Durant trois heures trente les cinq favoris à l'élection présidentielle ont ferraillé dans l'arène. Benoît Hamon, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, François Fillon et Emmanuel Macron se sont montrés tour-à-tour offensifs, alarmistes voire taquins. Si les affaires judiciaires se sont invitées quelques minutes sur le plateau de TF1, c'est surtout les thématiques de la laïcité et du financement des campagnes électorales qui ont donné lieu aux échanges les plus animés. Pour la favorite du premier tour, Marine Le Pen, il fallait creuser l'écart avec Emmanuel Macron qui la talonne, voire la dépasse, dans les sondages. La présidente du Front national a abattu ses cartes habituelles. La France d'abord : « Indépendance nationale et patriotisme économique, valeurs et traditions ». « Oui monsieur Mélenchon », riposte-t-elle aux attaques véhémentes de son adversaire, « moi, je défends la France, en priorité : ses emplois et sa sécurité ». Marine Le Pen joue sur l'angoisse, évidemment, dans un pays, décrit-elle, où « pullulent les filières islamistes », où « les policiers sont victimes d'attaques et de guet-apens », où « les enseignants vont travailler la peur au ventre », où les villages les plus reculés redoutent d'être « submergés » par des hordes de réfugiés. « Vous êtes droguée aux faits divers ? » l'interroge Benoît Hamon, sarcastique. De son côté, le candidat LR, François Fillon qui traîne ses affaires depuis plusieurs semaines, a saisi l'occasion du débat d'hier pour se donner une stature présidentielle au-dessus de la mêlée. Contrairement à ses adversaires, lui a un « projet préparé de longue date » et « une majorité cohérente et stable ». Peu attaqué sur ses affaires, ni par les présentateurs, ni par les autres candidats, il évite les pièges en anticipant les questions sur la transparence. « Je créerai une commission pour faire des propositions en matière de transparence et de conflits d'intérêts », annonce-t-il avant que le sujet soit évoqué par les présentateurs. Benoît Hamon voulait marquer ses différences avec Jean-Luc Mélenchon, tous deux étant sur un segment proche. Sans réel succès, excepté sur un pan de la politique internationale et sur son revenu universel. Moins visible que le candidat de La France insoumise, il s'est vite frotté à Marine Le Pen : « Vous êtes droguée aux pages faits divers ». Côté immigration, l'ex-ministre veut favoriser l'intégration plutôt que « le commerce électoral des peuples ». Nouvelle pique contre la droite dure et l'extrême droite. Emmanuel Macron avait plusieurs pièges à éviter. Tout d'abord, son âge – il est le plus jeune des candidats à la présidentielle (40 ans à la fin de l'année) – et son inexpérience lors de tels débats. Allait-il se révéler trop tendre face à des « bretteurs » expérimentés comme Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ? Parfois mordant face à la candidate du FN – « Votre piège, c'est que vous divisez la société ! » – le candidat d'En Marche ! fut aussi bousculé par Benoît Hamon qui l'interrogeait sur les liens avec d'éventuels lobbies et par François Fillon et Marine Le Pen qui lui ont reproché de construire un programme « en prenant un peu ici et un peu là ». Source:ouest-france.fr