Lettre au Président de la République Monsieur le Président, Une nouvelle République qui se fait en catimini, ce n'est pas vous. L'homme juste et droit que vous êtes ne peut le tolérer. Sur fond de marasme économique et social sans précédent, une commission s'active à l'ombre de Carthage dont nul ne connait ni les membres ni 'Le Projet'. Et vous n'êtes pas sans le savoir. La 3ème République est en gestation, nous dit-on. La politique du fait accompli. La politique du fait accompli, de l'autruche et du déni de la réalité vous ont jusque-là réussi. Vous avez bénéficié et bénéficiez encore sans peut-être même le savoir vous-même de la conjonction de deux réalités : une classe politique déstructurée et décomposée, et une société carrément en perte de repères sur fond d'un marasme économique et social sans précédent. C'est du reste cette même conjonction qui , ne l'oublions pas, a poussé les Tunisiens fort contrariés à vous porter au pouvoir, faute de mieux, un peu par défaut. Avoir à choisir entre un truand patenté et un juste, les Tunisiens avaient fini par trancher. Deux ans plus tard, le marasme est toujours là et en pis. L'intermède du 25 juillet 2021a été brève. L'espoir alors ressuscité a très vite cédé la place au grand désenchantement. Le marasme continue et l'aveuglement avec. On nous parle aujourd'hui d'un projet d'une nouvelle République. Un projet dont nul ne sait à vrai dire le contenu. Tout ce qu'on sait est qu'une commission s'active et se penche à l'ombre du château sur d'une nouvelle Constitution pour le pays. A l'abri des indiscrétions, . une nouvelle République se fait en catimini. Sous la houlette d'une commission de juristes dont les seuls membres jusque-là connus ne sont autres que le doyen Sadok Belaid et tout naturellement Vous-même. Dans votre immense magnanimité, vous tendez la main à tous les patriotes qui ont manifesté leur adhésion à l'Acte du 25 juillet. Le mot d'ordre : exclure du processus de construction constitutionnel tous ceux qui ont contribué à la ruine du pays au cours des onze dernières années, les islamistes et leurs satellites bien sûr mais aussi les partis dits progressistes ( troïka et autres) qui ont été de toutes les compromissions. Deux questions méritent dès lors réponse : 1. Qui des forces vives du pays aura la bénédiction du président pour pouvoir apporter sa contribution dans le processus d'édification de la nouvelle République ? 2. De quelle manière et à quel niveau les patriotes concernés pourraient-ils y contribuer ? Personne ne doute de votre sincérité ni de votre ultime souci du bien commun, nous avons toutefois quelques craintes au sujet de la nouvelle République que vous entendez construire. Car même si vous vous proclamez être l' homme le plus intéressé par le service de la nation, vous ne pouvez pas occulter le fait que la République que vous voulez construire est la foncièrement et exclusivement la vôtre. Et qu'elle exclut du monde ...aussi imparfait ce monde soit-il. Vouloir construire une République, oui. Absolument oui mais il vous faudra en garantir au préalable les conditions de succès. Sommes nous aujourd'hui dans ces conditions? Non de toute évidence. L'obstination de vos détracteurs, de plus en plus nombreux , la dégradation de votre capital confiance au sein même de vos troupes et une perte quasi-totale du terrain international. L'Occident qui met son nez chaque jour dans les affaires de la Tunisie ne vous est pas favorable. Enfin, les conditions économiques catastrophiques triompheront de votre Projet d'une nouvelle République. Nous attendons à cet égard de vous un retour à la réalité. Et espérons vivement de vous un réel sursaut. Un grand retour à la réalité et à l'esprit de l'Acte majeur du 25 juillet. Jawhar Chatty Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!