Entre ceux qui accusent la Tunisie d'être à la remorque de l'Arabie-Saoudite et la cacophonie illustrée par la valse à deux temps entre le ministre des Affaires étrangères, Khmaiess Jhinaoui, et le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub, la décision de classification du parti libanais pro-iranien « Hezbollah » comme organisation terroriste ne laisse pas indifférent. Intellectuels et politiques confondus se sont engouffrés dans la brèche et ont fustigé cette décision. L'annonce de la classification du Hezbollah libanais comme organisation terroriste est tombée comme un couperet. Tard dans la soirée du mercredi 2 mars, un coup de tonnerre est venu secouer la classe politique et un large pan de la société civile tunisiennes. Alors que le Hezbollah semble cristalliser toute les tensions et les enjeux dans la région du Moyen-Orient, la décision de la Tunisie de le classer comme organisation terroriste a suscité l'indignation et la colère. Allié de Bachar Al Assad, résolument pro-iranien, le Hezbollah donne du fil à retordre à l'Arabie-Saoudite. La décision de la Tunisie est perçue comme un alignement voire même comme une perte de souveraineté. Dans cet échiquier, l'influence de la diplomatie tunisienne se réduit peu à peu et semble résignée à léguer une part de sa souveraineté. « Nous avons perdu notre souveraineté à cause d'une classe politique qui ne sait même pas où se trouve l'intérêt supérieur du pays, qui exclu nos alliés naturels et flirte avec nos pires ennemis », assène Abdelaziz Belkhodja, écrivain qui dresse, sans doute, le plus sévère réquisitoire contre la politique étrangère de Béji Caïd Essebsi. « Il est dans la pure continuité de la ligne de la Troïka« , ajoute-il jugeant au passage que le message bourguibiste de BCE n'était qu'un « leurre« . Olfa Ben Youssef dit être en mesure de « porter avec fierté l'étendard du terrorisme » si le hezbollah est désigné comme tel. Et le courroux semble résonner avec la même force du côté de la classe politique. Mohamed Hamdi, secrétaire général de la Coalition démocratique a qualifié cette décision de « scandaleuse » jugeant qu'il s'agit d'un « alignement dans les rangs d'Israël ». Sahbi Ben Fradj, membre du bloc « Al Horra », (ex-nidaa) a affirmé qu'il demandera une audition du ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub, et qu'il examinera à l'Assemblée la possibilité de l'annulation de cette décision. Toujours est-il que le cafouillage entre le ministre de l'Intérieur et le ministre des Affaires étrangères ne permet pas d'affirmer cette décision avec certitude et n'éclaire en rien l'opinion. Pour rappel, le ministre de l'Intérieur a indiqué que la Tunisie n'émet aucune réserve sur cette question alors que du côté des Affaires étrangères, Khmaiess Jhinaoui a laissé entendre, dans une déclaration à Express Fm, que la Tunisie n'est pas concernée par cette décision.