Une conférence scientifique organisée, samedi, par le mouvement “Ettajdid”, à Tunis, a évoqué différentes questions portant sur le devenir du paysage poltique dans le pays mettant l'accent sur les propositions avancées par différentes parties en vue de préparer la transition démocratique. Les particpants ont souligné, en particulier, les innovations qui pourraient concerner le système électoral évoquant notamment la possibilité de remplacer la carte d'électeur par la carte d'identité nationale, lors des prochaines élections Lors du débat, M. Yadh Ben Achour, président de la commission de la réforme politique et de la transition démocratique a appelé tous les tunisiens à apporter leur contribution en vue de la consécration des fondements d'une nouvelle étape, fondée sur la démocratie, conformément aux objectifs de la révolution tunisienne et dans le respect des sacrifices consentis par les martyrs. M. Ben Achour a fait observer, que contrairement aux affirmations de certaines parties, la commission de réforme politique a été constituée après la révolution du 14 janvier. Il a indiqué, à ce propos, que cette commission a pour mission de réviser le système juridique qui a permis à l'ancien régime d'opprimer le peuple et de le manipuler durant plus de deux décennies. Cette commission, a-t-il dit constitue un point de passage obligé permettant de transiter d'un régime totalitaire à un régime démocratique. Il a relevé que les manœuvres frauduleuses et mensongères étaient un moyen de gouvernement de l'ancien régime, notamment au plan juridique. La Constitution, a-t-il précisé, est devenue une instrument de manipulation entre les mains du pouvoir ajoutant que la révolution a permis de rompre avec ce passé sombre. Il a appelé l'ensemble des tunisiens à s'impliquer davantage dans l'édification de l'avenir auquel aspirent tous les tunisiens et tunisiennes ainsi que les partis politiques et les organisations sur la base de l'honnêteté, de la transparence et de la participation. Pour ce qui est de l'avenir politique du pays et des attentes du peuple s'agissant de la la nature du nouveau régime politique, qu'il soit présidentiel ou parlementaire, le pr Ben Achour a indiqué, qu'il est primordial aujourd'hui d'instaurer un régime démocratique effectif dans lequel les partis, les sensibilités politiques et les composantes de la société civile assument un rôle essentiel en vue d'instaurer un climat de consensus national. L'opinion publique semble opter, a-t-il précisé, pour un régime parlementaire et une Assemblée constituante chargée d'élaborer une nouvelle constitution. Il a ajouté que la commission de la réforme politique veillera à répondre aux attentes du peuple. Le conférencier a exhorté les partis et les composantes de la société civile à ne pas être intransigeant quant aux moyens permettant d'instaurer la démocratie dans le pays, ajoutant que “certains pays voisins complotent contre la révolution tunisienne et souhaitent son échec d'autant plus que cette révolution s'est propagée dans plusieurs autres pays, encourageant les peuples à prendre leur destin en main”. Concernant les propositions avancées par la sous-commission des élections issue de la commission nationale pour la réforme politique et la transition démocratique, M.Farhat Horchani, Président de la commission, a souligné, que la démocratie souhaitée en Tunisie n'a pas encore abouti, précisant que la commission s'oriente vers la proposition de la constitution d'une Assemblée nationale constituante conformément à un système électoral qui sera précisé ultérieurement. Il a aussi évoqué la possibilité de remplacer la carte d'électeur par la carte d'identité nationale lors des prochaines élections. Pour sa part, l'analyste politique Hamadi Rdissi, a précisé que la révolution tunisienne a des spécificités qui la distinguent des autres révolutions, accueillant favorablement la mise en place d'un conseil de la révolution pour empêcher toutes déviations possibles et rompre définitivement avec l'ancien régime. De son coté, M. Paul Allies, président de la convention française pour la 6ème République a indiqué que les français ont fait part de leur admiration de la révolution tunisienne relevant qu'il existe plusieurs similitudes entre la constitution tunisienne de juin 1959 et la constitution française de la cinquième république. Les deux textes, a-t-il dit, favorisent les déviations et les dépassements des pouvoirs constitutionnels des chefs d'Etats. Il a indiqué que cette situation a été à l'origine de la création de la convention française pour la 6ème République visant à instaurer un nouveau régime fondé sur le respect de la loi. Il a, par ailleurs, ajouté que les démocraties traditionnelles souffrent, pour leur part, des déviations constitutionnelles, une situation qui a poussé leurs élites à oeuvrer en vue de mettre en place un régime parlementaire qui limite les prérogatives constitutionnelles des Chefs d'Etat et fait assumer aux chefs de gouvernements leurs pleines responsabilités devant le peuple.