La relation entre le Front populaire, coalition de gauche menée par Hamma Hammami, et Nidaa Tounès, parti majoritaire au sein de l'Assemblée des représentants du peuple semblait sur le point de tanguer. Les tergiversations du Front populaire à trancher, dans un premier temps, leur soutien au nouveau président de la République, Béji Caïed Essebsi, et leur position vis-à-vis d'une éventuelle participation au gouvernement de Habib Essid cristallisent aujourd'hui les tensions entre les deux partis dont l'alliance paraissait pourtant naturelle. Ayant en commun la même vision sociétale et se situant du même côté de l'échiquier politique, l'alliance entre Nidaa Tounès et le Front populaire ne faisait guère l'ombre d'un doute si bien qu'a l'apogée de la crise politique en Tunisie, les deux partis ont œuvré ensemble sous la bannière du Front du salut pour éviter le précipice au pays. Pourtant, la volonté commune des deux partis de barrer la route au retour de la Troïka lors des campagnes pour les élections législatives et présidentielles n'aura pas suffi à enterrer les divisions centrées essentiellement sur la place à accorder aux symboles de l'ancien régime, l'orientation sociale et économique et la faculté à faire toute la lumière sur les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. La critique cinglante du président du bloc parlementaire du Front populaire, Ahmed Seddik, le quel a estimé que l'arrestation d'un responsable sécuritaire impliqué dans l'assassinat de Mohamed Brahmi n'en dit pas clair sur la détermination du pouvoir actuel de résoudre définitivement l'énigme des assassinats politiques, laisse pantois toute partie ayant parié sur l'entente entre Nidaa Tounès et le Front populaie. En émettant ses réserves sur la nomination et le rôle de Habib Essid, le Front Populaire laisse entendre, in fine, qu'il sera sans concessions avec le prochain gouvernement. Selon le journal londonien « Al Arab », l'intransigeance et le manque de pragmatisme de la coalition de gauche a irrité le président de la République, qui malgré ses multiples appels du pied, s'est trouvé confronté au nihilisme du Front populaire. Le journal ajoute que cet équilibrisme consistant tour à tour à vouloir écarter Ennahdha et à réclamer un nouveau départ sans définir sa destination a ouvert un boulevard au mouvement islamiste. Le quel exerce pleinement sa pression pour intégrer le prochain gouvernement et conforter sa place de deuxième force politique.