Watfa Belaid, dirigeante au parti Machrou Tounes, a commenté dans une déclaration faite mercredi, 18 juillet 2018, à Tunisienumérique cette crise complexe pour le leadership que traverse la Tunisie, assurant que c'est une situation politique suffocante qui s'ajoute aux crises économique et sociale. Pour elle, il n'est possible de démêler les deux crises, qu'en résolvant la première qui semble dominée par des intérêts politiques étroits dont le but est de remporter les élections de 2019. C'est ce conflit commencé prématurément qui a causé la nécrose de toutes les institutions de l'Etat, selon son expression. Madame Belaid a ajouté que le Parti Machrou Tounes avait pris, depuis janvier 2018, une position claire concernant le document de Carthage en décidant de s'en retirer, jugeant que la neutralité des principes établis au départ était compromise. Son parti a exigé alors un remaniement ministériel incluant le départ du chef du gouvernement et appelant à instaurer un Gouvernement de Salut national qui ne serait pas intéressé par les prochaines élections présidentielles. Néanmoins, quelques partis politiques ont préféré que ces modifications aient lieu après les élections municipales de 2018, ce qui a compliqué davantage une situation déjà embrouillée et "nous a mené où nous sommes aujourd'hui à tous les niveaux". Cette situation, alimentée par les conflits politiques actuels, empêche la progression du travail du Premier ministre et des responsables gouvernementaux, selon ses dires. Elle a aussi rappelé que le Gouvernement de Youssef Chahed jouissait au début d'un solide soutien politique, perdu depuis. Seul le parti Ennahdha qui prétend défendre la stabilité continue de soutenir Chahed qui est de fait en état de faiblesse. Pour ses propres desseins, Ennahdha veut en fait maintenir sous sa poigne Youssef Chahed dans une manœuvre visant peut-être à négocier certains dossiers et à choisir seul un nouveau chef de Gouvernement à la place de l'actuel, d'après madame Belaid La responsable au parti Machrou Tounes a demandé au Mouvement Ennahdha d'assumer la responsabilité des erreurs de l'actuel Premier ministre, étant le parti politique le plus en vue, qui l'a soutenu contre vents et marrées. Quant à la déclaration du Président de la République, Beji Caïed Essebsi, dans son interview diffusée par Nessma TV et où il a demandé publiquement au chef du gouvernement soit de démissionner soit d'aller devant Parlement, Madame Belaid a précisé que l'alternative proposée ne mentionne pas une troisième solution stipulée par le chapitre 99 de la Constitution, qui prévoit que le président de la République peut s'adresser lui-même au Parlement et demander le retrait de la confiance du Gouvernement de Youssef Chahed. Ce qui constitue une manière de se dérober devant sa responsabilité, à son avis. Watfa Belaid a exhorté le chef du gouvernement à être courageux et à aller devant le Parlement pour présenter sa démission et avoir ainsi le droit de poser sa candidature aux élections présidentielles de 2019.