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Devoir de mémoire envers tous les martyrs de Tunisie
Publié dans L'expert le 11 - 04 - 2011


Pourquoi pas le 17 décembre de chaque année ?

Comment sommes-nous venus à la journée dramatique du 9 avril 1938, communément célébrée en Tunisie par la fête des martyrs et dont le monument imposant de Séjoumi lui est érigée ? Ce bref travail a pour but d'exposer d'une façon synthétique l'instauration d'un processus qui a aboutit à ces incidents célébrés annuellement en Tunisie, en cette année (2011) c'est le 73ème anniversaire. Aussi, pourquoi précisément le 9 avril est commémoré comme étant et par excellence la « fête des martyrs » ? Les raisons de ce choix pensons-nous partisan voire purement politique demeurent toutefois méconnues sauf par ceux qui l'ont instauré: une ouverture et un débat constructif sur ce choix nous sera d'une grande utilité.

La marche vers l'affrontement
De nombreux événements avaient, au préalable échauffés les esprits et catalyser la lutte nationaliste surtout celle prônée par le Néo-Destour, de loin le parti ayant le plus d'adhérents sur la scène politique tunisienne dans la deuxième moitié des années trente. Dans ce sens, il est à signaler que l'année 1937 a été décisive en Tunisie dans la mesure où elle a été marquée par des faits majeurs :

- La réunion du congrès du Néo-Destour et la tendance vers l'intensification de la lutte surtout après la démission du Docteur Mahmoud Materi, élément modéré du parti. Les événements de Bizerte ont été à cet égard déterminants et poussa bon nombre de militants à la radicalisation à l'exemple de Slimen Ben Slimen, Salah Ben Youssef, appuyés par d'autres militants tels que Hédi Nouira, Youssef Rouissi Ali Belhouane et bien d'autres. L'éviction de Belgacem Gnaoui de la Confédération Générale du Travail et la mise de Hédi Nouira à sa tête après son congrès extraordinaire le 29 janvier 1938. Ces événements avaient dans une large mesure confirmé -aux regards des autorités françaises de Tunisie- l'instauration d'un bloc nationaliste solide qui ne cessera de changer foncièrement ses méthodes de lutte politique en se radicalisant;

- La radicalisation d'autre part aussi de la répression gouvernementale française devant les revendications nationalistes tunisiennes. Ainsi, la presse fut sévèrement contrôlée et censurée, toute manifestation ostentatoire (drapeau, banderoles…) fut prohibée. Ce climat de répression favorisera sans doute une marche implicite vers la confrontation.
C'est donc dans ce climat tendu de part et d'autre et où aucune partie ne voulait concéder de ses droits, que les choses allaient s'altérer et déclencher une confrontation sanglante un certain 9 avril 1938.

Préambules des incidents
Face aux restrictions étouffantes des libertés individuelles et celles inhérentes au droit d'expression, le Néo-Destour décida d'engager une manifestation « monstre » le 8 avril 1938 afin de prouver la capacité du parti à mobiliser ses militants. Vu la réussite de la première, le Nèo-Destour décida d'engager une deuxième manifestation pour le 10 avril 1938. Tout prêtait à croire que les préparatifs allaient bon train, lorsqu'une rumeur circulait que Ali Belhouane fut traduit devant le procureur le 9 avril. Militants comme population, avaient afflué massivement devant le Palais de Justice afin de s'enquérir de la réalité de la chose. Les forces de gendarmerie érigèrent alors des barricades sous forme de barbelés croyant à un débordement populaire contestataire. La confrontation a été déclenchée entre les gendarmes armés et une population civile qui n'avait que la force de ses bras et quelques armes blanches. Le bilan fut de 22 tués et plus de 100 blessés. Côté officiel à l'époque et peut-être pour haranguer les sentiments nationalistes, le bilan avancé fut de 150 morts, hypothèse largement appuyée par l'Italie fasciste qui ne manquait pas d'enfoncer le couteau et montrer des signes de compassion et d'appui aux revendications nationalistes : pure spéculation ! Le bilan fut bel et bien de 22 morts.

