Rien ne va plus à la CPG. Rien ne va plus, depuis un certain jour où les riverains se sont mis dans la tête que la richesse du sous sol tunisien leur appartient. Rien ne va plus depuis que la compagnie s'est retrouvée à cause de gouvernements successifs, plus faibles et plus « compétents », les uns que les autres, dans l'obligation de recruter trois fois plus de personnel qu'il n'en faut pour faire tourner et la mine et les sociétés satellites. Rien ne va plus depuis que le moindre citoyen se trouvant à quelques centaines de mètres du circuit emprunté par le minerai s'est mis à organiser des sit-ins et à bloquer les convois, revendiquant sa part de la « tarte ». Et rien ne va plus depuis que les députés de la région à l'ARP se sont mis dans la tête de remonter la population locale contre le pouvoir en place, dans une sorte de compagne politique hors temps, qui équivaut, pour celui qui a un minimum de cervelle, au fait de « tuer la poule aux œufs d'or ». Au final, la compagnie qui était le premier pourvoyeur du pays en devises et en rentrée d'argent, se retrouve de nos jours, au bord de la faillite, et carrément, dans l'incapacité de payer les milliers d'ouvriers qui grèvent depuis des années sa trésorerie, pour ne rien faire. Et ils ne font rien, tout simplement, pour deux raisons. Soit parce qu'ils ont été recrutés, en surnombre, sous la menace et le chantage, et qu'en réalité la compagnie n'a pas besoin de leurs services, et ils sont payés pour ne rien faire. Soit, alors, parce qu'ils ont, en principe du travail à faire, mais qu'ils sont en grève, ou encore, parce qu'ils sont empêchés de travailler par les innombrables mouvements sociaux qui bloquent toute la région. Toujours est-il que le président de l'amicale des hauts cadres de la Compagnie de Phosphates de Gafsa, Oussema Mansri a tiré la sonnette d'alarme, ce jour, concernant la situation qui prévaut dans la compagnie et a appelé les sit-inneurs qui réclament leur embauche a accorder plus de temps à la CPG pour qu'elle puisse reprendre son rythme de production habituel. Oussema Mansri a indiqué que la situation financière de la CPG est catastrophique et que le volume de production pendant le premier trimestre 2015 n'a pas dépasse les 650 mille tonnes contre 8 millions de tonnes en 2010. Mais son appel semble être tombé dans les oreilles d'un sourd, ou plutôt, un autiste, puisque nos sit-inneurs semblent décidés à continuer de plus belle. Et le comble dans tout çà, c'est que certains sont en train de chercher les causes de la situation dégradée ailleurs, que dans les grèves et les mouvements sociaux. Il y en a même, qui crient au « complot international », ourdi par les mines de phosphate marocaines ! Ainsi Amara Akouri, secrétaire général adjoint de la fédération générale des mines, a accusé, aujourd'hui, lors d'une conférence de presse, « le partenaire marocain de préparer un complot contre la compagnie des phosphates de Gafsa en collaboration avec des intermédiaires français afin de bloquer la production ». Il a appelé le gouvernement à intervenir rapidement pour sauver cette compagnie nationale qui risque de suspendre ses activités. Entre-temps, les vrais fauteurs de trouble continuent à sévir impunément, et les vrais comploteurs, à ronger encore plus profondément les soubassements de l'économie tunisienne.