Spectacle désolant que celui de tonnes et de tonnes de phosphate, extrait à la sueur et au sang des Hommes, des entrailles de la terre, traité, lavé, raffiné à coups de milliers de dinars, et, parfois, au risque de la vie de ceux qui le font, quand il s'agit de défier les protestataires et les grévistes... Il faut avoir connu le « Damous » et ses drames, comme il faut connaitre l'histoire de ce bassin minier, depuis l'époque coloniale, pour connaitre l'importance, non pas seulement, financière de ce minerai, mais aussi, symbolique et affective. Il faut avoir vécu les troubles du bassin minier à travers les temps, pour saisir la signification de cette poudre brune chez ceux dont elle a usé la santé et pourri le sang... Mais ne voilà-t-il pas qu'une poignée d'inconscients, d'insoucieux criminels, osent l'affront de la jeter au bord de la route, comme une vulgaire poubelle qu'on décharge au premier virage. La route entre Oum Laarayes et Gafsa est parsemée de monticules de minerai chèrement extraits aux entrailles de la terre, et criminellement déversés sur le sol. Des monticules représentant des tonnes et des tonnes de minerai, soit des milliers et des milliers de dinars, et des jours et des jours de dur labeur des mineurs. Une fortune jetée et abandonnée au soleil et au vent. Renseignement pris, il s'agirait de camionneurs indélicats chargés du transport de leur chère cargaison du bassin minier aux usines du groupe chimique à Gabes, et qui, à la faveur du premier pépin mécanique, n'hésitent pas à déverser le contenu de leur benne sur le bord de la route, prétextant la panne, et appelant la dépanneuse, pour les ramener chez eux, et encaisser leur paie pour un travail qu'ils n'auront jamais accompli. Jusqu'à quand ce « cartel » des compagnies de transport du phosphate par les camions va-t-il continuer à sévir, et à dilapider la fortune du pays ? Jusqu'à quand les autorités vont-elles continuer à faire la sourde oreille devant ce gaspillage ? Dieu seul le sait ! Et puis, du moment qu'on y est... Pourquoi ne pas mettre ce dossier brûlant sur la table, et réétudier, en profondeur, l'opportunité de faire appel à ces camionneurs, alors que la ligne ferroviaire construite pour la mine et le minerai, désespère de crier à tous ceux qui la croisent, qu'elle voudrait reprendre ses services et faire le travail pour lequel elle avait été créée ? En effet, il semble bien que le recours aux camions coute beaucoup plus cher que le transport du minerai par le rail, ceci sans tenir en compte les autres aléas comme ceux qu'on a abordé dans cet article ! ... A suivre...