Pressé qu'il est de faire « sauter » le chef du gouvernement, youssef Chahed, au point qu'il en a fait, avec ses « camarades » une affaire personnelle, Noureddine Taboubi n'a pas attendu les évènements, il a, à peine la dernière réunion des signataires du document de Carthage II achevée et avant que la prochaine, celle décisive de lundi, ne se tienne, couru à la rencontre du Cheikh Rached Ghannouchi, pour essayer de trouver avec lui, un terrain d'entente pour une sortie de la crise. Une crise créée par Ennahdha qui a pris au dépourvu tout le monde en insistant pour le maintien de Youssef Chahed à la tête du prochain gouvernement, ainsi certainement, qu'une partie de ses ministres, les nahdhaouis, notamment. C'est donc, piaffant d'impatience, que Noureddine Tabboubi se jeta, tête la première, dans ce qu'il croit être une opportunité de dialogue avec le dernier rempart derrière lequel se retranche désormais Youssef Chahed. Or, ce que semble, apparemment, ignorer Tabboubi c'est que cette manœuvre, nullement fortuite d'Ennahdha, n'est qu'un traquenard. Puisqu'elle n'a nullement l'intention de s'agripper à Youssef Chahed et qu'elle l'utilise juste comme monnaie d'échange, pour opérer un chantage et mettre la pression pour les prochaines tractations, notamment, celles de la constitution du prochain gouvernement. La question est de savoir si Noureddine tabboubi a suffisamment de savoir faire et de ruse politique pour pouvoir composer avec les loups d'Ennahdha. Rien de moins évident ! Ce qui en soi, va constituer un atout de plus dans les mains des islamistes d'Ennahdha qui auront vite compris que l'UGTT est prête à tout, pour éjecter Youssef Chahed. Selon leur vision, cela créera un sérieux virage dans les équilibres des forces politiques dans le pays. Car à ce train, il suffirait d'un petit sourire en coin du Cheikh, pour que Tabboubi tombe sous le charme et mette toute « la machine » de l'UGTT à la disposition et aux ordres de la confrérie. Une bonne opportunité pour un nouveau mariage de raison contre nature pour les nahdhaouis qui vont pouvoir mener le pays à leur guise, une fois qu'ils se seront assurés de l'allégeance de la toute puissante centrale syndicale. Toutefois, une question subsistera quand même et à la quelle Tabboubi devra essayer de trouver une réponse : Est-ce que le Cheikh et les siens seraient prêts à passer l'éponge et à pardonner à l'UGTT de les avoir éjectés du pouvoir, par le passé, avec leur satané sit-in du départ ? Entre temps, ceux qui se disent progressistes et porteurs du projet de Bourguiba, continuent de se livrer une guerre fratricide. De quoi faire se retourner dans sa tombe « Le zaïm » devant la bêtise de ceux qui prétendent relever son étendard.