C'est avec un large sourire que les membres de la famille Gabsi nous ont accueillis sur leur terrain situé à Hammamet, l'un des hauts lieux de l'industrie touristique , situé sur la côte sud-est du cap Bon, à une soixantaine de kilomètres au sud de Tunis. Les héritiers de ce terrain sont aujourd'hui au nombre de 64. Mohammed, Salim et Sofiane Gabsi étaient sur les lieux pour verrouiller l'accès à leur terrain surmonté par les ruines d'un luxueux château que Sofiane Ben Ali et Hedi Jilani ont construit récemment. De nombreux tunisiens ont certainement vu le reportage de la Télévision Tunisienne Nationale (ex Tunisie 7), quelques jours après la fuite de Ben Ali, montrant cette propriétés de la famille Ben Ali au bord de la mer à Hammamet, qui a été incendiée et quasiment détruite après avoir été pillée. Mais le reportage n'a pas évoqué un autre aspect de cet évènement. L'histoire tragique de la famille Gabsi se cache sous le palais de verre de Sofiane Ben Ali et Hedi Jilani, deux prédateurs de la dictature du 7 novembre. Selon Mohammed Gabsi, le début de l'histoire remonte à l'année 1967, lorsque le Conseil du gouvernorat de Nabeul a pris possession du terrain sans aucune contre-partie dans le but de réaliser un projet touristique étatique. Il s'est avéré par la suite que Bourguiba premier Président tunisien a offert ce terrain à un producteur et cinéaste américain Steve Parker. La famille Gabsi a réagi en portant plainte auprès de la justice tunisienne. L'affaire est restée en suspens jusqu'à 1992, date de l'annonce du verdict en faveur de la famille Gabsi. Avec l'avènement du régime de Ben Ali, les autorités tunisiennes ont dans un premier temps enregistré le terrain au nom de “Steve Parker”, le cinéaste américain, comme étant la propriété d'un étranger. Dans un deuxième temps, ce statut a facilité son rachat respectivement par Belhassen Trabelsi puis par Sofiene Ben Ali et Hedi Jilani. Ce scénario machiavélique a été révélé par la famille Gabsi qui a présenté des documents montrant des falsifications évidentes relatives à l'identité du propriétaire américain. Ses signatures étaient légalisées démontrant ainsi sa présence en Tunisie. Mais selon une attestation fournie par le Ministère des affaires étrangères, Steve Parker n'était pas présent en Tunisie à l'époque de l'enregistrement des contrats ! Mohammed Gabsi nous a montré d'autres documents prouvant la falsification. Selon eux, Steve Parker est né en deux endroits différents : Los Angeles et Berne. De plus les documents montrent des modifications au niveau du nom de la personne : Steve Parker devient William Parker. L'enregistrement de ce terrain a pris seulement 24 heures ce qui montre une étroite coordination entre les services fonciers des gouvernorats de Nabeul et de Tunis pour accélérer la conclusion de cette affaire. Après l'acquisition du terrain, les membres de la famille Ben Ali l'ont revendu entre eux plusieurs fois pour commencer en 2006 la construction d'un véritable palais avec une architecture et des équipements très sophistiqués ( un palais en verre avec des jardins d'hiver, des réseaux de caméras de surveillance et d'Internet, une installation de chauffage central évaluée à elle seule à 1 million de dinars…) . Sofiane Gabsi a indiqué que le palais récemment construit n'a jamais été habité. Le terrain de 12.000 mètres carrés vaut aujourd'hui une fortune étant donné que le mètre carré à cet endroit vaut au moins 3 mille dinars tunisien. Mais la simple restitution de leurs biens pourra-t-elle remplacer les années de peur et de souffrance qu'ont subit les membres de la famille Gabsi ? Pourra t-elle faire oublier à certains membres de la famille Gabsi les années de prison qu'ils ont vécu uniquement parce qu'ils ont voulu faire appliquer la décision en 1992 du tribunal en leur faveur ? Suite à la chute du régime Ben Ali, la famille Gabsi semble aujourd'hui très optimiste , vivant avec l'espoir de recouvrer ses droits dans les plus brefs délais... Découvrez dans notre reportage vidéo d'autres détails et d'autres révélations scandaleuses sur l'injustice subie par cette famille : partie1: