Comme Tunisie Numérique l' avait annoncé le vendredi 24 juin, les bouchers se sont rassemblés samedi matin devant le siège du ministère du Commerce. Venus des gouvernorats du grand Tunis et de Bizerte, les membres du Syndicat des bouchers tunisiens ont exposé leurs plaintes relatives à la désorganisation du secteur de la viande rouge et à la surenchère des prix de la viande. Les bouchers accusent notamment, la société Ellouhoum de les empêcher d'accéder aux abattoirs, et demandent au ministère de tutelle de renoncer à la vente de viande au détail. Ils demandent à être reçus par le ministre pour discuter de leurs problèmes et ce, avant le mois de Ramadan, qui marque un pic de consommation des viandes. Seule maître à bord, “Ellouhoum”, contrôlera tout : les prix, les circuits d'approvisionnement et de ventes ! En effet, comme nous l'avons déjà publié, la société Ellouhoum envisage d'ouvrir de nouveaux points de vente au détail qui afficheront des prix ménageant le pouvoir d'achat des consommateurs. Voilà donc le retour en force dans le secteur de la société Elloumoum (après une quasi-faillite suite à la révolution tunisienne du 14 janvier 2011) . Une perspective qui semble répondre, dit-on, à la volonté du gouvernement tunisien de moderniser en profondeur les méthodes d'abattage dans le pays pour être au niveau exigé, en termes de normes sanitaires et de capacités. De ce fait, la société Ellouhoum ambitionne de jouer le rôle d'un technopôle dans la production et la commercialisation des viandes en Tunisie. Le ministre du commerce a indiqué, le 13 avril dernier, que des quantités de viandes rouges congelées seront importées par la société « Ellouhoum » en prévision du mois de Ramadan, pour s'ajouter à la production locale. Les bouchers travailleurs indépendants se trouvent actuellement dans une situation qui s'est dégradée face au monopole imposé sur l'approvisionnement des viandes rouges et aux différentes charges et taxes. La société “Ellouhoum”, se chargerait de l'opération d'importation et du stockage du produit. Vente au détail ou à titre privé, le client tunisien, toujours victime « A force de ne plus consommer de viandes on deviendra des végétariens ! » s'exclame un passant. La viande en Tunisie devient de plus en plus chère depuis une dizaine d'années. Les achats de viandes rouges ont baissé également compte tenu de la diminution du pouvoir d'achat des tunisiens. La filière des viandes rouges ” En Tunisie, la filière des viandes rouges englobe les viandes des espèces bovines, ovines, caprines et accessoirement camélines et équines. Elle représente plus de 16% du produit brut et concernerait plus de 300 000 personnes intervenant au niveau des différents maillons de cette filière”, d'après la société Ellouhoum. La filière des viandes rouges constitue une branche d'activité très diversifiée occupant une place de première importance dans l'économie agricole et agro-alimentaire en Tunisie. Comme ailleurs, elle recouvre un ensemble de maillons allant de la production à la consommation. Jusqu'à une date récente, seule la filière “lait et produits dérivés” a retenu l'attention des pouvoirs publics et des opérateurs privés. Mais, depuis peu, l' intérêt de l'Etat a commencé à se manifester pour la filière des viandes compte tenu des enjeux socio-économiques à l'échelle nationale d'une part et de l'évolution du secteur des viandes rouges à l'échelle internationale d'autre part. Avec une production ovine et bovine de 100 000 tonnes par an, la Tunisie atteindra une situation d'autosuffisance prochainement. Dans ce contexte, la société publique Ellouhoum se chargerait de l'importation de quantités s'élèvant à 400 tonnes, de la revente et de la fixation des prix au niveau de la distribution. Toutefois, une question se pose : le client tunisien, longtemps accablé par la cherté de la viande rouge, est il vraiment le centre d'intérêt des pouvoirs publics ou des bouchers indépendants?