Après la cascade de démissions qui a pratiquement vidé les rangs de Nidaa Tounes, aussi bien au niveau de son bloc parlementaire qu'au niveau de son bureau politique et ses bases, voilà que les choses se sont, brutalement, corsées davantage ce mercredi matin, avec la transmission de la contagion de la débâcle, au niveau des ministres du gouvernement issus du parti. En effet, on a appris, ce mercredi matin, l'annonce du départ de deux ministres actuels, du parti de Nidaa Tounes, à une nuance près. C'est que si Mahmoud Ben Romdhane a bel et bien annoncé sa démission définitive du parti, son collègue Saïd Aïdi, s'est contenté de « geler » son adhésion au parti, en attendant... On ne sait quoi ! Que ces ministres aient annoncé leur retrait des rangs du parti qui avait été à l'origine de leur ascension sociale et leur nomination au gouvernement, çà reste envisageable, dans la mesure où ils pourraient dire qu'en définitive, la voie suivie par la direction de cette formation politique ne leur convient plus, ou qu'elle se soit écartée de leur idéal qu'ils retrouvaient dans la ligne précédante suivie par le parti, et que de ce fait, ils préféraient abandonner le navire, probablement, à la recherche de leur idéal perdu, auprès d'autres formations. Mais c'est le timing avec lequel a été annoncé ce départ qui laisse perplexe et qui suscite certains questionnements ? Pourquoi maintenant, et pourquoi pas il y a quelques jours ? Pourquoi après leur reconduction au sein du second gouvernement d'Essid, et pas avant ? Et, surtout, pourquoi juste après qu'ils aient franchi l'écueil du vote de confiance, c'est-à-dire quand la nouvelle formation gouvernementale a été validée et plébiscitée ? En d'autres termes, est ce que ces deux ministres le seraient encore, aujourd'hui, s'ils s'étaient « hazardés » à claquer la porte de Nidaa avant l'annonce du deuxième gouvernement d'Essid ? D'aucuns jureraient que non ! D'ailleurs, certains se rappeleront que Saïd Aïdi, il y a quelques jours, quand il était malmené par tout le monde à cause des problèmes soulevés par le manque de médecins spécialistes dans le sud tunisien, et à cause des décès enregistrés dans ces zones, à cause de ce manque, a commis une « imprudence » en se laissant embarquer par un chroniqueur assez fûté sur une chaine radio, qui l'a poussé à critiquer aussi bien Mohsen Marzouk que Hafedh Caïed Essebsi, en disant qu'ils ont, tous les deux, tort, et qu'ils font couler le parti. Et ils se rappellent, aussi, qu'il lui a fallu revenir à la charge, le soir même, avec la complicité des chroniqueurs d'une autre chaine, TV, cette fois-ci, pour se rétracter, et pour annoncer haut et fort, que Hafedh avait raison, et que seul Marzouk était dans le tort. Et ils se rappellent, aussi, que depuis cette mise au point, on sentait le ministre de la santé en meilleure forme, et plus en confiance, au point que certains prétendaient qu'il a été plébiscité par BCE, au prix de ce retour sur les médias pour blanchir Caïed Essebsi junior. Et il y a un autre détail qui intrigue dans cette annonce de départ des deux ministres, c'est que Saïd Aïdi n'a pas osé aller jusqu'au bout, et a, simplement, annoncé le gel de son adhésion, et non sa démission. Cela ne voudrait-il pas dire qu'il compte utiliser cette démarche comme moyen de pression, en vue d'obtenir quelque chose en contrepartie de son renoncement au départ ? Et ce quelque chose, a-t-il un rapport avec le fait qu'apparemment, personne n'est satisfait de la prise en main du parti par Hafedh Caïed Essebsi, et que « éventuellement », lui, Saïd Aïdi, pourrait représenter l'Homme qui pourrait prendre les rênes du parti, et convaincre tous les mécontents à revenir au bercail, puisqu'ils ont claqué la porte, pas par amour ou par conviction pour Marzouk, mais simplement, par opposition à la désignation de Hafedh Caïed Essebsi comme nouvel homme fort de Nidaa Tounes ? D'ailleurs, son appel solennel aux partants de revenir, qu'il a lancé juste avant d'annoncer son départ, ne serait-il pas comme un petit clin d'œil dans ce sens?