Les tunisiens viennent de recevoir, en guise de cadeau de Noël, un sinistre enregistrement vidéo, œuvre, parait-il, de quelques terroristes tunisiens expatriés en Irak. Il s'agirait, en l'occurrence d'un certain Aboubaker Al Hakim, un franco-tunisien, recherché depuis des lustres pour faits de terrorisme, et plus spécialement pour sa présumée responsabilité dans les deux meurtres politiques qui avaient secoué la Tunisie, à savoir, les assassinats en plein jour, et devant chez eux, des martyrs Chokri Bélaïd et Mohamed Brahmi. D'ailleurs, si l'on se rappelle bien, à un certain moment, « on » a voulu faire croire aux tunisiens que les dossiers de ces deux meurtres ont été clos avec la mort de l'assassin présumé, Kamel Gadhgadhi, dans l'assaut donné par les forces de sécurité sur sa cache du côté de Raoued. Mais il parait que ce dossier a, décidément, la peau dure, et certains, dont notamment, les familles et amis des deux victimes, ont la fâcheuse manie de vouloir encore et toujours, remuer l'histoire et la faire remonter à la surface. Et toutes les quelques semaines, ils avaient des documents et des preuves à faire valoir, et organisaient conférence de presse sur conférence pour dénoncer certaines complicités au sein même de l'appareil sécuritaire, et pour exiger l'audition de tel ou tel responsable par la justice, et pour déplorer que tel ou tel suspect n'ait pas été mis en état d'arrestation... Et à chaque fois, c'était toujours la même rengaine, toutes les insinuations et accusations à peine masquées pointaient des doigts les responsables de la Troïka d'alors, et surtout, sa branche islamiste d'Ennahdha. Et puis, ne voilà-t-il pas que Béji Caïed Essebsi, annonce en guise de promesse électorale, qu'il va faire des dossiers de ces deux assassinats et de la découverte de toute la vérité autour d'eux, une affaire personnelle. Et comme si cela ne suffisait pas, il a fallu que les amis des défunts reviennent à la charge, pile maintenant, pour annoncer d'autres coups de théâtre et d'autres révélations fracassantes concernant l'évolution de l'enquête, ce qui laissait, sérieusement craindre que l'étau se resserrait désespérément autour des assassins, et plus spécialement autour de leurs donneurs d'ordres. Et laissait craindre que dans le cas où BCE allait être élu à la présidence, çà ne promettait rien de bon pour les coupables. Et çà commençait, sérieusement, à sentir le roussi. Sauf que voilà que la providence se mêle de l'affaire et de quelle manière ! En effet la providence a, on ne sait comment, convaincu Abubaker Al Hakim de poser devant une caméra pour revendiquer le plus simplement du monde les deux meurtres, blanchissant du coup, ceux qui craignaient d'être mêlés à cette affaire, et se permettant, par la même occasion de proférer des menaces aux tunisiens, histoire de rappeler à ceux qui auraient la mauvaise idée de vouloir trop remuer certains dossiers, que ces assassins ont le bras long. Sacrée providence qui sait, quand elle veut, si bien faire les choses ! Voilà, du coup de quoi donner à certaines parties, un sacré bol d'air frais, car ils vont pouvoir respirer, et ne plus trop craindre une quelconque accusation, du moment que les ténébreux guerriers de l'apocalypse ont daigné « endosser » la responsabilité des assassinats. Sauf qu'avec l'esprit tordu qu'ont acquis les tunisiens depuis quelques années, rien n'est pour autant gagné ! Car ces sacrés tunisiens pourraient se dire que cette revendication qui tombe on ne peut plus à point nommé, pour disculper certaines parties, pourrait n'être qu'une mise en scène, justement pour écarter tout soupçon des commanditaires des crimes, qui auraient pu, comme pour donner les ordres de tuer, donner d'autres ordres pour revendiquer ces meurtres. Bref ! Sacrée providence qui tombe on ne peut mieux, et sacrés tunisiens aux quels on n'arrive, décidément, plus à faire avaler quoi que ce soit !