Le 9 avril : ses impacts
Les autorités du protectorat cette fois-ci avaient pris les choses très au sérieux; on ne se trouvait plus cette fois en présence de quelques mouvements disparates locaux liés à une conjoncture économique, politique, sociale ou autre. La propagande destourienne avait atteint toutes les couches de la population et, cette fois, le malaise était cette fois-ci profond. L'irruption d'un tel mouvement sur la scène politique, rendait les autorités du protectorat perplexes face à une contestation qui ne cessait de s'amplifier parmi les différentes classes de la société tunisienne, qui réclamait désormais ses droits par la violence et non plus par les canaux d'expression habituels tels que la presse ou les syndicats ou les partis politiques légaux.

Au lendemain des incidents, l'état de siège fut décrété, 19 inculpés présumés être les têtes pensantes du mouvements furent arrêté (Bourguiba, Ben Youssef, Ben Slimen, Slim…). Le Néo-Destour fut dissous le 12 avril. Il est à signaler que l'atmosphère particulière du va-t-en-guerre de l'Europe pendant cette période (Munich, l'annulation sine die de l'accord Laval-Mussolini qui avait régler le contentieux franco-italien) et la chute du Gouvernement du front populaire étaient des signes avant-coureurs de la faiblesse de la France et l'imminence d'un conflit armé. Les « durs » du parti, dont Bourguiba, ne pouvait que donner son aval à leur lutte pacifique il faut dire, n'ont pas imaginé l'irruption des « masses » populaires sur la scène politique avec cette violence dont ils ne pouvaient contrôler ni ses impulsions ni son étendue.

La conséquence immédiate de ces incidents fut sans doute l'entrée en hibernation du principal parti tunisien à l'époque et son passage dans la clandestinité. Des bureaux politiques clandestins avaient alors pris le relais de l'action politique alors que les principales personnalités politiques du parti étaient emprisonnées en attendant leur traduction devant un tribunal militaire. Le soutien escompté des autres partis et représentations politiques tunisiens étaient timides, voire hostiles. Le lieutenant colonel Guérin de Cayla Commissaire du gouvernement, a formulé le chef d'accusation suivant contre le Bureau politique du Néo-Destour: « complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat ». Jugée par un tribunal militaire, cette affaire devait emmener les condamnés au peloton d'exécution. « Quelle a été, lors de ces événements, l'attitude de nos amis politiques? Tous ou presque tous nous avaient lâchés. Les colonialistes avaient fabriqué un faux: « la lettre d'Anfunso » pour couler aux yeux de ces derniers et pour frapper un grand coup contre le Parti. Dans cette lettre, nous passions pour des agents de Mussolini. Les socialistes, avec Duran-Anglivel en tête, seront les plus acharnés à nous piétiner. (Slimen Ben Slimen, Souvenirs politiques).

La direction du Parti Communiste Tunisien (PCT) avait non seulement refusé de participer à la manifestation du 9 avril, de plus elle l'avait condamnée. Le communiqué de la réunion du Bureau Politique du 7 avril (...) considère que l'incitation à la sédition civile et militaire et les signes de soutien aux mouvements fascistes, sont considérés par le Bureau Politique comme une trahison de la Patrie. Cette décision de ne pas participer à la manifestation du 8 avril et de se mettre à l'écart du mouvement populaire protestataire va isoler le Parti Communiste Tunisien de la mouvance générale de l'opinion publique. Quelques chefs du Néo-Destour ont été accusés par le Parti Communiste Tunisien de refuser de payer les impôts. Il faut dire que la base de ce parti s'est foncièrement distinguée de ses dirigeants en affirmant et en manifestant sa solidarité avec les victimes des événements du 9 avril.

