J'aimerai souligner les déclarations de Taoufik Rajhi ministre conseiller pour les questions économiques et les grandes reformes tout en insistant lourdement sur grandes réformes de Youssef Chahed. Mr Rajhi postule que la stratégie du Go & Stop est sinon une réussite du moins un succès il s'agit dit il d'une politique de relance maîtrisée respectant l'orthodoxie budgétaire : – Il attribue les 4% de croissance de 2012 et les 2.3% de 2013 à sa politique alors qu'il s'agit d'un effet de rattrapage des taux négatifs de 2011, de la hausse de consommation et de l'investissement de remplacement le tout en rapport avec les troubles de 2011. A titre d'exemple, si le Venezuela ou la Libye venait à se stabiliser demain, il y aurait mécaniquement un premier retour de la croissance qui serait l'oeuvre d'une hausse de la consommation, des investissements de remplacement et d'un retour a la production, En 2012 et en 2013, les tunisiens et l'Etat ont commencé à remplacer et à réparer les dégâts de 2011 de même que les hausses de salaires sont pour beaucoup dans cette croissance. – Il se félicite aussi de la baisse du chômage en 2012 ce dernier étant passé de 18% à 15% , là encore ces résultats sont attribuables à sa politique tout en omettant de signaler que cette baisse du chômage n'est nullement liée à une relance économique mais plutôt à des embauches massives et irresponsables dans le secteur public, ainsi et paradoxalement Mr Rajhi se félicite de l'origine de la baisse de la productivité dans l'administration publique et du fardeau de la masse salariale sur le budget de l'Etat – Mr Rajhi est semble-t-il fort attaché à la notion d'orthodoxie budgétaire chose risible pour l'inspirateur et l'architecte des politiques ayant provoqué l'explosion de l'endettement public, de dérapages massifs et répétés et d'avoir grevé les indicateurs économiques et financiers de la Tunisie sur le long terme mettant en péril la stabilité financière du pays. La notion de relance maitrisée n'est appropriée que pour certaines économies avancées ou émergentes ayant une dynamique économique profonde traversant des phases de ralentissement et qui doivent donc répondre à la problématique de la relance et de la maitrise de l'endettement. L'économie tunisienne n'est dans aucun de ces cas de figure et au moment ou Rajhi a élaboré cette politique la Tunisie ne présentait aucun signe de relance et ne laissait entrevoir aucune perspective positive. – Monsieur Rajhi a semble-t-il élaboré une politique économique qui se rapproche plus d'un slogan pour dentifrice que de la situation de la Tunisie et de son environnement géo-économique, en effet il a complètement fait l'impasse sur les besoins fondamentaux d'une économie en crise structurelle en fin de cycle et des conséquences du ralentissement économique de l'Union Européenne en particulier la France principal partenaire économique de la Tunisie. – Se pose enfin la question des compétences en matière économique de Mr Rajhi, des compétences qui au mieux seraient cosmétiques (approximatives) au pire biaisées. Il est effarant qu'un haut responsable ayant un tel niveau soit de surcroit le principal négociateur de l'Etat tunisien avec les bailleurs de fonds et les banques occidentales en charge des questions relatives à nos sorties sur les marchés financiers extérieurs Il est utile de rappeler que pour des résultats différents il faut des politiques différentes et donc des architectes différents nul ne peut nier que depuis 2012 la Tunisie a entamé une vraie descente aux abymes et les chiffres sont à ce juste titre plus que têtus, il est très certainement venus le moment pour dire à Mr Rajhi Stop & Go !!! Rym Mourali, Secrétaire générale du mouvement de l'indépendance tunisienne