Le Cheikh Rached Ghannouchi, président du mouvement islamiste d'Ennahdha, n'a pas failli à sa tradition. Il a, toujours, eu le mot qu'il fallait placer pour fâcher, pour déranger, tout en se donnant l'apparence de l'innocence incarnée, et en ne perdant pas un instant, son sourire provocateur. Et c'est dans la pure lignée de cette tradition qu'il a trouvé, ce samedi, le mot qu'il fallait pour en fâcher plus d'un, tout en donnant l'impression d'avoir voulu bien faire et en se faisant passer pour un « ami qui leur veut du bien ». Rached Ghannouchi n'a pas raté l'occasion que lui a donnée Béji Caïed Essebsi en faisant de lui l'invité de marque du congrès de son parti Nidaa Tounes, et a tenu à répandre, autour de lui, comme à son accoutumée, la joie et le bonheur. En faisant semblant de louer l'alliance qui l'unit au parti Nidaa Tounes, Le Cheikh a sorti une de ses métaphores, dont lui seul a le secret. Il a comparé la Tunisie à un oiseau qui vole grâce à ses deux ailes, qui sont Nidaa Tounes et Ennahdha. Ce faisant, Ghannouchi ne pouvait pas ne pas imaginer que ces propos allaient fâcher les représentants des deux autres partis qui constituent avec Ennanhdha et Nidaa la coalition quadripartite au pouvoir, soit Afek Tounes et l'UPL. Et c'est précisément ce qui n'a pas tardé à se passer. Puisque, si le secrétaire général d'Afek Tounes a réussi à garder son aplomb et sa discrétion et taire son mécontentement, du moins en public, pour en faire part, par la suite aux médias, le président de l'UPL, Slim Riahi, n'a pas pu se retenir et contenir sa colère, et a immédiatement réagi, en annulant son allocution qu'il devait faire à l'occasion de la « réussite » du congrès de son allié. Or, en réagissant de la sorte, les dirigeants de ces deux formations politiques ont fait la preuve de leur ignorance totale des ABC des sciences naturelles. Et ils gagneraient, à ce chapitre, à aller enrichir leurs connaissances, dans les manuels scolaires de leurs enfants en cours primaire. Car là, ils apprendront que l'important dans un oiseau, ce ne sont point les ailes, mais, justement, ce qu'ils déplorent que le Cheikh Rached leur ait laissé, à savoir, la tête et la queue. S'ils avaient revu les cours de sciences naturelles des manuels de l'école primaire, ils se seraient rendus compte que c'est la tête qui commande aux ailes de battre et de faire planer le volatile, et c'est la queue qui permet à l'oiseau de diriger son vol et de prendre la direction qu'il veut et lui trace la trajectoire qu'il doit suivre. Donc, en définitive, Le Cheikh Rached en lançant sa « boutade », n'a fait que donner un inestimable cadeau aux deux formations politiques qu'il voulait dénigrer, en leur laissant, dans sa métaphore, les organes clés, et les centres de commandement de la machine qu'il voulait décrire. Au final, toute notre classe politique, aussi bien notre Cheikh national que ses deux alliés mécontents, semble en avoir des lacunes à combler, à tous les niveaux, entre autres, au niveau des connaissances scientifiques. Il semble bien que Néji Jalloul, ministre en charge de l'éducation, va en avoir du pain sur la planche !