L'Archéo-Destour, supposé défendre la cause nationale, s'était lui aussi dissocié de ces événements. Selon Abdelaziz Thâalbi, la responsabilité du 9 avril était partagée moitié par les dirigeants néo-destouriens qui avaient commis de véritables enfantillages en excitant le peuple, à en juger d'après leur propagande, moitié par l'Administration responsable qui aurait dû intervenir plus tôt pour réprimer»[1]Loin des tendances partisanes de Bourguiba, en réalité, deux tendances se sont développées au sein de l'Archéo-Destour :

Les durs d'une part avec Chedli Khalladi, Moncef el Mestiri et Salah Farhat, estimeraient que le Vieux-Destour ne doit pas se solidariser avec les Néo-Destouriens, seuls responsables de la répression qui commence à voir le jour

-Un autre groupe, avec Thâalbi, Ali Kahia et Chedli Khaznadar considérant la situation du point de vue purement tunisien, estimait que dans les circonstances actuelles le Vieux parti devrait prendre position et même entrer en action en faveur des Néos. Cependant, le 11 Avril, le Comité exécutif du Vieux Destour qui désapprouve l'activité néfaste qui a provoqué des incidents sanglants, reproche au Gouvernement Tunisien le retard apporté à la réalisation des promesses de réformes et désigne une délégation chargée d'exposer au Résident général les résolutions prises au cours de la réunion. A Sousse, le Président local du Vieux-Destour a adressé une lettre au Général Commandant la Division de Sousse pour préciser le point de vue du Vieux-Destour et surtout le dégager de toute immixtion dans les actions de violence qui viennent de se produire.»[2]

Toutefois, cette manifestation sanglante, dépourvue de caution officielle des divers partis politiques, farouchement critiquée par les prépondérants, violemment réprimée par les forces de l'ordre et ayant entraîné la poursuite judiciaire des militants néo- destouriens par un Tribunal d'exception, s'est vu réduite et reléguée au plan des délits politiques.

Mais pourquoi le 9 Avril est-il considéré comme étant la fête des martyrs alors qu'il n'est pas le plus spectaculaire ni le plus meurtrier ?
La littérature historique et la conscience nationale, symbolisés par l'Etat bourguibien avait récupéré et mis en relief ce fait de l'histoire comme étant fondateur et incontournable, d'où sa commémoration annuelle comme étant et par excellence « la fête des martyrs ». Notre confrère Kmar Bendana avait émis une réflexion sage et réfléchie à propos de faits appropriés par les instances officielles :

« Des traits forts se dégagent de la littérature journalistique de l'époque, des comptes-rendus policiers et administratifs établis sur les événements, des mémoires de certains témoins et de la littérature historienne. Il serait abusif de confondre des documents et des discours aussi divers que partage une donnée essentielle : le temps qui sépare leur production et celle de l'événement. Partant de la différence entre discours produits à chaud (ceux des journalistes et ceux des rédacteurs des archives) et documents nés à froid (ceux des mémorialistes et des historiens)… Cet artifice de méthode et de raison révèle un épisode de parole favorisé par un contexte et suscité par une volonté d'agir ; porteur de significations symboliques diverses, il émerge dans l'histoire nationale comme une balise glorieuse… Peut-on émette l'hypothèse du remplacement de la date-relais du 5 avril 1922 par celle du 9 avril 1938 dans le « trend » triomphant de l'histoire nationale ? Les deux balises partagent le même message : une énergie politique populaire existe et enrichit le mouvement national des forces vives. Seulement, tout hommage dépend de son ordonnateur et le discours nationaliste de l'après-indépendance scellera plutôt la date d'avril 1938 comme expression symbolique populaire et unitaire »

