BCE le président de la République a accordé, ce jeudi 02 mai, un long entretien télédiffusé par la chaine Nationale 1. Un entretien qui rentre, probablement, dans sa toute nouvelle stratégie de communication, qui lui aurait été dictée, pour contrer ce qu'il appréhendait comme un début de fléchissement de sa côte de popularité. Au cours de cet entretien, auquel les citoyens ont été savamment préparés, et tenus en haleine, depuis la matinée, par les soins de son producteur à coups de teasing, BCE a, comme prévu, annoncé sa « grande décision politique » que tout le monde attendait, mais, aussi, que tout le monde, supposait. Il a annoncé qu'il était pour la mise en place d'un nouveau gouvernement « d'union nationale », au sein duquel il fallait, absolument, que l'UGTT soit représentée. En résumé, BCE n'a rien à reprocher à Habib Essid ni à son équipe, si ce n'est, peut-être, le manque de fermeté dans l'application de la loi, en citant l'exemple des grèves et sit-ins qui ont paralysé le secteur des phosphates et qui ont fait perdre au pays des millions de milliards. Il se serait, dit-il, rallié à l'avis de nombreuses parties qui trouvaient que le gouvernement devait être remplacé ! Mais, en réalité, qu'est ce qui va bien pouvoir se passer, suite au speech de ce soir ? Apparemment, rien. Puisque, en premier lieu, l'UGTT a, déjà, fait savoir par la voix de son secrétaire général, qu'elle refusait catégoriquement de faire partie de n'importe quel gouvernement. Mais aussi, parce que BCE, tout président de la république qu'il est, n'est pas habilité à destituer le chef du gouvernement de son propre chef. Et il va falloir s'adresser à l'ARP si jamais il voulait obtenir une motion de censure contre le gouvernement. Mais au fait, Où veut bien en venir BCE, avec ce chamboulement qu'il annonce, comme çà, la veille de Ramadan, alors que le pays s'acheminait, tant bien que mal, vers une période d'accalmie, pour cause de Ramadan et des vacances d'été ? Si c'était pour gagner la sympathie et l'appui de l'UGTT, il aurait suffi d'écarter Saïd Aïdi qui dérange tant la centrale syndicale, peut-être, aussi, Mahmoud Ben Romdhane, tant qu'il y est. Mais de là à ouvrir toute grande, la porte des négociations et des surenchères pour la constitution d'un nouveau gouvernement, qui plus est, d'union nationale, on risque d'aller vers une période de troubles qui n'en finira plus. A moins que... A moins que le but derrière tout cela, ne soit plus important et plus profond. A moins qu'il ne soit question, comme beaucoup l'appréhendent, d'écarter, à la faveur de ce remaniement, les responsables du département de la sûreté nationale, qui commencent, comme nous l'avions dit dans un précédent article, à toucher des dossiers assez « délicats » pour certains. Ce limogeage pourrait, même, survenir en deux temps, quand on remémore ce qu'a dit BCE de la gestion trop « molle » du problème des grèves et des sit-ins. Donc, il est à craindre que la période à venir va connaitre des vagues de répression de ces mouvements sociaux. Vagues qui seraient sanctionnées par le départ des responsables sécuritaires tenus pour responsables de trop de violence « disproportionnée », envers une population qui ne réclamait que son droit à une vie digne. Dans lequel cas, nous supposons, que toute l'entreprise va devenir plus hasardeuse, et plus compliquée. Car en voulant passer un remaniement par le vote à l'ARP, on serait prêt à parier que le projet ne va pas bénéficier de l'appui d'Ennahdha, actuellement majoritaire sous le dôme du Bardo. Car un vote dans ce sens, pour écarter, in fine, le ministre de l'intérieur, mais aussi, son, très efficace, directeur général de la sûreté nationale, ne ferait que renforcer les suspicions envers Ennahdha, de soutenir le terrorisme, et d'avoir des « choses » à se reprocher, et qu'elle voudrait, à tout prix, faire cesser la menace d'une éventuelle ouverture de dossiers « délicats ». Et, en ce moment, bien précis, Ennahdha ne peut, en aucun cas, souffrir une polémique de ce genre, quitte à subir quelques « désagréments » en rapport avec ces dossiers. Donc, en résumé, encore une fois, il parait très peu probable que le discours de BCE de ce soir, ait la moindre suite.