Chacun devine aisément que Zied Laâdhari, supposé être le ministre tunisien du commerce, ne fait que promouvoir le commerce de la Turquie, aux dépends des produits tunisiens. Au point que certains détracteurs n'hésitent pas à le qualifier de « ministre du commerce turc, en Tunisie ». Voulant s'en défendre, Zied Laâdhari n'a pas trouvé mieux que d'accuser de tout le mal de l'envahissement du marché tunisien par les produits turcs, les ministres du commerce du temps de Ben Ali. Croyant, probablement que, maintenant qu'ils sont en dehors du circuit, ils auraient loin à l'esprit de se manifester pour venir le démentir. Mais il n'est nul besoin de ramener un ancien ministre de Ben Ali pour le démentir, et montrer la grossièreté de ce qu'il ose avancer. Car les faits sont là, et connus de tut le monde, pourvu qu'on prenne la peine de chercher un peu. En effet, l'accord de libre échange avec la Turquie a été conclu en 2005, du temps où Mondher Zenaïdi était au ministère du commerce. Cet accord tel que conclu, alors, avait des objectifs bien arrêtés : * Il s'inscrivait dans le cadre de la nouvelle stratégie pour l'industrie textile et le passage de la sous- traitance au produit fini, * La sauvegarde de la compétitivité des vêtements fabriqués en Tunisie à l'exportation sur le marché européen en bénéficiant du cumul de l'origine avec les tissus de Turquie. * Maintenir les investisseurs européens en Tunisie et éviter leur délocalisation en Chine ou au Maroc qui avait déjà conclu en accord de libre échange avec la Turquie et dont les investisseurs bénéficiaient déjà du cumul d'origine pan Euromed. * Développer de nouveaux secteurs plus compétitifs à l'exportation grâce au cumul d'origine. Car il faudrait préciser que cet accord s'était conclu dans un contexte bien particulier, car il survenait avec la fin des accords multifibres imposant à la Chine des quotas d'exportation de textile à l'UE, aux USA et autres pays développés grands producteurs de textile La Chine était devenue membre de l'OMC en décembre 2001. Ses produits devaient avoir un accès libre à tous les pays membres de la dite organisation. Or le secteur textile en Tunisie était le premier secteur exportateur et bénéficiait d'une grande compétitivité dans l'UE aidé en cela par la faiblesse de la concurrence chinoise. Mais cela devrait changer à partir de 2005. Par ailleurs, ce que Laâdhari devrait savoir, c'est que cet accord était asymétrique : la Turquie accordant à tous les produits industriels tunisiens la franchise douanière totale à la mise en application de l'accord, tandis que la Tunisie devait supprimer graduellement les droits de douane sur une période de neuf ans. Cet accord était, par ailleurs, limité aux produits industriels. Les produits agricoles et agro alimentaires n'étant pas concernés par le libre échange. Il n'était, donc, nullement question de glibettes, et encore moins de chocolat et autres confiseries inutiles et à la qualité douteuse. En outre, les taxes concernées par le démantèlement étaient les Droits de Douane uniquement. Toutes les autres taxes notamment intérieures (TVA, Droit de Consommation...) n'étaient pas concernées. En plus, cet accord engageait la Turquie à faire un transfert technologique aux secteurs industriels tunisiens par la conclusion d'accords de coopération technique. Sans oublier que des mesures de sauvegarde avaient été prévues pour sécuriser le marché tunisien que ce soit en cours de démantèlement ou après la suppression définitive des Droits de douanes contre les importations massives ou anormales, les pratiques malhonnêtes tel que le dumping ou l'octroi de subventions à l'exportation. D'ailleurs, à l'époque, les premières évaluations de cet accord avaient permis de constater que Le secteur textile tunisien avait pu résister à la concurrence chinoise et autre pays sur le marché européen, et que d'un autre côté, aucune délocalisation n'avait été enregistré ni dans le secteur textile ni dans un autre secteur de l'industrie manufacturière. Voilà, donc, que c'est clair que les accords commerciaux conclus avec les turcs, auparavant, se faisaient un point d'honneur de préserver et le marché, et l'industrie et les intérêts du consommateur, tunisiens. Il aurait, peut-être mieux valu à l'actuel ministre du commerce (turc, comme le qualifient certains) de se taire à ce sujet, car, en définitive, il a démontré que sa faute était bien plus grave qu'on ne le croyait. Du moment qu'il avait des accords conclus en bonne et due forme, et qu'il a sciemment, outrepassés. Ce qui est bien plus grave que le fait d'avoir mal évalué certaines données et s'être tout bonnement trompé, ce qui aurait été facilement pardonné, aux bleus qui nous servent depuis quelques années de ministres.