Premier test, grandeur nature, pour le nouveau promu chef du gouvernement, Youssef Chahed... Et premier couac, apparemment, infranchissable. En effet, le hasard du calendrier a mis Youssef Chahed devant une cruelle échéance, à savoir, la présentation à l'ARP de son projet de loi de finances pour 2017. Or c'est là que çà risque de faire mal ! Car, apparemment, Chahed aurait été chargé de faire « passer » des réformes qui risquent de fâcher, voire, même, d'embraser la société qui, telle un tas de paille bien sèche, ne demande pas plus que la moindre étincelle pour s'enflammer et tout brûler sur son passage. Et, toujours par la faute du hasard du calendrier, la première « mesure qui fâche » qu'il a eu à annoncer, aura été le gel des majorations salariales, accompagné d'augmentations conséquentes de retenues fiscales. Et il y a été contraint, car cette mesure vient en tête des principales exigences du FMI, pour consentir le versement des reliquats du crédit accordé à la Tunisie. Car le FMI a lié les mains du gouvernement, entre autres exigences, par l'obligation de ne pas dépasser un certain plafond pour la masse salariale. Equation que Chahed n'a pu aborder d'aucune manière en dehors du gel des salaires et des majorations fiscales. Et encore, Il ne serait pas étonnant qu'il soit, en plus obligé de passer aux départs forcés de quelques milliers de fonctionnaires. C'est, donc, en prenant son courage à deux mains, et tétanisé par la peur de « fâcher » que Y. Chahed a décidé d'affronter le peuple, par caméra interposée, pour annoncer cette double mesure. Et comme il le redoutait, cette annonce en a fâché du monde, et en premier lieu, l'UGTT, qui semble refuser catégoriquement de jouer le rôle de celui qui abandonne ses adhérents à leur sort, ni celui de défenseur des salariés de tous bords. Et ce, malgré que le syndicat figure parmi les premiers signataires du fameux « document de Carthage », pour, soi-disant, soutenir ce gouvernement. Donc, la réaction de l'UGTT ne s'est guère fait attendre et elle a commencé à crier au scandale et à annoncer son refus catégorique de ces mesures, en menaçant de se donner le droit de riposter à travers tous les moyens de protestation. Du coup, Y. Chahed se retrouve pris en tenaille entre les exigences du FMI et le véto de l'UGTT, et la partie s'annonce plutôt chaude et ardue. Car quelle que soit l'attitude qui sera prise par Chahed, il va, forcément, y avoir de « la casse ». En effet, s'il plie à la pression de l'UGTT, et de toute la masse des salariés, derrière, Chahed va fâcher ses « amis » du FMI qui risquent de très mal prendre la chose et de refuser d'injecter le reliquat de leurs crédits promis à la Tunisie, menant ainsi, à plus ou moins courte échéance, à la faillite du pays. Et s'il s'entête à vouloir exécuter les conditions du FMI, il va, sans le moindre doute, fâcher ses « amis » de l'UGTT, qui vont rameuter les protestataires de tous bords et les appeler à investir les rues, ce qui annonce un hiver des plus chauds. Pauvre Tunisie, et pauvre Chahed, par la même occasion ! Car pour un baptême du feu, c'est un bien drôle baptême qui ne passera pas sans casse. Et dire que ceux qui ont causé la faillite du pays et qui se sont rempli les poches de l'argent du contribuable, continuent à se la couler douce, sans être, le moins du monde, inquiétés, affichant sans vergogne leurs richesses, et s'offrant le luxe de s'afficher, en public, en soutien infaillible à Youssef Chahed, et de travailler en coulisses à lui miner le terrain.