Cette réflexion rejoint une autre certainement beaucoup plus problématique concernant les commémorations de nos fêtes nationales : Qui ? Comment ? et dans quel but une date, un fait, une personnalité, un lieu a été choisi plutôt qu'un autre pour demeurer dans nos calendriers officiels et en quelque sorte « sacralisé » ? Quels sont les faits de notre histoire qui portent plus les symboles nationaux : sacrifices, dévouement, patriotisme sans pour autant tomber dans une vision politicienne et partisane et qui suscite l'unanimité sinon la majorité de l'avis des historiens spécialisés ? Car il n y a pas que le 9 avril, la liste est longue, les martyrs morts pour la Patrie se comptent par milliers dans notre histoire récente : 1881-2011, ne serait-il pas temps de remettre notre mémoire à l'heure et d'en donner un peu de dignité à tous nos martyrs. A ce titre, et se mettant à jour avec notre révolution du 14 janvier, Je vais énumérer à nos lecteurs la longue liste des martyrs tombés sous la colonisation. Déjà dès les débuts de l'incursion française on estime entre 800 à 1000 Tunisiens morts pour défendre notre pays contre l'envahisseur français entre mai et décembre 1881, dont le siège de Sfax et Gabès furent célèbres par la résistance acharnée contre l'occupant, et ce en dépit de la supériorité militaire flagrante de l'envahisseur. Ali Ben Khlifa fut à cet égard célèbre dans sa résistance jusqu'à sa mort en 1885. Loin d'être une promenade, la farouche résistance tunisienne face à l'occupant devrait, faire l'objet à mon sens, de grands films de cinéma pour être gravés dans la mémoire collective des Tunisiens.

Revenons aussi au soulèvement du sud-est plus connu sous le nom de l'insurrection des Ouederna, et c'est au cours de ce soulèvement que le mot fellaga s'est propagé. L'armée française eut recours pour la première fois à l'aviation et on parle même d'une guerre d'extermination en recourant au gaz moutarde. Les rebelles Ouederna infligèrent de lourdes pertes à l'armée françaises (387 tués et 332 blessés) et aux rangs des Tunisiens 1181 morts et 356 blessés. Ici on pose une question du moins pertinente : pourquoi le 9 avril ? Est-ce pour le bilan ? Est-ce pour les significations politiques ? On est loin de toute considération morale des significations et des portées « morts pour la Patrie reconnaissante ». On continuera sans aucun doute à énumérer des centaines de batailles dans les différentes contrées de la Tunisie : Mateur, Bizerte, Bargou, Djebel Sidi Aïch, Djebel Tabaga, Djebel Oueslat… (la révolte armée 1952-1956). Et puis les 72 martyrs de Sakiet Sidi Youssef où enfants, femmes vieillards ont payé de leur sang leur soutien à leurs confrères algériens. Je ne comprends toujours pas pourquoi le 9 avril 1938 ?

