Départ des miliciens armés de Beyrouth et gel des décisions du gouvernement contre le Hezbollah Le Temps-Agences L'armée libanaise a annoncé hier le retrait de deux mesures du gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora que le Hezbollah avait considérées comme une déclaration de guerre et elle a invité les miliciens armés du mouvement chiite à quitter les rues de Beyrouth. En réponse à cet appel, l'opposition, dont le Hezbollah est la figure de proue, a annoncé qu'elle mettrait "fin à toute présence armée à Beyrouth afin que la capitale soit dans les mains de l'armée". Accusant le Hezbollah d'"atteinte à la souveraineté de l'Etat", Siniora avait déclaré mardi illégal son système de télécommunications autonome et démis le responsable de la sécurité de l'aéroport de Beyrouth, un général proche du mouvement chiite, à la suite de la découverte de caméras surveillant les pistes. Réclamant que le gouvernement fasse marche arrière, le Hezbollah avait aussitôt lancé une campagne de "désobéissance", bloquant l'accès de l'aéroport et prenant le contrôle de Beyrouth-Ouest, bastion de la majorité sunnite au pouvoir, après trois jours de combats qui ont fait une trentaine de morts et au moins 75 blessés. L'armée libanaise, qui n'est pas intervenue pour empêcher le déploiement des miliciens d'opposition, a annoncé hier que le général Wafi Chkeïr était maintenu dans ses fonctions de directeur de la sécurité de l'aéroport de Beyrouth. Elle a précisé dans un communiqué qu'elle s'occuperait elle-même de la question du réseau de communications du Hezbollah d'une façon "qui ne nuise ni à l'intérêt public ni à la sécurité de la résistance" chiite libanaise. Peu auparavant, Siniora, dont le gouvernement a été ébranlé sérieusement par la révolte du Hezbollah et des milices alliées de l'opposition, avait annoncé qu'il chargeait l'armée de régler ces questions mais que les Libanais ne tomberaient pas sous le contrôle des auteurs chiites du "coup d'Etat". Siniora, un sunnite dont la légitimité est contestée depuis un an et demi par le Hezbollah et ses alliés chiites d'Amal et du mouvement chrétien de Michel Aoun, a présenté la capitale libanaise comme "assiégée et occupée". "Que fait le Hezbollah dans les ruelles de Beyrouth?", s'est-il interrogé.
"Le dialogue seule issue", selon Joumblatt "Votre Etat ne tombera pas sous le contrôle des putschistes", a déclaré à ses compatriotes le Premier ministre, qui est notamment soutenu par l'Arabie saoudite et les Etats-Unis. "Le Hezbollah doit se rendre compte que la force des armes ne nous fera ni peur ni reculer", a ajouté Siniora. "Nous n'avons pas déclaré la guerre au Hezbollah ni ne le ferons, mais nous n'accepterons pas l'occupation de nos quartiers et nos foyers et le meurtre de civils innocents", a encore affirmé le Premier ministre. Des miliciens armés des groupes d'opposition étaient encore postés hier au principaux carrefours de la capitale, mais, en fin de journée, les membres du Hezbollah commençaient à se retirer de la capitale. L'opposition a fait savoir cependant qu'elle poursuivrait sa campagne de désobéissance civile - blocage de routes, du port et de l'aéroport - jusqu'à ce que ses revendications politiques soient satisfaites. Pour le dirigeant druze Walid Djoumblatt, une des figures de la majorité au pouvoir, "le dialogue est la seule issue" à la crise actuelle à moins que le Hezbollah ne cherche à "liquider" le gouvernement. La Ligue arabe tiendra aujourd'hui au Caire une réunion ministérielle extraordinaire pour débattre du coup de force du mouvement pro-iranien, après 17 mois de bras de fer avec le gouvernement. La réunion des ministres des Affaires étrangères arabes aujourd'hui au Caire est capitale car "les Etats arabes doivent assumer leurs responsabilités au sujet de la situation au Liban", a estimé hier Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe. Celle-ci a proposé un plan de règlement de la crise libanaise prévoyant l'élection d'un nouveau président, la formation d'un gouvernement d'unité une réforme de la loi électorale en vue d'un nouveau scrutin législatif en 2009. Le Liban est sans président depuis l'expiration du mandat du pro-syrien Emile Lahoud en novembre. L'opposition bloque l'élection de son successeur consensuel, le chef de l'armée Michel Souleïmane, en exigeant d'obtenir au préalable un droit de blocage au sein du futur gouvernement d'unité. La plan de la Ligue arabe a été approuvé à la fois par l'Arabie saoudite, principal allié du gouvernement Siniora, et la Syrie, mais Ryad a accusé Damas d'entraver sa mise en œuvre. La Syrie, qui a fait savoir que son chef de la diplomatie ne viendrait pas au Caire, a déclaré que la prise de contrôle de Beyrouth par le Hezbollah était une "affaire intérieure libanaise".