« Un million de Français qui fumaient chaque jour ont arrêté en l'espace d'un an », a déclaré, lundi 28 mai, la ministre française de la Santé, Agnès Buzyn, lors d'une séance d'information sur la politique de lutte contre le tabagisme. Avec près d'un million de fumeurs quotidiens au moins entre 2016 et 2017, la consommation de tabac en France enregistre une baisse d'une ampleur inédite depuis une dizaine d'années. Selon les résultats de l'enquête réalisée par le baromètre annuel de l'agence Santé publique entre janvier et juillet 2017 auprès d'un échantillon représentatif de 25 319 personnes, âgées de 18 à 75 ans, le nombre de fumeurs quotidiens serait passé de 13,2 millions en 2016 à 12,2 millions en 2017. Il semble que l'accumulation des mesures antitabac opérée par le gouvernement français commence à porter ses fruits. Parmi les nouvelles mesures réglementaires qui ont le plus contribué à la baisse significative du nombre de fumeurs, la plus importante est sans aucun doute la hausse des prix du tabac. Dans son allocution du 28 mai, la ministre française de la Santé a précisé que « l'objectif [était] de porter le prix du paquet de cigarettes à 10 euros d'ici à novembre 2020, par le biais de plusieurs augmentations successives ». Au premier trimestre 2018, les ventes de tabac avaient chuté de 9,1% en un an. Et en mars, juste après la hausse d'un euro du prix du paquet de cigarettes, les ventes avaient reculé de près de 20%. Selon le directeur général de la santé publique en France, François Bourdillon, « l'intensification des mesures réglementaires et de prévention » menées dans le cadre du Programme national de réduction du tabagisme élaboré en 2014, expliquerait cette forte diminution. Parmi les plus emblématiques, citons le quasi-doublement de la taille des avertissements sanitaires sur les paquets, l'apparition du paquet neutre (même couleur olivâtre pour toutes les marques depuis le 1er janvier 2017), l'interdiction des arômes, ainsi que la meilleure prise en charge du forfait de remboursement des traitements antitabac (patchs, gommes, pastilles, inhalateurs, etc.) datant du 1er novembre 2016 à hauteur de 150 euros par an pour tous les fumeurs (contre 50 euros auparavant). Toutefois, d'après le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), « la fréquence du tabagisme en France reste nettement plus élevée que dans les pays voisins : l'Allemagne compte environ un quart de fumeurs, comme l'Espagne, la Belgique et les Pays-Bas ; l'Italie et la Grande-Bretagne en comptent environ un cinquième ». En Tunisie, le nombre de fumeurs s'élèverait à 2 millions de personnes, âgés de 10 à 70 ans. D'après un recensement relatif à la santé des Tunisiens paru en 2016, « le tabagisme cause entre 30 à 40 décès par jour » et figure parmi « les quatre premières causes de décès dans le pays : maladies cardiovasculaires (29.1%), cancer (16.8%), maladies endocriniennes (9.9%) et maladies respiratoires (9.7%) ». En 2013, la Tunisie était considérée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme le pays arabe le plus consommateur de tabac avec une population tabagique qui touche 35% de la population.