La Tunisie commémore aujourd'hui le 77ème anniversaire des événements du 9 avril 1938, communément appelé « fête des martyrs ». Des manifestations sanglantes s'étaient soldées par 22 morts et 150 blessés. Les événements du 9 avril ont marqué un tournant majeur dans la libération du joug du colonialisme. Manifestations inédites qui virent pour la première fois l'entrée des femmes aux manifestations et aux rassemblements et accentuèrent la force de nuisance du « néo-destour » pour le protectorat français. Deux manifestations, conduites respectivement par Ali Belahouane et Mongi Slim, et appelant à la création d'un parlement tunisien, sont réprimées dans le sang. La première a pour point départ la place d'El Halfaouine et la deuxième Rahbet El Ghnam. D'autres manifestations convergent vers Dar El Bey. Haranguant les foules et les exhortant à passer à l'action, Ali Dargouth se mue en grand tribun. Les manifestants se dirigent vers la maison de Habib Bourguiba pour recevoir des instruction et Ali Belahouane est appelé devant le juge d'instructions. Les forces de l'ordre chargent et mobilisent leurs forces. Les manifestations montent crescendo et dégénèrent. Le bilan s'élève à 22 morts et 150 blessés. Le néo-destour est dissous et entre dans une action clandestine. Les icônes de l'indépendance sont traduits devant le tribunal militaire pour complot contre la sûreté de l'état. Il y a quatre ans, une autre guerre de libération a vu tomber d'autres martyrs. Et la Tunisie, toujours déployée sur le front de la guerre contre le terrorisme, n'a pas fini de compter ses morts.