Martyrs d'une nation qui ne les mérite même pas. Car suite à cette tuerie, on a pu constater que les tunisiens ont continué à vaquer à leurs occupations ramadanesques, comme si de rien n'était. Absolument, les bonnes dames sont restées vissées à leur écran TV pour suivre les péripéties des protagonistes des feuilletons extravagants qu'on a bien voulu leur distiller cette année. Les hommes, ou plutôt, les mâles, sont partis au café comme à l'accoutumée. A peine pouvait-on entendre çà et là, des commentaires sur ce qui s'est passé deux heures auparavant, comme s'il s'agissait d'un simple fait divers qui s'est produit sous d'autres cieux. A peine la série des feuilletons achevée, les dames se sont précipitées sur les boutiques à la recherche d'habits neufs pour leur progéniture, sans même une pensée évasive aux enfants qui venaient de perdre celui qui devait leur acheter les habits de l'aïd. Mais ce qui est encore plus grave, c'est que la multiplication des actes terroristes, et leur implacable « efficacité », laissent perplexes. Ces foutus barbus ont démontré qu'ils pouvaient frapper quand ils le voulaient et où ils le voulaient, en réussissant toujours leur coup, et surtout, en réussissant toujours à prendre la poudre d'escampette sans se faire prendre ni même se plaindre de la moindre écorchure. Si ceci témoigne d'une chose, c'est encore plus que l'équipement de plus en plus sophistiqué dont disposent les terroristes, et que leur entrainement poussé, de la mauvaise préparation de nos hommes et surtout leur mauvais encadrement. Ils semblent en effet, livrés à leur sort, sans l'équipement qu'il faut, ni les précautions qui s'imposent. Et surtout qu'on ne nous dise pas qu'on ne s'attendait pas à ce que les terroristes usent de lance-roquettes ! Car tout le monde sait, et depuis longtemps, qu'ils disposaient de ce type d'armement, et d'encore plus. Et des saisies ont même été faites qui confirmaient la nature d'armement des groupes jihadistes. En plus tous les services de renseignements étaient unanimes à prédire des attaques du genre, pour la troisième semaine de Ramadan. Et malgré tout çà, nos hommes se sont laissé surprendre par l'attaque meurtrière. Et dire que pas plus tard qu'il y a deux jours, on prétendait que l'Etat major des armées et la hiérarchie de la sûreté étaient en conclave et avaient préparé un plan d'action pour nettoyer les montagnes de l'ouest tunisien. D'un autre côté, tout le monde n'a pas cessé d'avertir que les barbus adoraient sévir au moment de la rupture du jeûne et qu'il fallait redoubler de vigilance en ces moments là, mais rien n'y a fait, semble-t-il. Car ces messieurs du commandement ne voulaient surtout pas rater leurs iftars en famille, pour se mêler à leurs troupes pour les motiver et pour contrôler le degré de leur préparation. Pourtant, il fût un temps, où tout l'Etat major des forces de sécurité s'est mobilisé suite à une attaque meurtrière d'un poste frontalier, en étant présents sur les frontières de façon quotidienne au moment de la rupture du jeûne, ce qui avait permis, alors, de neutraliser le groupe qui essaya de réitérer l'attaque, et qui se heurta à un groupe éveillé et en garde, qui a su le repousser. Pour toutes ces raisons, ce qui se passe est grave, gravissime même, et la moindre des choses à laquelle on puisse s'attendre, c'est une réaction de la part des décideurs. Et pas n'importe quelle réaction. La réaction qui s'impose pour beaucoup moins que çà, c'est la démission ! A commencer par le chef suprême des forces armées, à qui on doit le chambardement à la têtes des trois armées, qui a conduit à cet état de choses, en passant par le chef du gouvernement de technocrates qui a failli dans sa mission principale, celle d'assurer la sécurité de ses citoyens et de ses agents, pour arriver aux « super ministres » en charge de la sécurité et de la défense nationale, pour manquement grave à leur devoir. Mais la démission ne peut constituer qu'une partie de la solution qui doit s'achever par la mise en place d'une équipe vraiment capable de diriger les opérations de lutte contre le terrorisme, et surtout par l'ouverture d'enquêtes sérieuses pour arrêter les responsabilités de tout un chacun dans ce qu'il est advenu de notre beau pays !