Nombreux ont été les observateurs qui avaient remarqué, ce mercredi 24 décembre, un décalage certain entre les déclarations de Saïd Aïdi, ministre de la santé et leader à Nidaa Tounes, accordées à deux médias différents lors d'une même journée. Ces déclarations concernaient sa position vis-à-vis de la situation critique tendue au sein de Nidaa Tounes, du fait des querelles pour le pouvoir entre Hafedh Caïed Essebsi et Mohsen Marzouk. Il convient, au début de rappeler, que ce jour là, Saïd Aïdi était aux abois. Il était hyper tendu, et devait répondre au mécontentement de la population de Tataouine, où il y a eu un énième décès d'une femme en couches. Décès dont il avait été tenu pour responsable, à cause de l'absence prolongée de médecins spécialistes à l'hôpital régional de la ville. D'ailleurs, Saïd Aïdi a bien déclaré qu'il assumait la responsabilité de ce qui se passait à Tataouine. Mais sans, pour autant, aller jusqu'à démissionner de son poste, tel que cela lui avait été demandé de la part du syndicat de la santé. C'était dans cet état d'âme que le ministre de la santé a répondu aux questions de l'animateur de Mosaïque FM un peu après midi. Et après le réquisitoire subi à propos des défaillances du système de santé dans les zones intérieures, Saïd Aïdi s'est vu poser une question dite « politique », à savoir, son avis et la position qu'il prenait par rapport au conflit qui secouait Nidaa Tounes, le parti dont il était un des leaders. Sa réponse au cours de cette émission à midi, a été sans équivoque : Il accusait ouvertement les deux principaux protagonistes du conflit, à savoir Hafedh Caïed Essebsi et Mohsen Marzouk, de vouloir à tout prix hériter du parti, de façon illégale. Et il les tenait tous les deux pour responsables de ce qui se passait au sein du parti. Sauf que sept heures plus tard, il était de nouveau en direct sur un plateau de média, en l'occurrence, le prime time de Nessma TV, où il a eu à répondre, encore une fois, à l'éternel réquisitoire concernant les accusations dont il était l'objet pour défaillances à assurer une couverture sanitaire décente dans les zones intérieures du pays. Puis, l'animateur insista pour lui reposer la question à laquelle il avait eu à répondre quelques heures auparavant, concernant sa position par rapport au conflit au sein de Nidaa Tounes. Et là, la question a été posée de façon très distincte et claire. Trop distincte, même, au point qu'on avait l'impression que tout ce plateau lui avait été concocté pour lui donner une chance supplémentaire d'éclaircir sa position par rapport aux deux protagonistes dudit conflit. Et là, coup de théâtre ! On dirait qu'entre les deux émissions, Saïd Aïdi a entendu « la voix de la raison, et de la sagesse », et s'est rétracté de façon phénoménale, en virant de 180 degrés, en prenant la défense inconditionnelle de Hafedh Caïed Essebsi, tout en faisant endosser à Mohsen Marzouk la responsabilité de tout ce qui s'était passé à Nidaa Tounes. Mais on le sentait hésitant, peu convaincant, en accusant Marzouk, à tel point que les animateurs du plateau durent s'y prendre à plusieurs reprises pour lui faire dire que c'est Marzouk qui était fautif et qui voulait « voler » le parti à son « héritier légitime ». Un revirement de position tellement tranchant, qu'on ne peut que constater sans lui trouver d'explication... A moins qu'il ne s'agisse du prix qu'il avait à payer pour s'assurer d'un certain soutien pour traverser la mauvaise passe dans laquelle il s'était laissé entrainer.