Il semble bien, à entendre raisonner Noureddine Taboubi, le secrétaire général de l'UGTT, que cette organisation, ou, peut-être, ce secrétaire général, serait en passe de vouloir prendre, mine de rien, les rênes du pays, et s'imposer en vrai, et unique dirigeant suprême, en Tunisie. Par ailleurs, il faut concéder que la situation actuelle du pays, et les comportements des politiciens, ainsi que du gouvernement, font tout pour donner à l'UGTT, et à son secrétaire général, ces ambitions. En effet, entre les déboires des multiples gouvernements qui se sont succédés à la Place de la Kasbah, et la situation socioéconomique catastrophique du pays, et entre l'évidente incompétence des hommes du gouvernement à gérer les affaires du pays, et l'insouciance des hommes politiques qui n'ont d'autre objectif que d'arriver au pouvoir, et, surtout, y rester, et devant le dégoût de plus en plus prononcé du tunisien à tut ce cirque... et comme la nature a, toujours eu horreur du vide, l'UGTT aura vite compris l'opportunité de combler ce vide, et prendre la place qui lui est restée vacante, celle de diriger le pays. Et il semble que le Sieur Tabboubi se plait, énormément, dans ce rôle de faiseur et défaiseur de gouvernements. Il a, en effet, fait de sorte de se mettre en évidence comme seul soutien social, à défaut de politique, de Youssef Chahed, quand celui-ci a été lâché par tous les politiciens, prenant sa défense, et le soutenant dans les plus rudes épreuves, moyennant, bien évidemment, quelques renvoi d'ascenseurs, comme il se doit dans de telles situations. Et maintenant que Chahed et définitivement isolé, et n'a plus que l'UGTT pour l'appuyer, ne le voilà-t-il pas qu'il déclare que « rien ne va plus, et qu'il va falloir, sérieusement, penser à changer d'équipe, et abandonner cette formations de loosers ». Ces déclarations n'étant pas tombées dans les oreilles d'un sourd, elles ont, immédiatement, été chevauchées par les surfeurs de toutes parts, pour s'attaquer à l'UGTT, et à ses folles ambitions de vouloir gouverner. Reparti à l'offensive, Tabboubi a répliqué à ses détracteurs, ce soir, par le biais d'une radio privée, pour nier toute envie de régner de la part de l'UGTT, expliquant qu'il n'a jamais exigé la Kasbah, ni, encore moins, le Palais de Carthage, et qu'il se contente de faire un amer constat d'échec de l'équipe du gouvernement, et appelle à en éjecter quelques noms. Et dans ce registre, Tabboubi a tenu à innocenter Chahed de cette catastrophe, en assurant que la faute incombait aux partis politiques qui avaient exigé la nomination de tel ou tel incompétent, dans tel ou tel département. Du coup, les intentions de l'UGTT deviennent claires comme l'eau de roche. D'abord, il devient évident qu'ils ont appris beaucoup de leçons d'Ennahdha. Ils ont, ainsi, appris les avantage de diriger de derrière les fausses vitrines, comme le fait si bien Ennahdha, comme ils avaient, auparavant, appris le luxe du double et triple langage, se basant sur la multiplicité des structures eu sein d'une seule formation. Et, par ailleurs, il semblerait que le choix de l'UGTT sur leur prochain porte-étendard se soit, apparemment, fixé sur le jeune Chahed, pour l'utiliser comme prête nom, quand ils prendront complètement les choses en main. Ils feront de sorte de lui fournir une confortable base de soutien, alors qu'il leurs fournirait, lui, la légitimité et la reconnaissance à l'internationale. Entretemps, et encore une fois, le tunisien devra se rendre à l'évidence que les discours sonnants et les slogans trébuchants ne sont nullement jetés pour revendiquer les droits du citoyen, mais, encore une fois, pour s'approprier des intérêts personnels, pour certains.