Le ministère de la santé a publié ce dimanche 28 février un communiqué en rapport avec la situation de blocage qui perdure dans la direction de l'hôpital universitaire Habib Bourguiba de Sfax. Ce communiqué, Saïd Aïdi l'a publié dans la foulée de la prise d'assaut, ce vendredi, de son bureau par des représentants de la fédération syndicale de la santé, venus lui signifier leur colère suite à la mise à pied de cinq de leurs camarades exerçant à Sfax sur fond de leurs activités syndicales. Il faut dire que les syndicalistes n'y sont pas allés avec le ministre avec le dos de la cuillère. Ils ont, même, été d'une rare violence dans leur action. Une violence verbale, qui a dépassé les injures et les insultes de bas niveau. C'est donc, à chaud, suite à cette agression, que Saïd Aïdi a publié son communiqué. Et le faisant, il devait être sous l'emprise de la colère, et peut-être même, à la limite de la crise de nerfs. Et c'est, peut-être, ce qui expliquerait les graves dérapages que comportait ce communiqué. Dérapages inacceptables de la part d'un membre du gouvernement, fût-il poussé dans ses derniers retranchements, et en proie à une colère vengeresse. Car, dans ce cas, il aurait été du rôle de ses innombrables conseillers, notamment, ceux en communication, de l'assagir et de le faire revenir à la raison. En effet, le communiqué commence sur une menace très grave, impensable, même. Il dit que le ministère déplore le trouble et le chaos qui sévissent à l'hôpital Habib Bourguiba de Sfax, qui pousseraient à l'arrêt de l'activité et la fermeture de cet établissement!!! Or comment se peut-il qu'un ministre en charge de la santé du tunisien décide de priver une ville comme Sfax, de son principal établissement de santé ? Est-ce qu'il entendait, bien, qu'il craignait de devoir ordonner la fermeture de l'hôpital, ce qui serait impensable, et même criminel. Ou est-ce qu'il voulait dire que le pourrissement de la situation allait, inéluctablement, conduire à cette fermeture ? Dans les deux cas, une issue pareille n'est certainement pas en faveur du ministre qui aura fait la preuve d'une immaturité dans la gestion de son personnel, au point de se voir obligé de punir la seconde ville du pays en privant ses citoyens de services de santé, juste parce qu'il n'avait pas su gérer un différend entre lui et une « poignée » de syndicalistes, tous pourris qu'ils seraient. Un autre dérapage, et de taille, est venu grever ce communiqué. C'est quand, vers la fin, le ministre fuit ses responsabilités et déclare qu'il n'y était pour rien dans la décision de mise à pied des syndicalistes, et que cela émanait des résultats d'une enquête faite en collaboration avec la présidence du gouvernement. C'est-à-dire qu'il a osé se désengager du problème, désormais, personnel, qui l'oppose à ce groupe de syndicalistes à Sfax, et en jeter la responsabilité sur le chef du gouvernement, dans une tentative de se cacher derrière son patron en l'obligeant, en quelque sorte, à prendre sa défense. Et c'était, là, une manœuvre malhabile et puérile, inacceptable de la part d'un membre de gouvernement qui aurait dû apprendre à assumer la responsabilité de ses choix et de ses décisions, et ne pas en jeter la responsabilité sur les autres, au point de risquer de semer la zizanie entre le gouvernement, déjà suffisamment désarçonné, et la centrale syndicale. Habib Essid va-t-il se trouver dans l'obligation d'exiger de son ministre de ne plus s'adresser aux médias et de ne plus publier de communiqués, sans qu'ils aient été, au préalable, vérifiés et autorisés par la présidence du gouvernement ? Çà serait vraiment dommage pour Saïd Aïdi, lui qui affectionne tant les médias et les apparitions bien orchestrées sur les plateaux.