Remise en question des célébrations fanfaronnes et vides de sens, le jour du Martyr pourquoi pas le 17 décembre de chaque année ?
Par ailleurs, il suffit aussi de regarder les noms des rues et des places publiques que nos municipalités déposent en guise de commémoration pour nos générations actuelles et futures pour se poser des questions sur ces choix. Nous pensons qu'il est légitime de repenser notre histoire et de poser des questions qui nous paraissent évidentes : Pourquoi le choix des événements du 9 avril et les martyrs de cette manifestation pour commémorer les sacrifices des Tunisiens contre l'occupation ? Quelle est la part d'objectivité et de subjectivité dans ce choix ? Les luttes engagées depuis 1881 et qui avaient fait des centaines de martyrs ne méritent-elles pas elles aussi une « mise en valeur mémorielle » ? Cette remise en question comme je l'ai précédemment dit ne diminue en rien la valeur historique de cet événement et les sacrifices des martyrs du 9 avril. Je pense ici aux premières incursions françaises et le mouvement de résistance qui s'est opéré dans les rangs des tribus et des combats acharnés surtout dans les villes et villages particulièrement à Sfax avant sa prise par les occupants : les victimes étaient beaucoup plus nombreux que ceux du 9 avril. Aussi, le bombardement de Sakiet Sidi Youssef : 72 victimes sans oublier le mouvement Fellagas entre 1952 et 1954, au delà des actes héroïques, le bilan des martyrs était très lourd, nous parlons de centaines de morts. Alors que ces martyrs étaient bel et bien conscients de leurs actes et ont fait un sacrifice de leur vie pour la Patrie : ne méritent-ils pas eux aussi un souvenir digne d'une fête nationale qui rassemblerait tous les martyrs morts pour la Tunisie? Il serait censé de rendre hommage à tous les martyrs de la Tunisie qui avaient fait ce sacrifice (donner de leur vie à la patrie) qu'ils aient appartenu à un parti politique, à une confédération syndicale ou simplement par des actes individuels comme faisant partie d'une lutte contre l'occupant volontairement sans être animés d'un parti pris quelconque. Nous pensons qu'un choix de ce genre doit garder en vue toutes les composantes de la société tunisienne et non pas la consacrer qu'à l'action d'un parti bien qu'il ait beaucoup fait pour l'indépendance, cela ne lui permet certainement pas de monopoliser la « mémoire collective » et de s'ériger en juge et partie de l'histoire pluriséculaire de la Tunisie. Il s'agit de rendre hommage à tous ceux qui ont fait don de leurs vies, hommes comme femmes de tout bord. C'est un appel à revisiter nos symboles et relire aussi notre histoire qui n'est le monopole de personne.

Après l'entrée dans l'histoire par la grande porte de la révolution tunisienne du 14 janvier 2011, et son ancrage officielle par une célébration annuelle, nous pensons qu'il est grand temps de penser aussi aux martyrs de cette révolution inégale à tout égard et exemplaire par sa civilité, dignité et son élan humanitaire.
Clamons haut et fort pour que soient donné tous les martyrs de la Tunisie à une journée officielle : le 17 décembre serait à mon sens plus que symbolique, car cette date commémorerait le premier martyr de la révolution Mohammed Bouazizi et fera réconcilier tous les Tunisiens avec leurs histoire, combien riche si elle est mise en évidence. Sijoumi et Bizerte deviendraient des hauts lieux de mémoires pour tous les Tunisiens, on dira à ce moment la fameuse phrase « La Patrie reconnaissante »

Fayçal CHERIF

Encadré

Plaidoyer pour la mise en au diapason de notre fête des martyrs : Pourquoi le 17 décembre ne devient-il pas la fête qui symboliserait tous les martyrs de la Tunisie ?

(A noter chers lecteurs que j'ai émis ce plaidoyer le 9 avril 2008 mais il n'a jamais pu voir le jour, on a évoqué une pseudo-excuse qu'il y avait beaucoup de matière).
Même la mémoire était interdite de la revisite, les tenants d'un bourguibisme pur et dur surveillaient tout et jouaient les censeurs, vive la révolution qui, je pense fera réconcilier les Tunisiens avec leurs mémoires et histoire, longtemps occultées et marginalisées. Par ailleurs, cet appel ne diminue en rien l'importance des martyrs du 9 avril 1938. Je pose ici la problématique sur la longue durée afin que notre Tunisie et son peuple n'épargne personne du devoir de la mémoire qui ne saurait être sélective et orientée par qui que ce soit.
Cet appel que nous lançons à travers les colonnes de notre journal, n'est pas un coup de théâtre politicien, je vais dans les lignes qui vont suivre expliquer et donner de la matière à cet argument et cette revendication que je clame avec emphase.

Un deuxième appel à ce que des stèles funéraires et épitaphes aux noms de martyrs soient érigées dans les villes de chaque martyr ainsi que dans le cimetière de Séjoumi. Cet appel est destiné au ministère de la Défense qui dirige ce haut lieu de mémoire et de commémoration.
Fayçal CHERIF


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