Comme il a été annoncé, le président de la République, Béji Caïed Essebsi, va accorder un entretien télédiffusé en direct, ce lundi, à l'animatrice d'Al Hiwar Attounissi, Mariem Belkadhi. Même les sujets de l'entretien ont commencé à être objet à spéculation et chacun y va de sa thèse. S'il est acquis que la situation socio-économique et la crise politique du pays sera, très certainement, à l'ordre du jour de cet entretien, il demeure peu probable que le président fasse des déclarations ou des propositions pour restructurer le parti Nidaa Tounes, voulant s'en tenir à son positionnement « à égale distance de toutes les formations politiques du pays ». Il saura, à sa manière, esquiver les questions que ne manquera, certainement, pas de lui poser Mariem Belkadhi, à ce sujet, surtout, concernant une éventuelle mise à l'écart de Hafedh Caïed Essebsi de la direction du parti. Mais ce qui est intéressant dans cet entretien, bien plus que son contenu, qui semble connu d'avance, c'est, plutôt, son timing. En effet, pourquoi BCE a-t-il voulu parler et donner ses opinions devant les tunisiens, en ce moment ? D'après certains observateurs, il voudrait rejeter les accusations qui fusent de partout, le mettant en cause dans la crise actuelle du pays. Il va répéter, devant tout le monde, que vu les indicateurs économiques et sociaux du pays, qui sont tous au rouge, il ne faisait plus aucun doute que le gouvernement de Youssef Chahed a failli à sa mission. Il rappellera, certainement, aussi, ses multiples tentatives de faire évoluer les choses avec les discussions du document de Carthage II. Il laissera tout le monde deviner que ce n'est nullement lui qui est en cause de cette situation catastrophique, mais bien Youssef Chahed, dont il va se démarquer, car bien qu'il ait été à l'origine de sa désignation, personne ne pourra nier qu'il aura tout fait pour le remplacer, quand il a failli à sa mission. Il rappellera, par la même occasion, que si tous ses efforts, pour réparer les choses, n'ont pas abouti, tout le monde sait quel est le parti qui s'y est opposé dans le cadre du document de Carthage II. Du coup, il laissera entendre que contrairement à ce que certains se plaisent à prétendre, il est loin d'être la cause de cette situation, mais bien Youssef Chahed, et il insinuera que ce dernier est, désormais, l'Homme d'Ennahdha. Concernant son recours à l'ARP, pour demander un renouvellement de confiance au gouvernement, c'est sûr qu'il sera hésitant, vu les chances de votes qui pourraient être en la défaveur de son initiative, ce qui n'était pas le cas au mois de mai, quand il aurait, peut-être dû le faire. Mais, il n'empêche que BCE serait capable de franchir le pas et de recourir à l'ARP, rien que pour montrer qu'il aura tout tenté pour sortir de la crise. Crise dont il aura mesuré la gravité et étudié les éventuelles solutions, en rencontrant plusieurs experts en Finances. Donc, en deux mots, il dira, en d'autres termes, dignes de son art de la diplomatie, « que ceux qui cherchent un coupable, regardent du côté de Youssef Chahed et de son « nouveau parti », Ennahdha » !